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MÉMOIRES de la Société d'Émulation
DU JURA.
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MEMOIRES
SOCIÈTÉ D'ÉMULATION
DU JURA
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ONZIÈME SÉRIE
QUATRIÈME VOLUME
1926
LONS-LE-SAUNIER
IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE LUCIEN LECLUME
1926
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SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DU JURA
Procès-Verbaux des Séances. Séance du 30 avril 19925.
Présent : MM. Monor, Président, Colonel BaiLzë. de CHaALAIN, Davizré, DecLume, Fumey, KR. GEnoun,
_ GEYER, JousseranporT, LacnicHe, Lamy, LEpeuiz, de . Lescaaux, Moreau, ParRÉ, Mme TROUILLOT etH. CaRREz, _ Secrétaire.
Absent eXCUSÉ : M. l’abbé Perron.
MM. Monor et CaRRez présentent M. Louis Jacquer,
Commandant d'artillerie en retraite au titre de membre
résident. M. Davizré donne un compte-rendu du récent
Dictionnaire topographique de là Côte d'Or et fait
ensuite une communication sur l’hiver de 1709 à Lons- le-Saunier, Conliège, St-Maur, d’après des documents
contemporains des évènements. M. le Président analyse Tœuvre posthume d’Aur-Roë (pseudonyme littéraire du
Colonel Patrice Manon) : Berthe Vauclin. Ce roman,
au même titre que le roman Monsieur Pierre, mérite-de
recevoir l'estime de ce que l’on appelait autrefois les
“honnêtes gens. Cependant on pourraît faire quelques réserves sur le caractère d’Aristide Flambart, “un des
princi} paux personnages.
— ]I —
Séance du 28 mai 1925.
RE
Présents : MM. Monor, Président, Guicnarp, Vice- Président, le Colonel Barzze, de CHALAIN, DAviLLé, Deczue, Fumey, GENEvAUx, R. GENOUD, GEYER, JACQUET, JOUSSERANDOT, LomBarD, Moreau, PATHÉ, Abbé Perron, Maurice Prosr, Mme TrouiLror et CARREz, Secrétaire.
Absents excusés : MM. de Lescaaux et Lepeuir.
M. Louis Jacquer est admis à l’unanimité. La société archéologique de Sens sera désormais placée à nouveau au nombre des Sociétés correspondantes de la Société d’Emulation, tout comme la. Société d'Agriculture et Arts de Lille et la Société Archéologique de l’Orléanais.
Sur la proposition de M. Mowor, Président, une sub-
vention de 20 francs est accordée par la Société d’Emu- lation au Comité de Bourg qui doit ériger une plaque commémorative à la mémoire de Thomas Risoup. Ce représentant du peuple sauva par deux fois, en 1790 et en 1793, l’église de Brou de la destruction.
M. Fumey donne ensuite une communication sur le registre terrier de Montmorot de 1456 dont il possède une copie du xvin° siècle. Il se trouve dans cet intéres- sant document une description du château, quelques détails sur la saline et surtout des précisions sur la con- dition des terres et des personnes. |
M. l'Abbé Perron parle d’un ouvrage de Lemonrey, ouvrage qui a pour titre : {rons-nous à Paris ou La
famille du Jura, paru en 1804. L'auteur, un lyonnais, a .
laissé une peinture assez mordante d’une famille du Jura en route pour Paris où elle veut assister au sacre de Napoléon 1° ; puis M. Monor donne un compte-rendu sur : Jean de Wattevile, de MM. Pierre et Paul Dupin,
| tir Mme Trovizror et M. Monor présente ensuite M.
CHABAL, ancien caissier de la Banque de France en retraite, résidant à à Lons-le-Saunier,
Séance du 25 juin 1925.
ere
Présents : MM. Monor, Président, GuicHarn, Vice- Président, Mme Boussey, de CHazain, DecLUME, FUME Y, Gexevaux, R. GenouD, GEYER, GIRARDOT, JOUSSERANDOT, Lacnicne, Lawy, de Lescnaux, Mongau, Parmé, Abbé Perron. :
Absents excusés : MM. Daviccé, Lepeuiz et LomBarp.
M. CaaBar est élu à l’unanimité. MM. lAbbé Perron et Parné présentent le Docteur THomas, de Lons:-le- Saunier. MM. Moxor et l’Abbé Perron présentent ensuite M. Jacquer, professeur honoraire de l’Université à St. Omer, aujourd'hui, en retraite à Salins. M. le Président salue le retour de M. GrRanpor qui relève de maladie. La date du Congrès de l'Association Franc-Comtoise se trouve définitivement fixée et le lieu de réunion sera Besançon.
M. R. Genoup donne lecture d’une communication sur les origines comtoises de Lamartine. M. CarREz ajoute quelques remarques nouvelles sur le parler local du Haut-Jura. Puis M. Moxor communique un article du chanoine Bourgeat sur : Quelques témoins du passé du Jura, et fait part à la Société du décès de M. Lauren Viserr, jadis professeur au Lycée de Lons, auteur d’un artic'e sur la ferronnerie ancienne lédonienne parue dans le Vieux Lons.
Séance du 15 octobre 1925.
ce ———
Présents : MM. Monor, Président, Cuasar, de Cna- LAIN, Davié, Dunem, R. Genoup, Girarpor, Comman- dant Jacquer Lepeurr, Moreau,ParHÉ, Prosr, CARREZ, Secrétaire. |
Absent excusé : M. Fumer.
L'annonce du décès du Docteur Maexnn est portée à . la connaissance de l’Assemblée. Sont admis à titre de : membre résident, à Lons : M. le Docteur Taomas ; à Salins, M. Jacquer.
M. VuIcraAunE, secrétaire du Syndicat le Jura Fran- cais, sollicitant une subvention, la somme e 50 fr. lui est allouée par la Société.
Le maire de la commune de la Chätelaine et son Conseil ayant consulté la Société sur l’opportunité de la création d’une halte à Paransot, proche de la Châte- laine et d'Ivory, à cause de la proximité des ruines his- toriques du château, M. Moreau fait remarquer que l'utilité de cette station n'est point très grande, en rai- son de l'existence toute proche des gares d’Arbois et de bi
Séance du 12 novembre 19925.
Présents MM. Moxor, Président, Abbé Amior, Mme Boussey, CnaBaz, de CHALAIN, Davizcé, DEcLUME, Dune, GENEvAÜx, R. Genoup, Girarpor, Commandant Jacouer,JoussERANDOT, LAGHIcHE, de LescHaux, Moreau, Paraé, Abbé Perron, RicouLer, Carrez, Secrétaire,
Ed
— V ——
M, Xavier Brun a adressé à la Société d’Emulation _ une monographie sur le village de Nantey, proche de _St-Amour. M. Jean Cox, ancien élève de l'Ecole fran- çaise de Rome, devant faire une conférence sur les Villes d’Or du Maroc, s’était adressé à la Société d’Emulation pour le patronner. M. le Président étudiera plus tard cette question. M. Fiscxer a fait hommage à la Société ” d’un ouvrage récent publié par lui sur les « Rosset » sculpteurs San-Claudiens. M. Jules LEBRUN, maire, a fait. don à la Société d’une collection de Mémoires provenant de son frère, M. Louis LeBrun. La parole est ensuite donnée à M. C. Davicé pour lire un travail sur deux artistes comiois : Claude-François CroLoT, peintre du xvu° siècle, originaire de Pontarlier, qui travail- lait en 1691 à Courbouzon, enfin Claude IT Gazzor a . comméncé en 1722-1723 un retable destiné à l’église de … PEtoile pour la confrérie du Mont-Carmel. Le modèle de ce retable devait avoir été sculpté au xvir° siècle et existe encore dans l’église de Conliège. M. Dune résume d'après les archives communales de Morez la Grande Peur dans le Haut-Jura en 1789, appuyant son _-article sur les études de Taine et de Sorel. M. le Prési- dent annonce ensuite le décès de M. Guicxan», curé de Dole. M. Monor donne lecture de passages de l’ouvrage de LAURENT ViBerT récemment décédé : Ce que j'ai vu en Orient.
Séance du 10 décembre 1925.
Présents MM. Moxnor, Président, Colonel Baie, : Bey, CnaBaz, de CHALAIN, Davizzé, Fume, GENEvAUx, R. Genoup, Grrarpot, Commandant Jacquer, V. Giro», JOUSSERANDOT, LACHICHE, Lepeurz, de LescHAux, A. Lérorey, LompBarn, Moreau, Paré, Abbé Perron, Mau- rice Prost. Docteur THomwas et CARREz, Secrétaire,
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M. Léon Laoy, publiciste à Paris, demande sa radia” tion de la liste des sociétaires, tandis que M. Julien Rocue demande au contraire sa réintégration. M. E. Loncin a transmis à la Société une Note rectificative à propos de Béatrix de Cusance. M. le Capitaine Gxano a envoyé des récits marocains dont M. Moxor présente des extraits. M. l’Abbé Perron lit une biographie du Salinois Etienne Parouizcer qui sortit de la compagnie * de Jésus et fut un des Négociateurs de la Paix d’Aix-la- Chapelle (1660. Il prononça comme doyen de Dole l’oraison funèbre de Marie-Thérèse, femme de Louis XIV. M. Moxor s’excuse de ne pouvoir donner lecture d’un travail sur St-Etienne-de-Coldres et son camp
romain d’après un manuscrit du xvin° siècle Quant à M. Corn, il devra faire sa conférence sur les Villes d’Or du Maroc, sou: le double patronage de la Société d’Emulation et de la Fédération Lédonienne.
Le bureau est ensuite renouvelé, le nouveau Pré- sident est M. l’Abbé Perron, avec M. GuicHanp comme Vice-Président et M. Carrez comme Secrétaire-Trésorier.
Séance du 21 janvier 1926.
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Présents : MM. l’Abbé Perron, Président, CHaBa, de CHALAIN, Davizzé, R. GENouD, GiraArpoT, Commandant JAGQUET, LacHicHEe, Lamy, LEeDpEeurLz, Moreau, PATHÉ, M. Prost, Mme Henri Rozrer, et Carrez, Secrétaire.
M. l’Abbé Perron remercie la Société de lui avoir à nouveau confié la charge de Président. Il fait part des vifs remerciements de M. GurcHarp. M. l’abbé BourGEAT _ vient de lui adresser une solide étude sur les Caprices du Rhône. ,
— VII —
Le volume de 1925 n’est pas encore paru malgré le dépôt des manuscrits dès le 2 août.
. M. Davizté lit un mémoire sur les termes de géogra- phie jurassienne montagnarde, savoir : le mot puyd, en latin podium, plan, cueille, dérivé du latin colis, colline. Il a en outre retrouvé un fragment de recueil médical du xv® siècle, sur la couverture d’un manuscrit des archives communales de Lons-le-Saunier, en dialecte de l'Ouest.
. M. l'Abbé PErrop parle du souhait : le Roi boit, cou- tume se rattachant à la fête des Rois, et d’après Buicer aux mystères du moyen-âge.
M. le Trésorier donne lecture du compte de l’exercice
1925.
Recettes nie da cie . 7.836 10 Dépenses........,......... -,. 3.328 05 Excédent des recettes....,. 4.508 65
‘Avoir en titre de la Société : 11.250 ir. Total général de l'avoir : 15.758 fr. 65.
M. Monor est élu membre de la commission de lec- ture. Sur la présentatiou de Mme Henry Rozier et de M. R. Gexoun, M. Pierre Prost est soumis à l’appro- bation. de ses collègues.
Séance du 25 février 1926.
Présents : MM. Monor, Président, Mme Bousser, CHasar, DaviLré, Fumey, GenEvaux, R. GenouD, GrraR- por, LacmiCHE, Lamy, de Lescaaux, Moxor, Maurice Prost, Docteur Tomas, Mme TRouILLOT, CARREZz, Secrétaire. : |
Absent excusé : M. le Commandant Jacquer.
— VIT
Le compte financier a été approuvé par la commission des finances. | M. le Président annonce le succès de notre jeune col- lègue G. Duxem qui vient d'obtenir le diplôme. d’Archi- viste paléographe et le deuil qui a frappé M. de CHALAIN. M. Pierre Prosr est élu à l'unanimité, puis M. l’abhé Perrop et M. Carrez présentent M. Baser, instituteur en retraite à Asnans. Comme M. Gazier avait songé à créer une commission permanente de l'Association Franc-Comtoise, cette idée est soumise à discussion. M. Perron lit ensuite -une communication sur Bussy- Rabutin et son séjour à Cressia (Jura), tandis que M. Movor prend la parole pour résumer une étude archéo- logique de M. Duxem sur deux pierres tombales de l’église de Château-Chalon, dont l’une est présumée du xve siècle.
Séance du 18 mars 1926.
LA
Présents : M. Perrop, Président, Guicmaro, Vice- Président, Cnapar, de CnaLaiN, Davizzé, Decrume, R. GEeNouD, GIRARDOT, Mme Go, Jousseranpor, LACHICHE, LeoguiL, Moreau, Maurice Prosr, Pierre Prosr, TourNIER et Carrez, Secrétaire.
_ Absent excusé : M. Paré.
M. Xavier Brun accepte de verser une subvention de
500 fr. à la Société d’'Emulation pour la publication de son ouvrage sur Nantey. M. Davizré lit des Notes sur l’église de Beaufort. Il retrace l'historique de la cons- truction de l'église, surtout connue depuis le xvr° siècle et parle des croix de carrefour. M. l'Abbé PerroD étudie le jurassien Cadet-Roussel qui naquit à Orgelet
nn X —
le 30 avril 1743 et s'établit à Auxerre ; sa vie privée, sà carrière juridique le rendirent populaire. Sa chanson portée en France par les Volontaires de l’Yonne devint vite célèbre et détrona Jean de Nivelle, chantée par l’Ancien Régime. M. Moxor parle d’un ouvrage publié à la mé- moire de LAURENT-VIB8ERT, professeur à Lons-le-Saunier, puis fait une communication sur Auguste VALETTE, né à Salins en 1805, qui enseigna le droit civil à Paris et dont M. Maurice Prosr évoque le souvenir à Salins. Est admis ensuite M. BaBeTt, instituteur en retraite à Asnans. Sont présentés : M. Léon GRÉvY par Mme H. Rozier et M. Perron, ct M.le Commandant Rousseau, sous le patronage de MM. Monor et PErRoD. M. CARREz, qui a exércé la charge de secrétaire-trésorier depuis le 2 mai 1905, ayant manifesté le désir de démissionner, expose les raisons de sa détermination. M. l’Abbé Perron le remercie de son activité et des services qu’il a rendus depuis plus de 20 ans à la Société. Puis le nouveau secrétaire, M. DAviLié, archiviste du Jura, est élu à l’unanimité par ses collègues.
Pour copie conforme : Le Secrétaire, - Les Présidents, H. CARREZ. E. Moxor. M. Perron. :
LES
XAVIE R BRU N DOCTEUR ÉS=LETTRES PROFESSEUR AU LYCÉE DE LYON.
HISTOIRE.
2 deaney,de Fes Her
É près de Saint-Amour en Franche-Comté
à
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HISTOIRE
de. Nantey, de Vessia et d’Écuiria
Près de SAINT-AMOUR en FRANCHE-COMTÉ
. BIBLIOGRAPHIE
‘ Archives de la commune de Nantey et des départements du Jura et du Doubs. — Papiers de la famille Guyénard d’An- delot. — Preuves de l’histoire de la maison de Coligny, par . J. du Bouchet (Paris, 4662). — Ilistoire de l'abbaye de Gigny, par B. Gaspard (1843). — Guichenon, histoire de la Bresse (1650). — Maurice Perrod : opuscules sur Saint-Amour (1895), sur le couvent des Augustins (1897) et sur le monastère de la Visitation de cette ville (1899). |
CHAPITRE PREMIER.
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Notions de géographie et d’histoire.
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Nous nous proposons d'exposer ici ce que nous savons sur la commune actuelle de Nantey qui com- prend le village de ce nom et les hameaux d'Ecuiria et de Vessia.
Faisons d’abord remarquer que, ones 1790, EÉcuiria forma une communauté d'habitants (nous disons maintenant une commune) distincte de celle de
__—
Nantey, excepté que les bois et Fe communaux étaient indivis. |
Nantey, Ecuiria et Vessia sont situés entre Saint- Amour et Saint-Julien, à plus de 400 mètres au dessus du niveau de la mer, dans la région appelée Rever- mont. Présentement, on entend par Revermont le pays ‘compris entre la rivière d’Ain et la plaine de Bresse, depuis Coligny au nord jusqu'à Pont-d’Ain au sud, mails jadis le nom de Revermont, qui apparaît. pour la première fois en 1226, s’appliquait à toute la côte domi- nant la Bresse depuis Pont-d'Ain jusqu’au delà de Sellières. Le terrier de Sellières, fait en 41548, dit expressément que ce lieu.est assis en Revermont.
Jusqu'à la Révolution, Nantey, Ecuiria et Vessia firent partie de la seigneurie d’Andelot, laquelle com- prenait en outre Epy, Tarcia, Lanéria, Senaud, la Balme et Florentia (paroisse d’Epy}, Andelot et Ave- nans (paroisse d'Andelot), les Granges de Non (paroisse de Véria), enfin la moitié de Civria(1) située au nord du grand chemin qui traverse ce lieu (paroisse de Civria). | |
On entendait par Val d'Epy le territoire des villages d'Epy, de Tarcia, de Lanéria, de Senaud cet de la Baline. |
Avant la division de la France en départements (1790), Nantey, Ecuiria et Vessia firent partie du grand bailliage d’Aval et du ressort d’Orgelet dans la Franchée- Comté de Bourgogne, mais les limites du département
(1) En réalité, Civria-Nord était une seigneurie particulière possédée par le seisneur d’Andelot qui y avait haute justice. Avant l'annexion dela Franche-Comté à la France(1678),1l existait à Civria deux communautés d'habitants que séparait la route de Montfleur à Dingier. La communauté septentrionale faisait partie de la Bresse, tandis que la méridionale appartenait à la Franche-Comté. Après l'annexion, ces deux communautés . furent unies et Civria fut déclaré entièrement comtois, |
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du Jura ne correspondent pas partout à celles de l’an- clenne province, puisque Chazelles, Ville-sous-Char- moux, Romanèche, Orgent, Coligny-le-Vieil, Champel, la Tour, Valresson,- Cléria, Dingier et Salavre étaient comtois, tandis que Cessia, Saint-Jean-d’Etreux, Char- moux, Coligny-le-Neuf, le Châtaignat, Vergongeat, Saint-Rémy-du-Mont et Poisoux étaient bressans. Ainsi, la seigneurie d’Andelot touchait à la province savoyarde de Bresse (qui devint française en 1601) par le terri- toire d’Ecuiria, de Senaud, d’Epy, de Lanéria et de Civria. Un canton d’Ecuiria, limitrophe de Saint-Jean- d'Etreux, porte encore le nom de « champ de Ia France ».
Jusqu'en 1803, la paroisse de Nantey ne se composa que de ce village, d'Ecuiria et de Vessia. En cette année-là, Florentia fut détaché de la paroisse d'Epy pour être uni à celle de Nantey. Jusqu'en 1742, les paroisses de la seigneurie d’Andelot dépendirent de l’archiprêtré de Coligny et du diocèse de Lyon. A dater de 1742, elles appartinrent au diocèse de Saint-Claude, lequel succéda à l’abbaye de ce nom, après sa séculari- sation. Cet évêché fut supprimé en 1802, puis rétabli en 1822, mais avec d’autres limites. Si les dites paroisses firent partie du diocèse de Lyon, c'est que celui-ci avait eu, dans l’origine, la même étendue que le grand Pagus Lugdunensis {pays lyonnais), lequel comprenait dans ses limites septentrionales Bruailles, Cuisiat, Rosay, Gigny, Louvenne, Lains, Dessià, Valfin, etc. |
Le sol de la commune actuelle de Nantey fut parcouru et peut être habité par des hommes dès une très haute antiquité, ainsi que le prouvent une hache de jade, pierre verdâätre fort dure) décou- verte à Ecuiria et la dénomination de Pierre-Fiche portée jusque vers la Révolution par les lieux dits au-
pe
- jourd'’hui Buisson-Clairet et Fin-Maigre, lesquels se trouvent à l’est de la route de Nantey à Senaud et sont contigus au territoire de ce dernier village. La lave, érigée dans ce canton, vraisemblablement sur la tombe d'un chef de tribu, servit, au Moyen- Age, de limite aux paysans de Nantey et de Senaud, Les (Champs-qui-Montent et le Creux-des-Routes s'appelaient encore au xvin" siècle Contours de Pierre-Fiche. Plus anciennement, on avait désigné sous le nom de Pierre Fiche tout l’espace compris entre le territoire de Senaud, les prés de Darou, la Caronnière, les Verpillères et les Routes.
Nantey (on écrivit Nantel jusqu’après 1789) signifie petit nant, petit cours d'eau (nantellum). Il est probable qu'on a dit primitivement « les Nantels », puisque la partie basse du village, qui est la plus ancienne, se trouve près de deux ruisseaux dont le principal, appelé aujourd’hui improprement la Creuse (1), portait jadis le nom de doye, synonyme de nant. Ecuiria (anciennes formes : Escuyria, Curia) est situé au pied du mont du Gouilla, c'est-à-dire de la mare (623 m.), et Vessia s’élève sur la pente méridionale de la côte de Dorey.
Vessia, Ecuiria, Lanéria, Tarcia, Senaud (prononeia- tion rustique de Sena), Fiorentia et Civria (Vettiacum, Curiacum, Neriacum, Tederciacum, Senacum, Floren- tiacum, Severiacum) sont nommés ainsi parce que leur territoire fut possédé à l’époque romaine (qui finit en 476) par Vettius, Curius, Nerius, Tedercus, Sena, Flo- rentius et Severus. On devrait donc dire et écrire :
(1) Jusque vers la Révolution on donna le nom de Creuse (vie creuse) au chemin de Nantey à Florentia, parce que les eaux de pluie en cavent fortement la pente occidentale, au pied de la . Rochette. Peu à peu, les paysans se servirent du qualificatif de ce chemin pour désigner la source voisine et l'ancien nom de Doye finit par disparaitre.
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Vettia, Curia, Néria, Tercia, Sena, Florentia et Sevria. Chacur de ces propriétaires fit cultiver son domaine (villa) par un certain nombre d'esclaves et d'animaux domestiques. Quelques chaumières, étables et granges y furent construites pour abriter les uns et les autres, ainsi que les produits du sol. Un affranchi régissait le domaine : il veillait à ce que les esclaves travail- lassent et vécussent dans un bon'accord. Il leur laissait pour leur subsistance une partie des récoltes et vendait le surplus dont il envoyait le prix au maître qui habi- tait la ville. Telle fut l’origine des villages mentionnés ci-dessus. Non loin de la fontaine de Vessia a été trouvée, vers 1810, une de ces bulles d’or destinées à recevoir une amulette et que les fils de patriciens por- taient suspendues au cou par un cordon jusqu'à l’âge où ils quittaient la toge prétexte. — Le village d'Epy (Spicum) date, lui aussi, de l’époque romaine. S'il ne porte pas le nom de son propriétaire, cela provient sans doute de ce qu’il ne fut d’abord qu’une grange dépen- dant äe Tarcia. Les monnaies trouvées sur le territoire de ces deux localités prouvent qu’elles existaient avant l'an 250. — Le mot Andelot (Andaloscum) signifie le domaine de Vandalus, c’est-à-dire d’un propriétaire appelé le Vandale. On sait que les Vandales quittèrent les bords de la Vistule, franchirent le Rhin en 406 et ravagèrent la Gaule avant de passer en Espagne. — Il est probable qu’Avenans (forme populaire de Habenin- gen) ctles Granges-de-Non (Naonna en 1021, Naün en 1151, granges de Nons en 1270) doivent leur nom à des chefs burgondes, Haben et Nado. Les historiens rap- portent que, vers l’an 470, les empereurs romains établirent des troupes de Burgondes dans la Séquanie, afin qu'ils Ja défendissent contre les Alamans, et accor- dèrent à ces alliés, en guise de solde, une partie des terres et des esclaves des propriétaires gallo-romains.
——. 8 —
Les Burgondes bâtirent çà et là des villages dont les noms sont d'ordinaire terminés en « ans » ou «ange »,
mais ces barbares se fondirent rapidement dans la population gallo-romaine. — La Balme d'Epy (balme signifie grotte) n'existait pas à l'époque romaine; mais, à cette époque, et encore en 946, il y avait entre Flo- rentia et ladite balme une villa appelée Sagariniacum (domaine de Sagarinus). La majeure partie des champs qu'elle comprenait est à présent unie aux communes de Florentia et de la Balme (lieux dits en Chagrigna, en Sagregna), — Nantey n'existait pas non plus à l’époque romaine, mais deux villae se trouvaient sur son territoire actuel : lune au nordest, l’autre au sud- ouest. La première portait le nom de Turriacum (domaine de Turrius) et ses fonds s’étendaient aussi sur le territoire actuel de Thoissia (lieux dits en Turi a). Les bâtiments de Turriacum s’élevaient apparemment non loin de la petite source qu’on rencontre au pied du mont de la Boissière et au bord de la grande route de Saint-Julien. L'autre villa, située à droite du chemin actuel de Nantey à Epy, s'appelait Longa Vallis (Lon- geval ou Longval). Là, on remarque entre quatre gros murgers un emplacement d’environ un hectare dont la terre est mêlée avec de nombreux fragments de tuiles plates à rebords. Cette particularité a valu à l’endroit le nom de Caronnière, mot dérivé de carreau et syno- nyme de tuilerie. On y a rencontré de longs clous de fer, une petite clef à l’anreau cordiforme et au panneton denté, une médaille consulaire portant sur le revers la figure de la Jeunesse, et diverses monnaies impériales, notamment une pièce de Nerva (96 à 98 de J.-Ch.). Au levant et à peu près en face de la Caronnière, qu’on appelle aussi les Courbes de Darou ou la Courbe sur Darou, se trouvent les lieux dits aux Fosses et au Pérou. Ils tirent leur nom, l’un de l'existence de tom-
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beaux en pierres sèches renfermant, sous des laves brutes, des squelettes de grande taille; l’autre d’ün Chemin dallé (petrosum) visible encore ça et là. Cette voie était défendue par un fortin construit sur la rochè de l’Aigle en un endroit qu'on appelle Château-Pillou, Pillot ou Pilleux, synonyme de château ruiné. Le village de Longeval, qui existait encore en 946, fut sans doute détruit vers 955 par quelque bande d’envahisseurs hon- grois ou sarrasins, car on raconte qu'une cloche est cachée dans un des murgers de la Caronnière, qu'un trésor est-enfoui quelque part dans le vallon et que si, la nuit venue, on passe devant la Fontaine Noire en Darou, l'on en voit sortir un bouc criant affreusement et lançant des flammes par la bouche et les yeux. Quoi qu'il en soit, Longeval disparut, soit que tous ses habi- tants éussent péri, soit que les survivants eussent pré- féré reconstruire leurs chaumières dans un lieu moins ‘bas et à proximité de bonnes sources (nantels).
Vessia, Senaud, Epy et Tarcia sont cités pour la pre- mière fois (avec Longeval et Sagarinia) dans une chartre de l’abbaye de Cluny en date de 946. Au mois de mars de cette année-là, les frères Erluin et Gontran, hommes libres possédant pleinement des biens allo- diaux dans la région dont nous parlons, en donnèrent une partie à ladite abbaye. « Nous donnons, disent-ils, 1° à Sena, une maison avec courtil, une terre (c’est-à- dire des terres) cultivée et inculte, tout ce que nous y avons ; un serf du nom de Rotbzert avec sa femme et deux de ses enfants, Duran et Nadalilde ; quant aux autres enfants, nous les réservons à notre frère Gon-
tran. — 2° dans la ville (village) d’Epy, un pré et tout ce que nous y avons. — 3° à Tercia et à Vessia, de même. — 4° dans la ville de Sagrinia, un serf du nom
de Domnevert avec sa femme, son pécule et deux enfants, Nitard et Ingelberge. — 5° à Longeval, un
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serf du nom d'Arembert avec les deux filles qu’il a eues d’une autre épouse, car celle qu'il a présentement ne nous appartient pas ; quant au fils unique qu'il a, lequel s'appelle Rotbert, nous l'avons affranchi (proba- blement pour qu’il pût entrer dans le clergé! et nous lui avons accordé le droit d'hériter le pécule de son père après le décès de celui-ci. » A la vérité, cette donation ne nous permet pas d'affirmer que les villages de Sena, d’Epy, de Tercia, de Vessia, de Sagrinia et de Longeval appartenaient tout entiers aux frères Erluin et Gontran, mais il est vraisemblable qu’ils-en possé- daient une grande partie. D'ailleurs, chacun de ces villages ne se composait que de quelques familles de serfs, de deux ou trois maisons et d’une faible étendue de terres cultivées, puisque la charte les qualifie de petits villages (villulæ).
Vers 893, Berno, grand Tr décoré du titre de comte, avait fondé l’abbaye bénédictine de Gigny et lui avait donné tous ses domaines allodiaux qui, des environs de la source du Suran, se prolongeaient jus- qu'au mont Nivigne. Devenu abbé de Gigny, il avait créé en 910 l’abbaye de Cluny.
Vers 950, nous voyons un autre grand propriétaire d’alleux, nommé Manasser, également décoré du titre héréditaire de comte, résider à Coligny (Coloniacum). Ce Manasser fut l’auteur de la célèbre maison de ce nom. Son fils habitait en 974 le château de Coligny situé sur la roche dite aujourd’hui du Marquisat, et possédait en outre Treffort, Marboz et Chevreaux.
Dès le commencement du x" siècle, l'autorité du comte-gouverneur mis par le faible roi de Bourgogne à la tête ‘du Pagus Lugdunensis s'était perdue au milieu de la Dombe, et il arriva bientôt que le comte de Bour- gogne se fit reconnaître pour suzerain dans certaines parties du territoire que le comte de Lyon avait pour ainsi dire abandonnées.
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Mal gouvernée et mal administrée, l’abbaye de Gignyÿ était tombée en décadence. De mère et de supérieure de Cluny, elle devint, en 1076, sa succursale subor- donnée et ne fut plus qualifiée que de prieuré.
En 1158, on voit Guéric de Coligny posséder les châteaux de Coligny, de Chevreaux et d’Andelot, Avec lui apparaissent les armes des Coligny: de gueules à l’aigle d'argent membrée, becquée et couronnée d'azur, armée et nine d’or.
En 1185, l'aflo de Coligny fut divisé entre cohé ritiers. Un des deux lots se composa de Coligny-le- Vieil (château et partie du village s'étendant du côté de la montagne), ainsi que de Chevreaux, d’Andelot, ete. L’autre lot comprit Coligny-le-Neuf (partie du vil- lage s'étendant du côté de la plaine) ainsi que Treffort, Marboz etc. Le premier lot appartint indivisément à Amédée I et à Humbert III qui résidèrent, l’un an châ- teau de Coligny, l’autre au château d’Andelot. Humbert se qualifia dès lors de seigneur d’Andelot (Acte de 1206).
En 1191, Aymon, prieur de Gigny, redoutant ou subissant les violences de quelques seigneurs voisins, se détermina à mettre son monastère sous la protection d'Etienne II, comte d'Auxonne et de Chalon, et pré- tendant au titre de comte de Bourgogne. Antérieure- ment, les moines lui avaient peut-être déjà cédé le territoire où il avait bâti le château de Saint-Julien. Voici les principales clauses du traité d'association qui fut conclu : 1° tous les biens et droits du prieuré à _ Nantey, Florentia, Avenans et dans vingt et un autres villages énumérés appartiendront au comte Etienne et à ses successeurs, mais ni lui n1 eux ne pourroni aliéner lesdits biens et droits concédés, — 2° Ils lais- seront au prieuré la totalité des dîimes, oblations, sépultures et autres droits ou redevances ecclésias-
tiques. — 3° Ils partageront avec le prieuré les cens, les amendes et les-autres revenus. La connaissance des causes appartiendra en commun au prévôt du prieur et à celui du comte. — 4° Ils ne pourront, sans le consen-
tement du prieur, percevoir le droit de’ gite(1). —
5° Certain territoire sera donné au comte Etienne pour y fonder une ville franche (Montfleur) et y bâtir un château fort, mais la moitié des profits qui résulteront
de ce nouvel établissement appartiendra au prieuré. —
6° Moyennant les susdits avantages, le comte Etienne et ses successeurs s’obligent à protéger et à défendre tous les biens et dépendances du pHIURS: ainsi que les foires de Gigny.
Cet acte de 1191 est très important pour nous, car c’est le premier qui fasse inention de Nantey et, d’autre part, il nous montre que le prieuré y possédait des droits seigneuriaux. Qui les lui avait dénnés, et était- il seul seigneur à Nantey ? Nous l’ignorons tout à fait.
La coscigneurie stipulée par cet acte s’évanouit quel-
ques années après, soit que les moines eussent dispensé
Etienne II et son fils Jean de Chalon d'observer Île traité, soit que tes personnages l’eussent violé de leur propre chef. Quoi qu’il en soit, le prieuré ne conserva à _Nantey, à. Florentia, à Avenans etc. que les dîmes, : oblations, Sébuliurés et autres redevances ecclésias- tiques.
En 1206, le seigneur de Coligny-le-Neuf mit son
alleu dans la mouvance du comte de Savoie. Cet hom- mage eut pour conséquence de séparer pour toujours du
Comté de Bourgogne cette partie de Coligny. Vers la:
même année, Amédée I mit Coligny-le-Vieil, avec
(1) Droit qu'avait le seigneur en chasse de recevoir des habi- tants, une fois par an, le diner et le souper pour lui, ses gens, . ses Chevaux et ses chiens, maïs qui souvent était converti en une prestation annuelle fixe.
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Andelot et ses autres dépendances, dans la mouvancé du comte Etienne Il. Il se peut que, pour déterminer Amédée I et Humbert III à transformer leur alleu en fief, ledit comte leur céda, avec ou sans la permission du prieuré de Gigny, les villages de Nantey, de Flo- rentia et d’Avenans. Cette transformation une fois opérée, un partage se fit et 1l fut convenu que Hum- bert III tiendrait Andelot en arrière-fief de son frère ainé Amédée I. Aïnsi naquirent, vers 1206, le fief de Coligny-le-Vieil et l’arrière-fief d'Andelot. Jusqu’en 1342 le seigneur d’Andelot fit hommage au seigneur de Coligny-le-Vieil, lequel faisait nommage au comte de Bourgogne.
Peu d'années après 1206, les domaines allodiaux situés dans le Val d’Epy arrivèrent, nous ne savons comment, entre les mains du seigneur de Coligny-le- Vieil. Il est probable qu'ils avaient été transmis au prieuré de Gigny et que celui-ci les lui céda. Quoi qu’il en soit, pendant trois quarts de siècle, ledit seigneur ne 1it, à cause de ces domaines, la foi et hommage à per- sonne. Il en inféoda plusieurs, notamment au seigneur d’Andelot ; les autres conservèrent leur qualité d’alleux et furent peu à peu vendus. Même au xvir”® siècle, il existait encore au Val d’Epy des terres allodiales pos- sédées par des nobles ou des roturiers. En tant qu'allodiales, ces terres étaient exemptes de tous devoirs et droits seigneuriaux.
En 1274, la seigneurie d’Andelot comprenait, outre . Andelot, les villages de Nantey, d’Avenans et de Flo- rentia. Comme nous l’avons dit plus haut, il est très probable que le comte Etienne accrut de ces trois der= niers lieux, vers l’an 1206, la seigneurie d'Andelot qui, jusque là, ne s'était composée que du château et du village de ce nom. |
En 1289, Coligny fut affranchi de la mainmorte. Il
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forma dès lors un bourg clos de murs dont une partie existait encore en 1584, Tout le reste des seigneuries .de Coligny-le-Vieil et d'Andelot demeura maïnmortahle jusque vers la fin du xivme siècle. |
Vers 1290, le seigneur de Coligny-le-Vicil fit hom- mage à Jean-de-Chalon, comte d'Auxerre, pour plu- sieurs des fiefs du Val d’'Epy. Eu 1300, ledit seigneur céda à celui d’Andelot la mouvance d’un fief situé à Civria, et en 1304 il lui céda aussi la mouvance d’une grande partie dudit Val. A dater de cette année-là, le seigneur d’Andelot dut au comte de Chalon-Auxer re l hommage pour tous les fiefs du Val d'Epy qu'il tenait du seigneur de Goligny- -le-Vieil.
En 1345, la seigneurie d’Andelot devint un fief mou- vant immédiatement, comme Coligny-le-Vieil, dudit comte d'Auxerre.
._ De 1342 à 1665, les seigneuries d’Andelot et’ "e Coligny-le-Vieil furent possédées par un seul et même _ seigneur de la maison de Coligny. Dès 1342, la sei- gneurie d'Andeïot comprit les villages d'Andelot, d’Avenans, de Nantey, de Vessia, d'Ecuiria, de Flo- rentia, une partie de Civria et tout le Val d’Epy, à la réserve d’un fief qui continua à relever de Coligny-le- Vieil. Quant aux Granges de Non, nous ignorons en quelle année du x1v”° siècle le seigneur de ‘Chevrèaux en céda la mouvance à celui d’ Andelot,
Qu'il nous soit permis de rappeler, en passant, le . souvenir des vaillants ducs de Bourgogne Philippe-le- Hardi, Jean sans-Peur, Philippe-le- Bon et Charles-le Téméraire qui, de 1384 à 1477, furent aussi les souve- rains aimés du Comté de Bourgogne.
En 1437, Guillaume 11, seigneur de Coligny-le-Vieil et d’Andelot, épousa une française qui lui apporta en dot les magnifiques seigneuries de Châtitlon-sur-Loing, de Saligny, etc.; mais en somme il resta franc-comtois.
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Ïl eüt trois fils : Jean III, souche des Coligny-Andelot: Châtillon ; Jacques, souche des Coligny-Saligny, et Antoine, souche des Coligny-Cressia. Les deux pre- mières de ces branches devinrent françaises; seule, celle de Cressia demeura comtoise.
Jean IIT, seigneur de Coligny-le-Vieil et d'Andelot, épousa lui aussi une française et servit dans les armées de Louis XI. Néanmoins, en 1479, un des généraux de celui-ci, le cruel Charles d'Amboise, ruina complète- ment le château de Coligny-le-Vieil et réduisit celui d’Andelot aux quatre murs du donjon et aux deux tours du portail. Les châteaux de Montfleur, de Saint-Julien, etc. eurent le même sort. Louis XT, qui avait revêtu Jean de Coligny de la charge de grand écuyer de France, l’indemnisa des dégâts commis dans ses terres en le nommant grand-bailli d'Amont en Franche- Comté, mais il ne le tut pas longtemps puisqu'il mourut en 1481. D'ailleurs, par le traité de Senlis (1493), Charles VIII, roi de France, dut restituer à Maximilien
d'Autriche {époux de Marie, fille de Charles le Témé-
raire) la Franche Comté que son père, le fourbe et haineux Louis XI, avait occupée, puis perdue en 1477, atrocement ravagée et asservie en 1479-80, enfin annexée à son royaume en vertu du traité d'Arras (1482).
De 1493 à 1678, la Franche-Comté eut pour souve- rains ces princes de la maison d'Autriche : Marguerite, Charles-Quint, Philippe II, Albert et Isabelle, Phi- lippe IV et Charles II, que la nation franc-comtoise chérit au point de périr presque tout entière, les armes à la main, plutôt que d’accepter une autre domination que la leur.
A partir de 1480, le château d’Andelot ne fat plus qu'une sorte de grenier où les paysans de la seigneurie portaient leurs ‘redevances à quelques agents du sei- gneur. Les descendants de Jean de Coligny Hgnetren
— 16 — dé le faire réparer : ils possédaient de superbes domaines en France et la Franche-Comté, leur patrie, était devenue pour eux un pays étranger.
En l’an 1500, le seigneur d’Andelot fit renouveler son terrier et, à partir de: 1548, il fit directement hommage au comte de Bourgogne.
La maison de Coligny est connue dans l' Histoire de France principalement par les trois frères Odet, Gas- pard II et François. Le cadet, François (1521-1569), appelé ordinairement Dandelot, colonel général de l’in- fanterie, homme hardi, violent et haineux, se fit calvi- niste, entraîna ses deux frères dans l’hérésie et contribua plus que tout autre personnage de son parti à allumer et à entretenir la guerre civile. — L’aîné, Odet (1517- 1571), dit le cardinal de Châtillon, n’était entré dans l'Eglise que pour jouir d'honneurs et de riches béné- fices. Bien qu’il n'eût que seize ans et ne fût pas même diacre, il reçut le chapeau de cardinal ; à dix-sept ans, il fut fait archevêque de Toulouse et promu au dia- conat ; à dix-huit ans, il fut nommé, en outre, évêque de Beauvais, pair de France, etc. Loin de songer à se - faire ordonner prêtre, il vécut publiquement avec une demoiselle, puis abjura solennellement le catholicisme, tout en prétendant conserver ses dignités et bénéfices ecclésiastiques. Il dut pourtant y renoncer. Excommunié par le pape en 1563, déclaré en 1569 rebelle et criminel de lèse-majesté par le Parlement de Paris, il termina sa vie en négociant en Angleterre pour son parti et contre son roi. — Quant à Gaspard (1519-1572), l'ami. ral de Coligny, l'exemple de son frère François et surtout sa jalousie contre la maison de Guise le pous- sèrent au calvinisme, et 1l devint bientôt le principal chef de la faction huguenote, faction plus politique que religieuse D de Gaspard fut telle que, non content de ruiner l’autorité de son roi et de déchaîner la
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guerre civile, il fit alliance avec des princes étrangers et promit à la reine d'Angleterre de lui livrer les ports de la Manche en échange de son aide. Finalement, Catherine de Médicis, lasse des exigences et des inso- lences des huguenots, lasse notamment de voir Gaspard de Coligny adresser toutes sortes de menaces au roi . Charles IX pour obtenir de lui qu'il soutint les rebelles des Pays-Bas, par conséquent qu’il déclarât la guerre à l'Espagne, — finalement, disons-nous, Catherine de Médicis, s'appuyant sur la Cour et sur le peuple de Paris, détermina son fils à ordonnèr le massacre qui eut lieu dans la nuit de la Saint-Barthéiemy 1572. Le Parlement: de Paris déclara l’amiral criminel de lèse- majesté et confisqua ses biens; de son côté, Philippe IT, roi d'Espagne, fit saisir Coligny-le-Vieil, Andelot et les autres domaines de l’Amiral situés en Franche-Comté. Ces seigneuries restèrent sous la main du comte de Bourgogne, roi d'Espagne, jusqu’en août 1617, c'est- à-dire pendant 45 ans.
En 1584, les fiefs mouvant du château d Andelot étaient au nombre de douze, non compris les dimes ‘ inféodées. Chacun d’eux ne consistait qu’en cens et autres droits düs par les tenanciers de parcelles de divers aneiens meix dans un ou plusieurs villages. Ainsi, ces fiefs n'avaient ni corps principal ni justice ; _ce n'étaient que des rentes nobles, et tous, excepté deux, étaient situés au Val d’'Epy. De ces dix rentes nobles du Val d'Epy, deux seulement avaient quelque importance, à savoir celle de Beyne (dont nous parle- rons plus loin) et celle que tenait François de Morel, laquelle porta dans la suite le nom de Virechâtel. Cha- cune de ces deux rentes était, au xvin"® siècle, de 400 à 500 livres; les autres, d'un ou de deux louis, et même de moins. Quant aux deux fiefs situés hors du Val d'Epy, l'un se trouvait principalement sur Vessia
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et appartenait au seigneur de Saint-Julien ; l’autre, très petit, était situé sur Ecuiria et Nantey. Nous les exa- minerons ci-après. ke En 1595, Henry IV, roi de France, envahit la Franche-Comté pour la piller et la rançonner. {1 est probable que les villages de la seigneurie d’'Andelot souffrirent de cette invasion, car le maréchal de Biron s’'empara de Saint-Amour et lui imposa une contribu- tion de 10.000 écus, fit composer le prieuré de Gigny, | occupa Montfleur, démantela Saint-Julien, etc.
En 1613, ME de Marquemont, archevêque de Lyon, visita l’église de Nantey.
En 1614, on comptait 21 feux à Nantey, Vessia et Ecuiria ; 47 à Andelot, 16 à Florentia et à la Balme, 15 à Epy et à Lanéria, 24 à Senaud, 11 à Tarcia, 11 aux Granges-de-Non, ete. En somme, la seigneurie d’Andelot comprenait alors de 120 à 125 feux, environ 500 habitants. | |
En 1617, les archiducs Albert et Isabelle, souverains des Pays-Bas et du Comté de Bourgogne, accordèrent la mainlevée à Charles de Coligny (fils puiné de l’Ami- ral) qui s'était fait catholique depuis une vingtaine d’annécs. Entre 1617 et 1621, il obtint des Archiducs l'érection de Coligny-le-Vieil et d’Andelot en marquisat. En 1629, il vendit ces seigneuries à son cousin Clé- riadus de Coligny, Nr de Cressis, qui, fils bien indigne de son père Philibert, vaillant général de la: | ee légère aux Pays-Bas, fut un mauvais Comtois et un mauvais vassal de son prince. En outre, la vie privée de Clériadus, réglée par la seule ambition, fut non moins vilaine que sa vie publique.
On sait quelle guerre atroce l'insatiable ambition du oil de Richelieu déchaîna contre la Franche- Comté de l’an 1636 à l'an 1644. La peste et la famine se joignirent aux Français et à leurs alliés pour trans-
— 19 —- former, à “ia grande satisfaction de l’impitoyable car dina], cette innocente province en une solitude hérissée de ruines et de broussailles où pullulaient les bêtes sauvages. Le duc de Longueville assiégea Saint-Amour le 28 mars 1637 et l’emporta d'assaut le 4° avril. La plupart des h«bitants furent massacrés et leurs maisons saccagées et brülées. Cette ville resta déscrte pendant sept ans. Le château de Laubespin fut pris et incendié le 2 avril. Puis, les soldats français pillèrent et em- brasèrent Nantey et d’autres villages de la seigneurie d'Andelot. Ceux de leurs habitants qui ne succom- bèrent pas se réfugièrent dans les bois ou dans la haute montagne. Ces villages ne renaquirent que len- tement de leurs cendres. Les registres paroissiaux de Nantey s'arrêtent en décembre 1636 pour ne reprendre qu'en 1651 ; et, en 1657, la population de ce lieu ne se composait encore que de Benoît, Gabriel et Phi- libert. Janin, de Benoît Suchet, de Claude Vieux et de Victor Morel, avec leur femme et leurs enfants, et des veuves Gurset et Morel avec leurs enfants : celle d'Ecuiria, de François Morel; de Benoît Gadiolet (granger) et de Pierre Gadiolet, avec leur femme et Jeurs enfants. À la même date, il n’y avait que 11 feux à Senaud, 9 à la Balme, 4 à taress 7 à Epy, 6 aux Granges-de-Non. | En 4644, un traité particulier avait mis fin aux hos- tilités en Franche-Comté, mais les Français conti- nuèrent à occuper de Ils y restèrent même cinq mois après que la paix des Pyrénées (7 novembre 4659) eût rendu toute la Franche-Comté à l'Espagne, car ils n’évacuèrent cette place que le 6 avril 1660, Vers 1645, Joachim de Coligny avait succédé à son père Clériadus comme seigneur et marquis de Coligny- le- Vieil et d'Andelot. Eineri couvert de l'E Espagne, il résidait habituellement au château de Verjon en Br esse,
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c’est-à-dire en France. En 1665, il décéda sans posté- rité et, avec lui, s’éteignit le branche de Coligny- Cressia. La branche de Coligny-Châtillon avait fini en 1657 ; celle de Coligny-Saligny dura jusqu’en 1694. Les hiens-de Joachim arrivèrent à son neveu Gilbert- Alire de Langeac, d’une illustre famille d'Auvergne.
En 1655, Ms Camille de Neuville, archevêque de Lyon, visita l’église de Nantey.
Vers 1665, les habitants de Nantey et d'Ecuiria résolurent de faire restaurer leur église. Ils convinrent du prix de 79 francs avec un maître maçon et de 140 francs pour charpenterie et matériaux, mais ne pou- vant, à cause de leur petit nombre et de leur pauvreté, répartir entre eux toute la dépense, ils vendirent en 1666 à Marc Perrodin, de Tarcia, moyennant 144 francs en monnaie de Comté(1), une Darite du bois du Ban, appelée aussi la Petite et la Grande Combe, laquelle contenait environ 6 quartaux (48 mesures)(2), tant en teppes qu'en bois. Cette aliénation fut faite à Nantey sous le bon vouloir ct plaisir de Gilbert de Langeac, _ marquis de Coligny et d’Andelot, par devant les notaire
et scribe des justices de ces seigneuries. Etaient pré- sents : les échevins et principaux habitants des com- munautés de Nantey et d’Ecuiria, au nombre de onze, _et deux témoins requis, savoir maître Renaud Guyé- nard, docteur ès droits, baïlli des justices desdits mar- quisats, et le seigneur de Montfleur et Chavannes pour son Altesse le prince d'Orange. Il fut spécifié dans le contrat que les habitants et communautés de Nantey et d'Ecuiria continueraient à jouir du droit de faire
(1) Le franc de Franche-Comté valait 13 sols 4 deniers de France, c’est-à-dire 1/3 de moins que la livre tournois, Il se
divisait en 12 gros. (2) Le journal, qui équivaut à 35 ares 6%, se° divisait en qua- : tre mesures ou quartes.
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paitre leur bétail dans les bois en question, mais qu'ils permettraient à l’acheteur d’en clore et barrer une partie pour y faire une feuillée (défrichement). Marc Perrodin paya comptant en écus ladite somme de 144 francs; il s’engagea à donner au seigneur pour les lods et ventes deux louis d’or valant 33 francs en monnaie du pays ; enfin, il promit de s'acquitter, à chaque Saint- Martin d'hiver, dü cens annuel de 2 gros dont l’im- meuble vendu demeurait chargé à perpétuité envers le seigneur d’Andelot, cens portant lods, ventes et droit de retenue. D'après le registre d'arpentage de 1779, la pie Perrodin contenait 13 journaux !/,.
En 1668, profitant de ce que son neveu ché IT, roi d’Espagne, n'avait que sept ans, de ce que la monarchie espagnole était épuisée et de ce que la reine régente Marie-Anne se trouvait dans de cruels embarras, l’am- bitieux Louis XIV, roi de France, envahit sous de mauvais prétextes la Franche-Comté et s’en empara en quinze jours, plutôt par surprise, astuce et intimidatron que par les armes. Saint-Amour dut ouvrir ses portes aux Français le 14 février, mais ils n’y restèrent pas longtemps, car le 2 mai de la même année le traité d’Aix-la- -Chapelle rendit la Franche-Comté à l'Espagne, à la grande joie des habitants.
En 1673, Louis XIV attaqua de nouveau la ne Comté. Cette fois-là, 11 lui fallut six mois pour conquérir ce petit pays pourtant dépeuplé et appauvri depuis plus d’un siècle par les guerres, les pestes et les famines. Le 28 novembre, son lieutenant le vicomte d’Apremont se rendit maître de Saint-Amour après une résistance qui ne pouvait pas être longue. Vers le 20 février 1674, une troupe de 1500 Français traversa Andelot et Nantey ‘pour assaillir la terre de Saint-Claude. Quatre ans plus tard, le*traité de Nimègue (17 septembre 1678) assura définitivement la possession de la Franche-Comté à la
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France, d'autant plus définitivement que la maison de Habsbourg, à laquelle les Comtois étaient fermement attachés, s’éteignit en Espagne en 1700 et quarante ans plus tard en Autriche. Effacée de la carte d'Europe par une injuste violence, veuve de la moitié de son peuple, trahie par une grande partie de sa noblesse et de sa bourgeoisie, subissant tout ensemble l'immigration et la tyrannic de ses vainqueurs, la Franche-Comté de Bour- gogne, qui existait depuis huit siècles, perdit conscience _ d'elle-même le jour où s’éteignit la famille de ses sou- verains légitimes. La nationalité franc comtoise disparut entre 1700 et 1740.
En 1700, Me Claude de Saint-Georges, archevêque de Lyon, visita l’église de Nantey.
En 1702, Marie-Roger de Langeac (fils de Gilbert- Alire, décédé en 1676) et sa mère Louise Françoise de Bussy-Rabutin vendirent, moyennant 18.500 livres, la terre et seigneurie d'Andelot à Joachim Guyénard, lieutenant général de la Table de Marbre au Parlement de Besançon Ce Joachim était fils du bailli Renaud Guyénaid mentionné ci-dessus et appartenait à une famille bourgeoise de Coligny dont les armes étaient : de gueules à un chevron d’argent accompagné en pointe d’une croix fleuronnée de même. En passant des mains
(1) En 1673-74, le seigneur de Coligny et d'Andelot (Gilbert- Alire de Langeac) et celui de Saint-Julien, Véria, Liconna, etc. (Ferdinand de la Baume-Montrevel) étaient françals. Le seigneur de Saint-Amour (Charles-François de la Baume-Saint-Amour) et le seigneur de Laubespin, Thoissia, Arinthod, etc. (Charles- Achille Mouchet de Baitefort) étaient partisans de la France et vivaient dans ce pays, ainsi que le sieur Livet, seigneur de Bourcia et Civria. Le seigneur de Chambéria et du Val d’Epy (Gabriel-Philibert de Grammont, baron de Châtillon-Guyotte) s'était enfui à Rome pour ne pas combattre les Français. À Saint-Amour, d'assez nombreux bourgeois penéhaient pour la France, même le baïlli François de Brange, lieutenant général au Li d'Orgelet,
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de Marie Roger de Langeac qui descendait des Coligny dans celles de din Guyénard qui était étranger à cette maison, le fief d’Andelot perdit aussitôt. son titre de marquisat pour redevenir simple châtellenie. En 1704, le même Joachim fut nommé président en la Chambre souveraine des Eaux ét Forêts et des Requêtes du Palais au Parlement de Besançon. Cette charge l’anoblit ainsi que ses descendants et, pour faire sa cour au roi, il remplaça dans son écu le gueules de . Bourgogne par l'azur de France. En 1713, le président
Guyénard mourut et la seigneurie d’Andelot passa à son fils Gaspard, licencié ès lois et avocat à Besançon. Tant que son père avait vécu, il s'était appelé Gaspard Guyénard de Nantel. Voulant résider au château d'An- delot, il le fit réparer.
En 1715, Gaspard Guyénard acensa à perpétuité à un habitant de Nantey et à ses hoirs «le cours et décours de l'eau qui descend depuis les champs de CGuvy en passant par les chemins dudit Nantel, l’un tirant à la Groix-Bailly et l’autre chez les frères Gurset et autres endroits circonvoisins, pour mettre icelle eau dans ses fonds, à charge de la laisser ressortir ; et [a terre que ladite eau ramassera dans les dits chemins et autres endroits circonvoisins appartiendra à l'acheteur, et même celle qui s'arrête vers la Croix-Bailly, et il aura aussi le curage de la serve. » Cet abergement fut fait sous l’entrage de 14 livres et sous le cens perpétuel de 7 sols tournois par an.
- En 1719, Gaspard Guyénard fit, par devant Claude- Antoine Dubois, notaire à Coligny, un aveu et dénom- brement de sa seigneurie d’Andelot destiné à être présenté àu Roi en sa Chambre des Comptes de Dole. Ce dénombrement fut publié selon l'usage, mais l’éche- vin et plusieurs habitants d’Andelot, de Nantey et d’autres lieux s'opposèrent à certains droits seigneu-
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riaux portés dans l’acte en question, de sorte qu'il ne put être enregistré.
Le dernier terrier d’Andelot avait été confectionné en l'an 1500 et diverses circonstances avaient contribué à rendre la seigneurie d’un faible rappor@ {environ 3000 livres par an). On se rappelle que le roi d'Espagne l'avait confisquée en 1572 sur l’Amiral et qu'elle n'avait été restituée qu’en 1617 à son fils Charles, lequel s’en était dessaisi douze ans plus tard en faveur de son cou- sin de Cressia. Puis, elle avait été ruinée et dépeuplée par les Français de 1637 à 1644 et Joachim de Coligny, étant le dernier de sa branche, n’avait tenu que médio- crement à ses droits. Enfin, elle avait passé en 1665 à la famille de Langeac qui, n’y résidant pas et songeant à la vendre, s’en était fort peu occupée. D’une part, les sujets avaient perdu l'habitude de s'acquitter régulière- ment et complètement de leurs redevances ; d’autre part, plusieurs communautés d’habitants s'étaient em- parées de bois appartenant au seigneur. En 1719, Gaspard Guyénard demanda au roi l’autorisation de renouveler son terrier, « car, écrivait-il, avec le terrier de 1500 je ne jouis que de la moitié de mes droits. » Cette autorisation lui fut accordée en 1720. Les recon- naissances des censitaires de la seigneurie d’Andelot furent passées à partir de 1723 par devant Benoît Martel, de Marigna, et Claude-Antoine Dubois, de Coligny, notaires et commissaires à terrier. Il n’y avait alors qu’une trentaine de feux à Nantey. Environ 25 chefs de famille et le curé passèrent reconnaissance au seigneur en 1723 et le reste de la seigneurie fit de . même les années suivantes. Le nouveau terrier d’An- delot qui contenait 546 feuillets fut terminé en 1726.
En somme, depuis l'année 1650 où Nantey avait commencé à se repeupler, les habitants de ce village n'avaient payé au seigneur ni le cens ni les autres
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redevances, À peine la partie du terrier relative à Nan- tey était-elle achevée que Gaspard Guyénard résolut de recouvrer les arrérages. Il était en droit de réclamer 29 années de cens et 5 années de blairie, prothie- avénerie, gelinage et corvées. Il le fit, mais les habi- tants ne se résignèrent à payer qu'après y avoir été condamnés, en 1724, par une sentence du bailliage d'Orgelet. | | La même année 1723, Gaspard Guyénard voulut profiter .des avantages que l’'Ordonnance royale des Forêts de 1669, publiée en Franche-Comté en 1694, accordait aux seigneurs haut-justiciers. On y lisait : « Les bois et pâturages communaux ont appartenu pri- mitivement au seigneur qui en a concédé la jouissance aux habitants soit gratuitement, soit moyennant une redevance, tout en restant co-usuüfruitier desdits biens. Si ces bois et pâturages sont de la concession gratuite des seigneurs, le tiers en pourra être distrait à leur profit, en cas que les deux autres tiers suffisent pour l'usage de la communauté d'habitants. Sinon, le partage n'aura pas lieu. Il n'aura pas lieu non plus, si la con- cession a été onéreuse. Les seigneurs qui auront leur triage ne pourront plus rien prétendre sur la part des habitants et n'y auront plus aucun droit d'usage, de chauffage ni de pâturage ; elle demeurera donc à la communauté franche et déchargée de tout usage et de toute servitude. Toutefois, le seigneur y conservera les droits de justice et de chasse. » Les habitants et com- munautés de Nantey et d'Ecuiria s’opposèrent au triage et Gaspard Guyénard les fit assigner à comparaître par devant le grand maître des Forêts à Besançon, mais ils se ravisèrent en 1724. Cette année-là, Gaspard Guyénard les quitta du droit de pain aux chiens moyen- nant la prestation annuelle d'une mesure d'orge par feu. De leur côté, ils reconnurent devoir au seigneur tous
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les droits spécifiés dans le dénombrement de 1719, et, consentant au triage, ils relâchèrent au seigneur deux cantons de bois, l’un en Dorey, l’autre sur Montmain, avec les parcelles de communes cultivées situées dans ces cantons et aussi avec la carrière dudit Montmain où, cependant, ils pourraient continuer à prendre des pierres, mais seulement pour leur usage. Et, en consi- dération de ce que le- seigneur voulait bien se contenter de cette part pour son tiers et se désister de tous droits d'usage, parcours et triage dans le surplus des bois et pâtis communs, ils s'engagèrent à lui payer la tâche de toutes les communes alors en culture et à solliciter son autorisation quand ils voudraient faire de nouveaux défrichements, exploiter leurs bois ou en vendre le produit à des étrangers. Toute infraction à ces sou- missions devait être punie d’une amende de 10 livres au profit du seigneur. Le canton de Dorey, cédé par Nantey ct Ecuiria au seigneur exerçant son droit de triage avait une étendue d’environ 55 arpents(1), 28 hec-. tares). Il touchait au nord et au sud le canton du même nom relâché par Andelot, à l’est la Combe aux Roux, à l’ouest le chemin d’Andelot à Nantey et les communes de ce dernier village. Quelques mois après avoir passé l’accord dont nous venons de parler, les habitants de Nantey offrirent à Gaspard Guyénard de lui céder à la place du canton de Montmain celui de « vers Charnay ou des Embouchoirs » qui avait environ 2 arpents et était contigu à sa forêt banale dite en Charnay. Gas- pard Guyénard accepta, mais en exigeant que la carrière de Montmain lui restät aux conditions ci- dessus. |
En 1732, les habitants et communauté de Nantey demandèrent à être relevés des reconnaissances de
" (1) L'arpent de France équivaut à 51 ares, tandis que celui de Franche-Comté équivaut à 43 ares,
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1723, alléguant que s'ils avaient reconnu devoir au sel- gneur la quotité de cens qu'il leur réclamait, ainsi que les droïts de blairie, prothie-avénerie, etc., ç'avait été par erreur ou par surprise. Bref, ils demandèrent à être remis dans l’état où ils se trouvaient avant lesdites reconnaissances. Ce procès dura jusqu'à la fin de 1735 où, prévoyant qu'ils le perdraient, ils se soumirent aux conclusions prises par le seigneu.
En 1734, les habitants et communautés de Nantey et d’Ecuiria refusèrent de payer la tâche, à moins que le seigneur ne renonçât à son triage, et alors commença un nouveau procès qui aboutit à une sentence les con- damnant à exécuter la transaction de 1724.
En 1733, la route de Bourg-en-Bresse à Lons-le- Saunier fut autorisée par le Conseil du Roï et on l'ouvrit l’année suivante au moyen de corvées imposées aux cultivateurs de la région.
En 1734, les habitants de Nantey et d’Ecuiria s'avi- sèrent de faire une coupe de deux arpents dans le bois que le seigneur possédait à la Grande Combe aux Roux près de Vessia et, en outre, de n’y laisser pour baliveaux que des trembles, des charmes et quelques mauvais chênes. Le délit était double et huit des coupables, que les gardes avaient pris sur le fait, reçurent assignation à comparaître par devant le juge d’Andelot. Ils furent aussitôt soutenus par les communautés de Nantey et d'Ecuiria qui prétendirent que le bois en question était leur propriété, que l’exploitation avait eu lieu confor- mément à l’'Ordonnance et que, si des dégâts avaient | été commis, ils étaient imputables aux graungers de Gaspard Guyénard à Vessia. Nous ignorons quelle fut l'issue de ce procès.
En.1736, la communauté de Nantey en un bois et pâtis de 3 hectares !/, situé au lieu dit « vers Char- nay » contre une terre et hermiture de même contenance
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appelée la Grande Combe ou les Aveiniers, laquelle dépendait de la grange du seigneur à Vessia.
En 1744, la seigneurie d’Andelot, qui alors rappor- tait près de 7.000 livres par an. fut érigée en marquisat en faveur de Gaspard Guyénard et de ses descendants. La même année, il obtint du roi l'établissement de trois foires par an à Andelot : elles se tinrent dans un pâtu- rage communal au sud du château.
En 1747, on ouvrit la route d'Orgelet à Saint-Amour qui fut construite au moyen de corvées imposées par le roi äux cultivateurs demeurant dans un rayon de 4 lieues des travaux à entreprendre.
En 1756, Gaspard Guyénard sollicita auprès de l’in- tendant de Franche-Comté l'autorisation de percevoir dans sa seigneurie d’Andelot le droit d’aide à l’occasion du mariage de sa fille Marie Amédée avec Alexandre- César de Seyturier. L’intendant condamna les habitants à payer au seigneur d’Andelot 3 livres par feu. De plus, chaque communauté fut tenue de payer 3 livres 15 sols pour sa part des frais d'assignation, de copie, de contrôle, etc. A cette date, on comptait 45 feux à Nantey, 8 à Ecuiria, 42 à Andelot, 21 aux Granges de Nom, 13 à Florentia, 13 à Epy, 10 à Tarcia, 16 à Lanéria, 25 à la Balme, 30 à Senaud et 12 à Civria. Ainsi, les noces de Mademoiselle Guyénard coûtèrent 138 livres 15 sols à Nantey, 27 livres 15 sols à Ecuiria, et 746 livres à toute la seigneurie.
En 1759, la seigneurie d’Andelot n'avait plus que six arrière-fiefs, hormis les dimes inféodées, car Gas- pard Guyénard avait acquis en 1713 l’ancienne rente de Morel possédée par Joseph du Saix, baron de Vire- châtel ; en 1757, l'ancienne rente de Beyne ou de Chambéria appartenant à Claude-Louis-Maximilien, baron d'Iselin de Lanans, et, à des dates que nous BHOTOnE, les rentes dites de la Bévière, de la Tour, de
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Malaval, de Vellières et de Montrichard. Des six petites rentes nobles en question, trois se trouvaient à Senaud, deux à Civria et une à la Balme.
En 1760, Me Méallet de Fargues, évêque de Saint- Claude, visita l'église de Nantey.
En 1770, Thoissia fit mesurer son territoire et les communautés de Nantey et d’'Ecuiria lui intentèrent un procès au sujet des bornes de celui-ci. Les experts conclurent en faveur de Thoissia et les frais de ce procès qui dura quatre ans s’élevèrent à 389 livres dont Ecuiria paya le quart et Nantey les trois autres quarts.
En 1776, Gaspard Guyénard mourut dans son hôtel à Coligny et fut enterré dans la chapelle Sainte-Marie- Madeleine de l'église d’Andelot. Les curés d’Andelot, de Nantey, d'Epy, de Civria et de Gigny-Véria assis- tèrent à son convoi. Son fils Joachim, ancien prévôt de la maréchaussée de Bresse, fut après lui seigneur et marquis d’'Andelot, mais 1l le fut peu de temps puisqu'il décéda à Andelot en 1780, laissant trois enfants : Jeanne-Antoinette, Gaspard-Amédée et Henry-Victor âgés respectivement de 14, 13 et 11 ans. Quelques mois après la mort de Joachim CU sa femme perdit la raison. ‘
En 1778-79, le territoire de la communauté de Nantey fut mesuré. Cette opération fut faite à la demande des | habitants par l’arpenteur de la Maitrise des Forêts de Poligny, principalement pour que les commis pussent répartir les impôts avec équité. Le sol fut mesuré à la perche de 9 pieds !/ (3 mètres 146), pied ancien de Comté (0 m. So le journal contenant 360 perches carrées.
En 1780, la coupe du bois de réserve de Nantey d’en- viron 55 arpents (28 hectares) fut vendue aux enchères moyennant 6765 livres. Une grande partie de cette somme servit à réparer l’église, le presbytère et le clocher,
250 Du 25 mai au 17 juillet 1783, la variole enleva neuf | jeunes enfants de Nantey et, le 6 juillet de la même année, on ressentit dans ce ee un léger tremble- ment de terre vers 10 h 1/, du matin.
En 1789, la communauté de Nantey sollicita auprès de l’intendant de Franche-Comté l'autorisation de faire - mesurer de nouveau son territoire, pour la raison que le registre d’arpentage de 1779 contenait de nombreuses erreurs. | |
En 1790, Ecuiria s’unit à Nantey pour constituer une municipalité. En 1791, le domaine de la cure de Nantey fut vendu au profit de la Nation, ainsi que les fermes possédées dans ce village par les Visitandines et les Augustins de Saint-Amour. Dans l'été de la même année, douze jeunes enfants de Nantey moururent de la le
En 1792, Gaspard-Amédée Guyénard, marquis d’An- delot, capitaine d’artillerie, partit pour l'Allemagne afin de servir dans l'armée de Monsieur et du comte d'Artois. L'année précédente, son frère Henry-Victor s'était embarqué en qualité d’enseigne sur un vaisseau marchand se rendant en Chine, mais ce vaisseau avait dû se réfugier aux Etats-Unis et Henry-Victor était _ resté dans ce pays où il s’adonna d'abord à l’agricul- ture. Ils furent tous les deux inculpés d’ émigration et, par suite, leurs biens furent confisqués.
En cette année 1792, la municipalité de Ne négligea de solliciter auprès des administrateurs du : département du Jura la restitution des bois que la communauté avait relâchés à Gaspard Guyénard lors du triage et les habitants de ce lieu se hâtèrent d’ex- ploiter ou plutôt de ravager les bois en question. Ils _coupèrent en 1792 plus de 21 hectares en Dorey.
: En 1793, madame Guyénard d'Andelot et sa fille furent enfermées quelque temps, comme suspectes,
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dans l’ancien monastère des Visitandines de Saint: Amour. Au mois de novembre, pendant leur détention, - les habitants d'Andelot, de Nantey et d’autres villages de la seigneurie s’emparèrent des archives du château et, les ayant portées dans un champ d’Andelot appelé « aux Croix », ils les jetèrent dans un grand feu autour duquel ils dansèrent en chantant la carmagnole.
En 1794, la grange de Vessia appartenant au marquis d'Andelot fut vendue au profit de la Nation.
En octobre 1795, comme les habitants de Nantey avaient besoin de fagots pour sécher leur blé de Turquie, la municipalité les autorisa indûment à couper le bois seigneurial situé derrière la Caronnière (ou sur la Combe aux Roux).
En 1797-98, ils coupèrent trois hectares du canton de Dorey qu’ils avaient jadis relâché au seigneur lors du triage. L’Administration des Forêts s’émut -de cette nouvelle entreprise et le garde-général d'Orgelet fut envoyé pour constater le dégât. « Ce bois, lisons-nous dans son procès-verbal, appartient à la Nation aux droits de l'émigré Guyénard. Avant que les habitants s’en emparassent, il se composait des plus belles essences et était du meilleur rapport. Ils l’ont exploité en 1792, sans y réserver aucun baliveau. Depuis, ils y ont mené paître journellement le bétail. Hs arrachent aujourd’hui les souches sur une grande étendue du côté du nord. Bref, la majeure partie de ce bois ne présente plus maintenant que la surface la plus aride par suite de l’extirpation et du pâturage. »
En 1800, les limites de Nantey du côté d’Andelot n'étaient pas encore fixées. |
Vers 1800, Henry-Victor Guyénard était devenu capi- taine dans la marine marchande des Etats-Unis. En 1802, son frère Gaspard-Amédée quitta l’Allemagne pour aller le rejoindre et il l’accompagna en 1804
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à Bordeaux où il mourut sans alliance. Henry-Victor, qui s'était marié aux Etats-Unis, décéda pendant une de ses traversées, en 1813, laissant deux filles en bas âge. |
En 1803-1804, les habitants de Nantey voulurent faire une nouvelle coupe dans le canton de Dorey relâché jadis au seigneur lors du triage, mais le Conseil de Préfecture, considérant que ce boïs et celui des Embou- choirs appartenaient à l'Etat, interdit la coupe projetée.
En 1809, le tribunal de Lons-le-Saunier décida que, puisque la commune de Nantey avait négligé de faire les démarches nécessaires dans le délai prescrit, elle avait perdu tous ses droits aux forêts relâchées lors du triage, et il la condamna non seulement aux dépens de l'instance, mais encore à une amende de 880 francs ‘envers l'Administration des Domaines pour les coupes faites induement, le tout montant à environ 1200 francs, _ somme que le roi voulut bien réduire au tiers en 1823.
En 1810, l'Etat vendit à deux particuliers au prix de 9980 francs les 28 hectares 63 ares de bois situés en Dorey et vers Charnay qui provenaient du triage de 1724. |
En 1826, Mlle Guyénard d’Andelot, qui jusque-là avait vécu au château d’Andelot avec sa mère, le vendit à M. Viot, directeur des Contributions Directes de l’Ain, et toutes les deux allèrent habiter Bourg, où elles mou- rurent dans la pauvreté, la fille en 1831, la mère en 1832.
On se souvient que, en 1666, Nantey et Ecuiria avaient cédé à Marc Perrodin une partie du bois du Ban en lui imposant certaines servitudes. Pendant longtemps lui et ses descendants laissèrent ledit bois monter en futaie pour que les habitants de ces deux villages pussent y faire paitre leur bétail, mais vers 1813 ils transformèrent la futaie en taillis, et dès lors le
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pâturage y devint impossible. Le conseil municipal de Nantey délibéra souvent sur cette affaire qu'il exposa plusieurs fois au préfet du Jura, notamment en 1822 et en 1832, en demandant que les Perrodin fussent obligés soit à rétablir la futaie, soit à payer une indemnité à la _ commune dans le cas où ils voudraient maintenir le taillis, soit enfin à rétrocéder ledit bois au prix d'achat. Le conseil municipal avouait ingénument que cette dernière solution lui paraissait la meilleure, mais sa demande fut rejetée définitivement en 1836.
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. CHAPITRE Il.
Territoire et Population.
Nous allons étudier le territoire de Nantey-Vessia et d’'Ecuiria, mais pour la commodité du lecteur, nous compterons par hectares bien qu'avant la Révolution on comptât par journaux pour les champs, par soitures ou fauchées pour les prés, par ouvrées pour les vignes et par arpents pour les bois. La soiture équivaut, comme le journal, à 35 ares 64 ; celui-ci se divisait en 4 mesures ou en 8 ouvrées.
Il est à peu près certain que, jusque vers le xvir1”° siècle, la population de Nantey-Vessia et d'Ecuiria fut d’ordinaire inférieure à cent habitants. Le territoire est de 640 hectares ; à peine le sixième du sol est de bonne qualité; un autre sixième est de qualité médiocre. Etant peu nombreux, les habitants de Nantey- Vessia et d'Ecuiria ne cultivèrent jusqu'au xvi11”* siècle que la meilleure partie du territoire, c'est-à-dire environ 200 hectares auxquels il faut ajouter une centaine d'hectares de mauvais champs et prés entremêlés parmi les autres. C'étaient là les fonds anciens, appelés cen- sables et décimables parce que leurs tenanciers de- valent, à cause d’eux, le cens au seigneur, et la dîime au curé. Tout le reste du territoire, c'est-à-dire 340 hectares, n’était que bois, broussailles et pâtis. De ces 340 hectares une vingtaine seulement appartenaient à
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des particuliers. Quant aux 320 autres, les habitants en jouissaient pour le chauffage de leurs maisons et le pâturage de leur bétail conjointement avec le seigneur qui en était le véritable propriétaire (bois communs, landes communes;. Par suite de la mauvaise exploita- tion, des larcins des hommes et des ravages du bétail, l'étendue des bois communs diminua constamment jus- qu'au xix”° siècle. |
Dès la fin du xvne, la population de Nantey-Vessia
et d'Ecuiria s’accrut année en année et, vers 1750, _elle était presque trois fois plus nombreuse qu’en 1614. Aussi, les habitants pauvres, et la plupart d’entre eux l’étaient, se procurèrent ils des champs en défrichant, avec la permission du seigneur qui l’accordait moyen- nant un droit d'entrage de deux poules, des parcelles de landes communes. Ces nouveaux champs qui por- taient le nom de novales, feuillées ou fouillées, essarts, communes, etc. devaient chaque année au seigneur une prestation appelée tâchè et la dime novale au curé. Plus de cent hectares de landes communes furent défri- chés de 1700 à 1724, de sorte que, à cette dernière date, 1l n’y avait plus qu'environ 210 hectares de bois et de pâtis communs. Ils furent réduits à 180 par le triage de 1724. Notez que beaucoup de gens faisaient « feuillée » sans permission, s’exposant ainsi à l'amende de 60 sols, et que souvent ils ne cultivaient leurs « communes » que deux ou trois ans, les abandonnant pour faire feuillée ailleurs, quand le sol était épuisé. Remarquez en outre que, avant le triage de 1724, les possesseurs de parcelles de communes défrichées obte- naient assez fréquemment du seigneur que la tâche fût convertie en cens, par conséquent que l'essart devint fonds ancien. Ainsi, en 1715, le seigneur abergea à perpétuité à un habitant de Nantéy un canton de com- munes de près d’un hectare situé sur la Rochette, près
de Vessia, sous le cens annuel de 10 mesures(1) de froment, 3 rez d'avoine et une poule. Une fois le triage effectué, il fut interdit d'amoindrir les communaux par de nouveaux défrichements, mais la communauté d’habi- tants eut le droit d'en amodier des parcelles à son profit pour une durée n’excédant pas trois ans. Malgré cette interdiction, lés habitants continuèrent à faire feuillée de leur propre chef. En 1771, deux laboureurs de Nantey se plaignirent à l’intendant de Franche- Comté de ce que nombre d'habitants de ce village et d’Ecuiria avaient anticipé sur les communaux. L'année suivante, l’intendant fit mesurer ceux-ci et ordonna à 34 inculpés de produire leurs contrats de louage. Seuls trois d’entre eux purent prouver que les communes qu’ils cultivaient avaient été louées de la communauté par devant notaire. Aussi les 31 autres furent ils con- damnés d’abord à déguerpir des terrains usurpés, ensuite à restituer à la communauté la valeur de ce qu'ils y avaient récolté depuis leur usurpation, enfin à payer les frais de l'instance. Les fonds en question for- maient une étendue d'environ 8 hectares. La commu- nauté les laissa retourner à l’état de pâturages, excepté un hectare et demi ou deux qu’elle amodia à son profit par adjudication des officiers de la justice d’Andelot. On a vu plus haut que, en 1789, il ne restait plus aux communautés de Nantey-Vessia et d’Ecuiria que 180 hectares de-boïis et pâtis communs, c’est-à-dire environ la moîtié de ce qu'elles avaient eu ancienne- ment. Mais, dans ces 180 hectares, quelle était l’étendue des bois et celle des pâtis? Jusqu'à la Révolution et
(1) La mesure de froment du bailliage d'Orgelet pesait 30 livres et équivalait à notre double décalitre, mais la mesur, d'Andelot qui servait dans la seigneurie de ce nom pour la recette des cens n’en pesait que 24. Le rez d’ avoine ou boisseau ras pesait à Dre! de 16 à 17 Hvres, |
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pendant celle-ci, les habitants conservèrent la pérni- cieuse habitude non seulement de ne pas soigner, mais encore de ravager leurs bois et pâtis communaux. Ils enlevaient la terre des pâtis pour la porter dans leurs champs, ils y creusuient ça et là des carrières, ils exploitaient mal les bois, ils y menaient leur bétail et ils les pillaient journellement. En 1724, une moitié du bois de Montmain était encore en bon état; vingt ans plus tard, on n’y voyait qu’une lande Roieie d’ arbre seaux. En 1748, l'Administration Forestière estimait que les bois communs avaient une étendue de 138 hec- tares, mais elle avait compté comme tels plus de 50 hectares de broussailles, ct les ravages continuèrent si bien que, de l’aveu même des habitants, ils étaient en 1790 tout rabougris et abroutis en tous endroits. En 1830, on jugeait qu’il y avait 67 hectares !/, de bois et 119 hectares de pâtis communs. ‘Présentement, on compte 65 hectares de bois et 114 hectares de pâtis. Ces bois sont dits: des Cheneviers (19 hect.), du Ban (15 hect.), de la Rippe (13 hect.), sur les Monts (13 hect.), de la Combe Broumau (3 hect.), sur Turia (1 hect. 75) et sur le Molard (20 ares). |
D’après le livre d’arpentage de 1779 et les rensei- gnements que nous venons de fournir, le territoire de Nantey-Vessia et d’'Ecuiria (640 hectares) se décompo- sait, en cette année-là, de la manière suivante: 1° terres labourables de Nantey-Vessia, 277 hectares ; d'Ecuiria, environ 16 hectares ; — 2° parcelles de communes défrichées, environ 100 hectares ; — 3° prés de Nantey- Vessia, 15 hectares ; d'Ecuiria, 1 hectare ; — 4° bois particuliers de Nantey-Vessia, 18 hectares ; d'Ecuirià, 1 hectare ; — 5° bois cédés au seigneur lors du triage, environ 30 hectares ; — 6v bois et pâturages communs, 180 hectares.
En 1779, le nombre des al pièces de terre était
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encore assez considérable. La grange du marquis d’Andelot à Vessia comprenait notamment un champ de 11 hectares ‘/,, un de 10, deux de 3, un de 2 !/, et un _ de 2 qui étaient aux deux tiers de bonne qualité. À Nantey, les grands champs étaient mauvais ou mé- diocres : le plus étendu, situé aux Routes, avait près de 6 hectares. Venaient ensuite trois champs de 2 hectares (aux Pies, en Charnay et en Darbon) et 34 d’un hectare. Au contraire, en l'an 1500, il y avait encore à Nantey ‘de grandes pièces de terre de bonne qualité : une de 2 hectares aux Courambles, une autre aux Voirat, etc. En 1779, on ne rencontrait à Nantey que quatre par- celles de pré un peu étendues. La plus vaste, qui avait 70 ares, se trouvait « au Grand Pré » (1) et appartenait au marquis d’Andelot.
En 1779, les bois particuliers étaient : celui du marquis à Vessia (11 hectares), celui des Perrodin appelé aussi la Petite et la Grande Combe (près de 5 hectares), celui de derrière la maison de François Janin (70 ares), enfin de très petits taillis situés en Tarantin, sous Tarantin, à Montrochat et derrière ia Creuse.
Le marquis, le curé, les Visitandines, les Augustins, les Chartreux, le notaire Cochet et le sieur Bouquerod possédaient les ?/, des prés et presque tous ceux qui étaient bons. Ils possédaient, d'autre part, le tiers des bons champs et des champs médiocres et seulement le neuvième des mauvais. Ainsi, la population n’avait que fort peu de prés, presque tous médiocres ou mauvais ; elle avait seulement les ?/, des champs bons ou médiocres ct la plupart des champs de mauvaise qualité.
(1) On dit aujourd'hui En Haut de la Rivière. Le canton du Grand-Pré s’étendait entre le cours de la Doye, le chemin de Florentia et celui d'Epy. Il avait été dénommé ainsi à cause de la grande parcelle du marquis, mais sa partie orientale était souvent appelée « vers le vieux moulin, » |
—— 39 —
En 1779, on ne trouvait à Nantey que ciiq cultivateurs qui fussent aisés. Ces cinq prepriétaires (tous des Janin)
avaient chacun de 3 à 4 hectares de bonnes terres et de .
1 hectare !/, à 2 h. !/, de terres médiocres, avec quel- ques petits prés. Tous les autres cultivateurs, au
nombre d’une cinquantaine, étaient fort pauvres ; plus
de 30 d’entre eux n’avaient aucune parcelle de pré. Mais qu'était le domaine de chacun de ces cinq cultiva-
teurs aisés en comparaison de celui du marquis à
_ Vessia avec ses 13 hectares de bons champs et ses
20 héctares de champs médiocres : de celui des Visi-
tandines qui comprenait 7 hectares de bons champs et 3 hectares de médiocres ; de celui des Augustins où
l'on comptait 5 hectares ?/, de bons champs et 2 hec-
tares de médiocres. Celui de ces cinq cultivateurs aisés qui possédait le plus de prés en avait 27 ares de bons et 12 de médiocres, tandis que le marquis en possédait
89 de bons et plus de 100 de médiocres ; la Visitation, 80 de bons et 150 de médiocres ; le notaire Cochet,
80 de boris et plus de 100 de médiocres ; les Augustins, 53 de bons et 47 de médiocres.
En 1791 et en 1794, la République vendit jee biens
du curé, des Augustins, des Visitandines et du marquis d’ Andelot, lesquels étaient devenus biens nationaux, et ils furent achetés moyennant quelques poignées d’assi- gnats par les paysans de Nantey. Une soixantaine
d'hectares de terres labourables, dont la plupart étaient
bonnes, s’ajoutèrent ainsi à leurs champs, maïs comme la population n'était pas alors beaucoup plus nombreuse
qu’en 1779, elle .abandonna la culture d’autant d’hec- - tares de « communes » mauvaises ou très médiocres.
Aussi voit-on que, en 1830, le territoire de Nantey- Vessia-Ecuiria se décompose à peu près de la même façon qu’en 1779, excepté que, en 1779, il y avait environ 400 hectares de terres labourables (communes
/
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comprises) sans aucunes landes particulières, tandis e, ‘en 1830, on trouve 330 hectares de champs
t environ 60 hectares de landes particulières.
Présentement, ledit territoire se décompose ainsi: 1° Terres labourables, 156 hectares ; — 2° prés, 54 h. 40 ; — 30 vignes, 54 ares ; — 4° jardins, 1 h. 61; — 5° landes particulières, 201 hectares ; — 6° bois par- ticuliers, 45 hectares; — 7° jandes communales, 114h.; 8& bois communaux, 65 hectares.
On remarque que, de 1830 à 1924, la surface labourée a passé de 330 hectares à 156. Cette diminution de plus de moitié résulte de ce. que la population diminua, elle aussi, de plus de moitié. Des 174 hectares soustraits à la charrue, 38 furent transformés en prés lorsque l’éle- _vage du bétail rapporta plus que la culture du blé; un demi hectare fut mis en vignes, et le reste (136 béctares) devint friche particulière. An il ya présentement à Nantey- -Vessia-Ecuiria 200 hectares de terres incultes qui jadis étaient cultivées.
Lieux dits. — La désignation des divers cantons du territoire de Nantey-Vessia-Ecuiria offre les mots sui- vants dont nous indiquons le sens: Aiïlle ou Haye, syno: nyme de haie, de hallier : longeaille signifie longue
haie, long hallier. — Ar giln, terre argileuse. — Avei-
nier, champ d’ avoine, — Ban, proclamation pour ordonner ou pour défendre; le bois du Ban est donc celui dont l'usage est interdit aux hommes et au bétail. — Bourbouillon, source qui ne jaillit qu'après de fortes pluies. Ce mot provient, comme Bourbince, Bourboule,
Bourbon et Bourbonne, d'une racine gauloise qui
exprime l'idée de se gonfler, de bouillir, de: bouillonner. _— Caronnière, lieu “dont le sol contient des fragments de tuiles et de carreaux. — Carouge, synonyme de car- refour. — Chanelet, dérivé de Chêne. — Charnay, nes
— hi —
nyme de charmoie. — Charpine, synonyme de charme. — Chenevier, chenevy, synonyme de chenevière, de petit champ très fertile. — Combe, combey, combette, synonyme dé petit vallon, — Contour, champ sur le- quel aboutissent perpendiculairement d’autres champs ; lorsqu'on laboure ceux-ci, c’est sur celui-là qu’on tourne la charrue. — Creuse, abréviation de vie creuse, che- min encaissé et raviné. — Culée, endroit qui n'a pas d’issue ou-semble n'en pas avoir. — Essart, parcelle de bois ou de pâtis défrichée. — Embouchoir, synonyme d'entonnoir ; c’est l’orifice circulaire d’un profond et étroit canal allant de la nappe d’eau souterraine à la surface du sol. — Fin, portion de territoire. — Feuillée ou fouillée- synonyme de défrichement. — Fourches, - synonyme de potence. Il est probable qu’un gibet sei- gneurial s’éleva jadis au lieu dit en Fourché et que les suppliciés étaient enterrés, non loin de là, au Martera. Ces deux endroits sont situés dans la direction de Senaud. — Gouilla, synonyme de mare. — Grange, synonyme de ferme, de métairie. — Groin, rocher sail- lant. — Lie, synonyme de laie, chemin forestier. — Martera ou marteray, cimetière de suppliciés. —- Mo- lard, synonyme de tertre. — Pérou, synonyme d’ancien chemin. — Pie, synonyme de parcelle de bois. — Peil- leux, ancicn mot signifiant déguenillé (peille était le synonyme de guenille), Un château peilleux, pillou ou pillot est donc un château en lambeaux, en ruine. — Rafour, synonyme de four à chaux; aux quatrôfous se traduit en français par : aux quatre rafours. — Rippe, ‘synonyme de taillis, de broussailles. — Rousses signifie roseaux, prairie marécageuse. — Teppe, synonyme de pâtis. — Vie, synonyme de chemin. — Vulpillère ou verpillère, synonyme de renardière. Il semble que le mot Montrocha (Montrochay ou Mont- rachay, Montrochard) soit composé de mont et d'un
—
dérivé de roche. Deux autres côtes portent les noms de Cuvy ou Cuvier et de Dorey ou Durey (Durâya, Douréya, crêt de Dorà, la Doraille). Nous ne savons pas au juste quel est le sens de ces mots. Peut-être des hommes nommés Cuvy et Rey ontils défriché les pre- miers une partie de ces côtes boisées. A l'appui de cette hypothèse, on pourrait invoquer qu’il existe sur la côte de Dorey une vaste dépression appelée aujourd’hui combe de Santaré, mais qu’on appela jadis Champ-
terrey, Chantarey ou Champarey. — Il semble que Montmoin ou Montmain signifie mont du milieu, c’est- à-dire situé entre deux autres monts. — Si « Tarantin »
n'est pas composé du mot terre et d’un nom d'homme, il serait possible qu’il fût le diminutif de terreau, syno: nyme de fossé. — Combe du Derche ou du Derse se dit probablement pour combe de l’Erse, mais nous ignorons le sens de ce dernier mot et nous ne savons pas non plus pour quelle raison la, prairie de Darou (Dareu, Daru, Darau) a été appelée ainsi. — Beaucoup de cantons du territoire de Nantey-Vessia- -Ecuiria sont désignés par les noms de leurs anciens possesseurs dont plusieurs (Bailly, Claret, Guynard, Poncet et Vuaraz) vivaient en l’an 1500: Il n’est pas besoin d’ajou- ter que ces noms sont souvent défigurés par le patois. C'est ainsi que l'on dit combe Broumau au lieu de combe Bramard. | |
Population. — Parlons maintenant plus amplement de la population de Nantey-Vessia et d’Ecuiria à diverses époques. |
En 1614, Nantey-Vessia et Ecuiria cnptenaie 21 feux (environ 100 habitants), sans compter ” ménage du curé.
En 1657, treize ans apr ès la fin de la guerre d’exter- mination que les Français et leurs alliés avaient faite aux
[4
er gle
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_ Franc-Comiois, il n’y avait plus dans ces trois loca: lités que 11 feux, dont 8 à Nantey-Vessia et 3 à Ecuiria. On comptait alors à Nantey-Vessia, outre Îe curé et sa sœur, 6 hommes et leur femme, 2 veuves et 22 enfants, en tout 36 âmes ; à Ecuiria, 3 hommes, 3 femmes et 8 enfants, en tout 14 âmes.
En 1688, il y avait à Nantey-Vessia 16 maisons,. 16 feux et 60 âmes, savoir 13 hommes, 17 femmes, 25 enfants, 3 valets et 2 servantes ; et à Ecuiria, 4 mai- sons, 5 feux et 22 âmes, savoir ÿ hommes, 5 femmes, 11 enfants et 1 valet. |
La population de Nantey augmenta continuellement pendant le xvirie siècle. On y trouve environ 30 feux en 1723, environ 40 en 1/35, 45 en 1756, 50 et 231 âmes en 1767, 58 et 263 âmes en 1789, 56 et 256 âmes en 1790.
Quant à Ecuiria, cette communauté se composa, dans la seconde moitré du xvir1° siècle, d'abord de 6, puis de 7 ou 8 feux (c'est-à-dire de 30 à 40 âmes), non compris le ménage de chacun des deux grangers de M. Desglans. En 1789 et 1790, il y avait 11 feux et 44 âmes à Ecuiria.
À partir de 1790, Nantey et Ecuiria ne formèrent qu'une seule et même commune dont la population fut : en 1790 de 300 âmes, en 1794 de 310 et en 1803 de 335. Le chiffre de cette population diminua peu jusque vers 1855, puisque nous trouvons 332 âmes en 1812, 325 en 1821, 316 en 1831, 280 en 1837, 304 en 1841, 297 en 1846, et 292 en 1851. Mais il n’y avait plus que 265 habitants en 1856, 251 en 1861, 232 en 1866, 205 en 1876, 203 en 1881, 212 en 1887, 206 en 1895, 191 en 1897, 162 en 1902, 155 en 1910 et 134 en 1923.
Ainsi, présentement, le chiffre de la population est inférieur de la moitié à celui de 1856 et des deux cin- quièmes à celui de 1803. Il n’y a plus aujourd’hui que 2 ménages à Vessia et 4 à Ecuiria.
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Déjà en l’an 1500 des Payn et des Grossel (Pan et Gurset) vivaient à Nantey. A la même date, un Bolo- mier y possédait des champs, mais demeurait à Flo- rentia, et il existait des Vieux à Andelot. Les familles Bouvier, Gauthier et Janin sont établies aussi depuis longtemps, la première à Ecuiria et les deux autres à Nantey.
CHAPITRE III.
Fiefs et censives. | Condition des habitants. — Droits féodaux. | La Justice d’Andelot.
Le seigneur d’Andelot était haut, moyen et bas justicier dans toute l'étendue de la seigneurie de ce nom, c'est-à-dire à Andelot, à Nantey-Vessia, à Ecuiria, à Epy, à Tarcia, à la Balme, à Lanéria, à Senaud, à Florentia et à Civria-Nord, mais à Avenans, dont il était pourtant seigneur censier, la haute justice appartenait depuis 1670 au sieur Michaud, seigneur de la Tour (à Coligny}et d’Avenans, lequel l'avait acquise en ladite année.
En 1719, le seigneur d’Andelot (Gaspard Guyénard) n'était pas seigneur censier dans toute l'étendue de sa : * seigneurie. Par exemple, à Nantey, Vessia et Ecuiria, une partie seulement des héritages lui devaient le cens; les autres biens-fonds le devaient soit au seigneur de Saint-Julien (M° de la Baume-Montrevel), soit au seigneur de la chevance de Beyne au Val d’Epy (Gabriel-Philibert de Joux de Grammont, baron de Châtillon-Guyotte), soit à un troisième seigneur dont nous ignorons le nom.
Le fief d’Andelot, fief avec justice et corps principal, c’est-à-dire avec château et terre noble, avait donc trois arrière-fiefs situés sur Nantey, Vessia et Ecuiria,
hé — Chacun de ceux-ci ne consistait qu’en une rente noble, c’est-à-dire en des cens dûs par les tenanciers de meix roturiers, cens portant d'ordinaire les droits de lods, ventes et retenue, Ces trois arrière-fiefs étaient celui des Saint-Julien à Vessia, celui de Beyne au Val d'Epy et celui de N... à Ecuiria et à Nantey.
Arrière-fief dit des Saint-Julien à Vessia. — Il se composait des cens dûs par le tenancier de l’ancien meix de Vessia qui comprenait en 1689 huit corps de logis, un verger d’un journal, plus de 30 hectares de ns labourables situées non loin des bâtiments et 4 ou 5 charrées de foin près de la doye de Nantey. Presque tous les champs de ce meix étaient étendus : le plus grand se trouvait en la Fin de la Fontaine et avait Q hectares ; venaient ensuite deux terres de 3 hectares t/, assises en la Combe Barille et en la Grande Combe vers les Aveiniers ; trois de 2 hectares !/, situées Vers la Grange, en la Fin de la Fontaine et en la petite Combe aux Roux ; deux de 2 hectares, aux Teppes et au Champ du Four ; enfin,trois d’un hectare,
‘à la Fontaine du Bois, sur la Rochette et en la Côte de
la Combe du Derche. Le tenancier du meix de Vessia ne devait annuellement au seigneur de Saint-Julien que 12 rez d'avoine, 12 gros vieux, une geline et une corvée de char, car il était astreint, en outre, à une prestation annuelle de 33 mesures de froment et de 32 gros vieux dont ce meix était grevé à perpétuité au profit du desservant de la chapelle Saint-Maurice, à Saint-Julien. Ladite chapelle s'élevait au lieu appelé la côte Saint-Maurice rière Villechantria et son desservant était à la nomination du seigneur de Saint-Julien. Comme elle se trouvait privée d’offices en 1533, Adrien de Vaudrey, seigneur de Saint Julien, en avait uni les revenus à ceux de la chapelle Saint-André sise en l église de ce F 0e: |
Goc gle
_ 17 à
Voici les seuls renseignements que nous ayons suf l’arrière-fief de Vessia. Dès avant l'an 1301 il appar- tenait à la famille du prévôt héréditaire de. Saint- Julien (1), des mains de laquelle il passa, vers 1470, au seigneur dudit lieu. En 1716, Gaspard Guyénard, contesta à M' de la Baume-Montrevel, seigneur de Saint-Julien, les droits de lods, ventes et retenue sur ceux des fonds de Vessia-Nantey dont les prévôts de Saint-Julien avaient été jadis seigneurs directs.Celui ci répondit que Vessia dépendait de la seigneurie de Saint-Julien, qu'il en était seigneur et que, quand même il ne le serait pas, il y posséderait lods, ventes, retenue et autres droits seigneuriaux, puisqu'il avait directe seigneurie sur les fonds en question et que le terme de directe seigneurie emportait ces droits dont il avait, du reste, toujours joui. On voit que le seigneur de Saint-Julien niait que sa rente noble de Véssia fût de la mouvance d’Andelot. La seigneurie de St-Julien fut acquise en 1734 par la famille de Lezay-Marnézia.
Arrière-fief dit de Beyne au Val d'Epy. — Cette rente noble fut possédée au xv° siècle par la famille de Bussy qui tirait son nom d'un fief situé près d’Izernore et por- tait : écartelé d’argent et d'azur. Gasparde de Bussy épousa Guy de Frangy, seigneur de Beyne près de Tre- nal, et dès lors la rente en question s’appela rente noble de Beyne au Val d'Epy. Les fils de Guy et de Gas- parde vendirent, au commencement du xvi° siècle, la rente de Beyne à Humbert de Binans, seigneur de Chambéria (Armes : d’azur à la bande crénelée d’or
{1) Le membre le plus remarquable de cette famille, qui vers 1430 devint française par un mariage, fut l'historien Pierre de Saint-Julien de Balleure, chanoine de Saint-Pierre de Mâcon et doyen de Saint-Vincent de Chalon (1520-1593). Les prévôts de Saint-Julien portaient, comme les Toulongeon : de gueules à trois jumelles d'argent.
= 48 —
äccompagnée de 6 ou7 croisettes pommetées de même, 3 ou 4en chefet 3 en pointe). Sa descendante, Adrienne- Thérèse, épousa en 1650 Jean-François de Joux dit de Grammont, baron de Châtillon-Guyotte, et lui apporta la rente de Beyne (Armes des Grammont : d'azur à 3 bustes de reines vêtues d'argent, chevelées et cou- ronnées d’or). Elle passa à leur fils Gabriel Philibert, puis à la fille de celui-ci, Marie-Charlotte, qui vers 1747 épousa Jean-Antoine du Chaylar et mournt sans enfant en 1750. Par suite d’un arrangement de famille la rente de Beyne arriva en 1752 à Claude Louis-Maxi- milien, baron d’Iselin de Lanans, lequel était fils de Péronne-Alexandrine, sœur de Gabriel-Philibert et épouse de Ferdinand d’Iselin. En 1757, Cl.-L.-M. d’Iselin vendit, moyennant 8.000 livres, ladite rente au seigneur d'Andelot. De la sorte, l'arrière fief de Beyne au Val d'Epy fut réuni au fief dominant et s’étei- gnit. | Cette rente se composait des cens et tailles dûs par les tenanciers de nombreux fonds épars dans toute la seigneurie d'Andelot. Il faut entendre ici par tailles l’aide féodale ès quatre cas qui, au xvi° siècle, consis- tait dans le doublement des deniers du cens. Observez que, si une partie de cette chevance, spécialement celle qui était située sur Nantey, Vessia, Ecuiria, Andelot et Avenans, relevait en fief du château d’Andelot, une aufre partie s'étendant ça et là sur Epy, Lanéria, Tar- cia, la Balme, Senaud, et Florentia était tenue en franc. _alleu « par acquisition faite vers l’an 1450 de Guillaume d'Andelot, seigneur de Coligny et d’Andelot » En 1718,
les cens de ladite chevance furent amodiés par devant notaire pour cinq ans à deux laboureurs de la région au prix de 260 livres par an. Les lods et ventes étaient affermés eux aussi. Au dire du seigneur d’Andelot, la partie de cette rente noble qui relevait de lui pouvait
= D — |
| produire par an 20 pareils (1) de blé de éens avec uñ peu d'argent, de vin, de cire et quelques poules. La chevance de Beyne s'était formée peu à peu de Ja réu- nion de plusieurs petites rentes nobles. Elle comprenait un grand nombre des héritages de Nantey-Vessia (prin- cipalement les anciens meix Bailly (2), Poncet, Cheva- lon, le Neussard) et aussi du village d'Ecuiria.
Arrière-fief dit des Civria. — Cette petite rente noble se composait de 8 mesures de froment, de 12 rez d'avoine, de 12 gros et de 2 poules, le tout valant envi- ron 25 francs et dû por les tenanciers de divers héri- tages d’Ecuiria et de Nantey. Elle appartenait en 1584 à Gaspard de Civria, seigneur de Civria, et en 1719 à un seigneur dont nous ignorons le nom. Il va sans dire que le possesseur d’un arrière fief aussi mince que celui- 1à n’en affermait pas le produit ; il se le faisait envoyer par les censitaires qui souvent n ‘étaient pas plus soi- gneux de payer qu'il ne l'était de rendre la foi et hom- mage au seigneur dominant.
Notez que, au xv° siècle, il y'avait à Nantey une rente noble qu’un ou plusieurs meix devaient au sieur d’Es: peisse dont la famille tirait son nom d’un fief assis près
de Bâgé-la- Ville.
{1) Le pareilse composait d'un quartal de froment. (8 mesures et d'un quartal d'avoine (12 mesures ou rez).
(2) En 1522, année où fut confectionné le terrier de la rente de Beyne qui fut brulé à la Révolution, le meix Bailly était tenu par une nombreuse famille portant ce nom. Il devait : 28 gros, 3 blancs, 24 mesures !/4 de froment, 36 rez 1/, d'avoine, 2 corvées de bras et 2 gelines.— Le meix Poncet était divisé en 6 parties. Quatre laboureurs de ce nom tenaient encore la moitié dudit meix qui devait environ 29 gros, 16 mesures de froment, 24 rez d'avoine, ? gelines, 2 corvées de bras et 2 livres de cire.— Quant au meix Chevalon, il $'était morcelé au point que tous les habi- tants de Nantey en tenaient une au plusieurs parcelles. Dans ce village, il n'y avait plus aucun Chevalon en 1522.
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= 50 Dans le même siècle, il y avait aussi à Nantey uné rente noble consistant en des cens dûs par plusieurs meix à demoiselle Jeanne de Dananche (meix de feu Perrenet Borron, de feu Borron de la Bigotte (1), de feu Perrenet Corbet, etc.). Elle était la dernière des- cendante d’une famille qui portait le nom d’un fief situé près de Bény. Märiée à Thibaut, seigneur d’Avanchy en Savoie, puis au seigneur d'Oyonnax, elle vendit le fief de Dananche en 1472. Les deux rentes nobles d'Espeisse et de Dananche furent acquises, peu avant l'an 1500, par le seigneur d’Andelot,.
Condition des Habitants. — Jusque vers la fin du xiv° siècle les habitants de Nantey, de Vessia, d'Ecui- ria, d'Andelot, d'Avenans et de Florentia furent serfs, c'est-à-dire qu’ils étaient assujettis à la mainmorte complète et à la taille serve. La personne sujette à la moinmorte complète avait le seigneur pour héritier de tous ses biens, lorsqu'elle décédait sans enfants com- muniers, sans parents communiers. Elle était appelée mainmortable ou lige. Quant à la taille serve, elle con- sistait dans le droit qu'avait le seigneur de frapper tous les ans d'un impôt arbitraire chaque faisant-feu. La personne sujette à la taille serve était appelée taillable. . Les serfs étaient, en outre, assujettis à faire autant de corvées que le seigneur leur en demandait, à ne pas se marier hors de la seigneurie et à résider constamment dans leur meix. En Franche-Comté, le serf qui voulait s affranchir, soi et sa postérité, devait délaisser au seigneur tous ses fonds de mainmorte et les deux tiers
(1) Un des chemins de Nantey s'appelle encore «de la Bigotte». 11 commence à celui des Essarts et aboutit aux champs dits < sur les Voirat ». — Le meix Perrenet Borron devait : 15 sols bons viennois, 4 mesures de froment, 6 mesures d'avoine, 1 geline, 1 corvée de bras et une avénerie de 3 rez.
de ses meubles. Dans les dernières années, probable- ment dans les vingt dernières années du xiv° siècle, les habitants desdits villages furent peu à peu affranchis par le seigneur. Ils devinrent liges-quittes ou liges- franés, c’est-à-dire que lorsque l'un d'eux décédait sans enfants communiers, sans parents communiers, le sei- gneur héritait de ses meubles, mais non de ses immeubles. En même temps, la taille serve et l'inter- diction du formariage furent. abolies et le nombre des corvées annuelles fut déterminé. Notez que ces avan- tages furent accordés par les seigneurs pour attirer des colons dans leurs terres dépeuplées par la peste noire de 1349 et ruinées par les courses des Routiers. Mais en affranchissant les habitants desdits villages de la taille serve et de la mainmorte des immeubles, le sei- gneur d’Andelot chargea chaque meix d'une prestation appelée prothie-avénerie et qui, à Nantey, à Vessia et à Ecuiria consistait en 3 rez d'avoine, une poule et une. corvée de bras pour faire les foins. L’habitant de Nantey, de Vessia ou d’Ecuiria qui tenait deux meix devait deux prothies-avéneries ; celui. qui ne tenait qu’une partie d'un meix ne devait qu'une partie d’une prothie-avénerie. Il en était encore ainsi en l’an 1500 dans ces trois villages, La mainmorte des meubles dis- parut après cette date, par rachat ou autrement. Au xvini° siècle, la prothie-avénerie avait cessé d’être un droit réel et était devenue un droit personnel dû par chaque faisant-feu. A Senaud, à Epy, à Tarcia, à Lanéria, à la Balme, à Civria et aux Granges de Non les censitaires du seigneur d’Andelot ne lui devaient pas de prothie-avénerie. Ils avaient sans doute obtenu, à une époque ancienne, d’être libérés de la mainmorte. et de la taille serve moyennant une augmentation du cens. Toutefois, une partie des habitants et des immeubles de la Balme étaient encore mainmortables
en 1719. D'un autre côté, l’on se souvient que, même at xvine siècle, il existait encore quelques alleux roturiers dans le Val d'Epy.
D'après ce que nous venons d'exposer, la population serve de la-seigneurie d’Andelot fut affranchie non‘pas en une seule fois de toutes ses obligations, maïs peu à peu d’une pa:tie de chacune de celles-ci. Elle arriva donc à la liberté par une série d’affranchissements géné- raux imparfaits ou plutôt au moyen du remplacement réitéré de charges anciennes plus lourdes par des char- ges nouvelles plus légères.
Droits féodaux. — Au xvnie siècle et au xvirre, les habitants et censitaires de Nantey, de Vessia et d'Ecui- ria n'étaient plus sujets qu’à la justice et à la police du seigneur d’Andelot, ainsi qu'aux charges suivantes :
ri Cens et servis ou redevances re en argent et en blé dues chaque année par les possesseurs des fonds tenus à cens.
_ II° Lods et ventes ou droit fixe dù au seigneur par l'acquéreur d'un fonds censuel pour la permission de le vendre (ventes) et pour l'approbation de l’achat (lods). Les lods et ventes se payaient à raison du sixième du prix porté dans le contrat.
I11° Retenue censuelle ou faculté que le seigneur avait pendant 40 jours, de se substituer à l’acquéreur toutes les fois qu'un fonds de sa censive était aliéné par vente ou par contrat équivalent à vente.
IV° Blairie et prothie-avénerie, redevances fixes dues annuellement au seigneur par chaque faisant-feu ; la blairie, à cause du blayer, espèce de garde champêtre établi et salarié par le seigneur ; la prothie-avénerie, probabiement en remplacement confus de la taille serve et de la mainmorte des immeubles. Pour la blairie, chaque ménage de Nantey, Vessia et Ecuiria devait 1/3
nr
de mesure de froment ; pour la prothie-avénerie, 3 rez d'avoine, une poule et une corvée de bras.
V° Corvées personnelles dues annuellement au sei- gneur par chaque faisant-feu à Nantey, Vessia et Ecuiria. L’habitant ayant un attelage devait 4 corvées de char ou de charrue '; celui qui n’en avait pas devait ° corvées de bras.
VI° Droit de cabri à Pâques, espèce de dime due annuellement au seigneur par quiconque tenait chèvres. |
VIE Pain aux chiens du seigneur en chasse;ancienne obligation commuée en 1724 en une mesure d'orge due tous les ans par chaque feu de Nantey, de Vessia et d'Ecuiria.
VIII° Aide ou taille féodale ès quatre cas, ou droit fixe (3 livres au xviri° siècle) dû au seigneur par tout justiciable faisant feu et ménage, lorsque celui-là allait en Terre Sainte, devait payer rançon pour sortir de la captivité où il était tombé en combattant pour le roi, était reçu dans le premier ordre de chevalerie du souverain ou mariait sa fille. Le seigneur nc pouvait lever qu’une fois dans sa vie chacune de ces quatre sortes d’aides.
IX° Droit d’entrage de deux poules dû au seigneur par toute personne recevant de lui la permission de défricher et cultiver une parcelle de communes.
X° Tâche ou redevance fixe en blé due chaque année, en guise de cens, par les parcelles de communes mises en culture par les habitants, Elle se levait après la dime ecclésiastique et sur le pied de celle-ci, c'est-à- dire à la 12° gerbe des blés qui se lient et à la 14° mesure de ceux qui ne se lient pas.
XI° Prestation d'une botte de chaux due au seigneur par quiconque obtenait de lui l’autorisation de faire un rafour (four à chaux) dans les communes.
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XIIe Droit de tavernage dû au seigneur pour la permission de tenir cabaret.
Le seigneur d’Andelot avait, en outre, les droits de
péage, de pressoir banal, de langues de grosses bêtes de boucherie, de guet et garde et de contribution aux remparts du château, mais il ne les exerçait plus au xviri® siècle. _ En somme,chaque chef de famille devait au seigneur» outre le cens pour les fonds anciens et la tâche pour les communes, !/, de mesure de froment, 3 mesures d'avoine, une mesure d'orge, une poule, une corvée de bras et 4 corvées de char ou de charrue. D’ordinaire, on pouvait se libérer de la corvée de bras moyennant 6 sols, et de chaque corvée de char ou de charrue moyennant 20 sols. On voit que ces redevances étaient ‘légères. La tâche et le cens n'étaient pas non plus bien lourds. Celle-là consistait dans le douzième ou le quatorzième de la récolte. Quant au cens, il était resté au xvini* siècle tel qu’il était au xvi‘. Par exemple, un domaine composé d’une maison, de 10 hectares de terres, de 6 petits prés et de 2 petits bois devait payer 32 sols 9 deniers et 12 mesures d'avoine ; un autre domaine, comprenant une maison, 17 hectares de champs et 10 parcelles de prés, obligeait à donner 14 sols, 8 mesures de froment et 12 mesures d'avoine.
Il est certain que les paysans supportèrent bien plus impatiemment ces charges au xvir° siècle que dans les siècles antérieurs et la raison en est que, aussi longtemps que la Franche-Comté appartint à l'Espa- gne, ils n’en eurent pour ainsi dire pas d’autres, à la réserve de la dime et de quelques petites récompenses qu'ils accordaïent à leur curé. Le roi d'Espagne, comte de Bourgogne, n’imposait aucune contribution sur les Franc-Comtois et le gouvernement de la province ne leur demandait que rarement des secours pécuniaires,
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d'ailleurs toujours très modiques. Mais à peine Louis XIV ceut-il annexé la Franche-Comté à son royaume qu'il l'accabla d'une foule d'impôts qui ne firent que croître sous ses successeurs et dès lors les . paysans jugèrent inique d’avoir à payer au seigneur des redevances pour leur personne et leurs biens déjà fortement imposés par le roi. Aussi se mirent-ils à chicaner sur les droits seigneuriaux et les nombreux procès qu'ils entreprirent augmentèrent leur pauvreté et leur mécontentement.
La Justice d'Andelot. — Le seigneur d’Andelot était haut justicier. En cette qualité, il connaissait de tous crimes, délits et procès et pouvait prononcer toutes amendes et toutes peines. Seul le seigneur haut-justicier avait le droit d’élever des fourches patibulaires, parce que seul il avait le droit de glaive. Elles consistaient en des piliers de pierre réunis au sominet par une tra- verse de bois où l’on pendait les criminels. Ces gibets étaient érigés ordinairement en pleine campagne sur une éminence voisine des routes. Les habitants étaient tenus d'assister en armes aux exécutions et d’aider à redresser le signe patibulaire lorsqu'il était tombé. On croit qu'il y en eut un à Andelot sur le mont Fourchat. Il y en eut apparemment aussi un sur le territoire de Nantey dans l'endroit appelé en Fourché, près de la route menant à Senaud, et les suppliciés étaient sans doute enterrés non loin de là, au Martera ou Marteray, puisque ce: mot signifie cimetière de suppliciés. Un autre gibet se dressait peut-être à Ecuiria, car on y trouve un lieu dit les Fourches, près du territoire de Nanc. |
. Certains seigneurs haut justiciers, comme celui de Coligny-le-Vieil et d’Andelot, possédaient le double degré de juridiction civile et criminelle : la châtellenie
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et le bailliage. Conséquemment, les causes qui avaient été jugées en premier ressort par le châtelain du sei- gneur pouvaient être portées par appel devant son baïlli: qui tenait ses assises ou grands jours une ou deux fois par an. Les sentences rendues par eux étaient suscep- tibles d'être réformées par les baillis des provinces. C'était donc le bailliage royal d'Orgelet qui prononçait sur les décisions du juge châtelain et du bail de Coligny et Andelot. Duldit bailliage on appelait à la souveraine Cour de Parlement {à Dole jusqu'en 1676 et plus tard à Besançon). Notez qu’on pouvait appeler du juge châtelain au bailliage royal sans passer par le bailli seigneurial et qu'on ne pouvait appeler de celui-ci qu'au bailliage royal. On ne pouvait donc
“appeler immédiatement du bailliage seigneurial au
Parlement. Mais, dès la seconde moitié du xvixrr° siècle,
il n’y eut plus de bailli à Andelot, car la double juridi c-
tion seigneuriale fut supprimée en Franche-Comté par l'édit de 1749. | Tant que Coligny-le-Vieil et Andelot appartinrent au
même seigneur, c'est-à-dire jusqu'en 1702, ces deux
seigneuries n'eurent qu'un seul bailli et un seul juge éhâtolain
Furent baillis ds Coligny-le-Vieil et d'Andelot: en 1580, Jean Millet,mort en 1581 ; en 1663, 1667, Renaud- Guyénard, de Coligny, nl ès droits, mort en 1675; Joachim Guyénard (fils du précédent), docteur ès drolta, avocat à Dole, puis à Besançon, lequel devint en 1698 lieutenant général de la Table de Marbre, acquit la seigneurie d’Andelot en 1702 et fut nommé en 1704 président de Chambre au Parlement de Besançon. |
Fut bailli d’Andelot : en 1732, Jean François, de Saint-Amour, docteur ès-droits, avocat en Parlement.
Furent juges châtelains de Coligny-le- Vieil et
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d’Andelot : en 1577, Guy Vieux, de Saint-Amour ; en 1581, Pierre Viallet, de Coligny ; en 1671, 1685, Jean . Terminal, de Coligny.
Furent juges châtelains d’'Andelot : en 1746, 1763, Jean-Baptiste Geneault, d'Orgelet, notaire ; en 1775, 1779, Claude-François Renaud. de St- A oue: avocat ; en 1789, Jean-Baptiste Magnin, notaire à St-Amour. Au xviri siècle, la connaissance de tous les crimes considérables était réservée d’une manière exclusive aux magistrats royaux, principalement au lieutenant criminel de chaque bailliage. Seul l'homicide sans circonstances aggravantes n'était pas soustrait à la haute justice du seigneur, mais le juge châtelain sachant que la sentence qu'il rendrait à ce sujet ne serait exécutable qu'après avoir été confirmée par les magistrals royaux préférait leur renvoyer tout de suite l'inculpé. Ce nouvel état de choses avait amené la disparition des signes patibulaires, et ;si, au xvin° siècle, une des tours du portail conduisant dans la‘ cour du donjon d'Andelot était encore qualifiée de prison, elle ne servait que fort peu à cet usage. En effet, pour _ éviter au seigneur les frais de garde et de nourriture qu’occasionnent les prisonniers, le juge châtelain se bornait à infliger des amendes, lesquelles apparte- naient au seigneur, ou bien quand l'affaire entraînait inévitablement la prison, il la faisait juger par le tribunal du bailliage royal.
Au xvIir° sibdle, la Justice du marquisat d'Andelot se composait : 1° d’un juge chäâtelain ordinaire civil et “criminel ; 2° d’un procureur d'office dont les fonctions étaient inalogues à celles des procureurs du roi dans les justices royales : 3° d’un greffier ; 40 d’un sergent- maire et garde général (c'est-à-dire garde de police, de chasse, etc.) qui logeait au château et avait sous ses
ordres un sergent et garde demeurant à Andelot, et
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, quatre simples gardes demeurant à Nantey, à Epy; à Véria et aux Granges-de-Non. Ces officiers de justice étaient institués par le seigneur.
. Fut procureur d'office de Coligny-le Vieil et d’An- delot : en 1577, Jean Godard.
Furent procureurs d'office d’Andelot : en 1654, 1675, | Jean-Baptiste Pommier, de Bourcia, praticien;en 1678, Jean-Baptiste Vuillon, de la Balnie: en 1685, Claude Robin ; en 1732, Charles-François Delacroix en 1765, | Brand : ; en 1775, 1779, Jean-Baptiste Magnin, notaire à Saint- Amour ; en 1780, 1793, Claude Paucod, de Montagna- _e-Reconduit, praticien.
Furent greffiers de la justice d'Andelot : en 1682, 1685, Nicolas Chappor, de Saint-Amour, notaire ; en 1732, Claude-Antoine Dubois, notaire à Coligny ; en 1770, Claude Paucod, praticien ; en 1789, Benoit- - Amour Paucod.
Ajoutons que, en 1768, il y avait à Andelot un notaire nommé Mathieu.
Les audiences des causes ou jours de la justice du marquisat d’Andelot se tenaient une fois l’an, de préfé- rence au mois de décembre, dans l'auditoire public qu'on peut encore voir au village d'Andelot. De chaque côté de la porte d’entrée se trouve un pilastre muni d’un anneau de fer où était attaché le coupable condamné à être exposé, un jour de foire, à la risée du peuple.
Au xviu siècle, la justice d’Andelot n'avait guère lieu de punir que des paroles injurieuses, des rixes, des larcins, des empiètements sur les héritages voisins, des embarras de voie publique, des imprudences pouvant causer des incendies, des enlèvements de bornes, des retards dans le paiement des droits seigneuriaux et des délits ruraux ou forestiers. Les habitants de Nantey, de . Vessia et d’'Ecuirix étaient assez fréquemment con-
damnés à une amende pécuniaire pour avoir défriché sans permission une parcelle de «communes » ou trans- porté dans leurs champs la terre de celles-ci; pour avoir dérobé du bois, de l’herbe ou des glands dans les forêts communes ou particulières ; pour avoir mené ou laissé paitre leur bétail dans les bois ou dans les champs couverts de récoltes ; pour avoir conduit eux-mêmes leurs bêtes dans les communes au lieu de les confier au pâtre communal; pour avoir anticipé sur les fonds d'autrui ou sur le chemin public ; pour avoir .cireulé avec une lumière nue dans les granges, écuries et fenils ou placé autour des cheminées, sous le toit, de la paille et NE fagots.
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CHAPITRE IV.
La paroisse et l’église de Nantey. Les dîmes.-— Le bénéfice de Nantey. - La fabrique. Le domaine de la cure. — La maladière.
À une date que nous ne pouvons déterminer, l’archevêque de .Lyon avait chargé le monastère de Gigny de pourvoir d’églises et de prêtres les campagnes environnant celui-ci et lui avait cédé à cette fin les dimes dues par la population au chef spirituel. Ledit monastère fit bâtir à Nantey une église dédiée à l’Assomption de la Vierge et un petit « moûtier » où .il établit deux de ses religieux. Comme ce village existait déjà en 1191 et son église en 1274, il est probable que la fondation de la paroisse de Nantey eut lieu au commencement du xmme siècle, Mais l’église de Nantey fut pendant peu d'années desservie par deux religieux, car la diminution du nombre des moines obligea bientôt le monastère de Gigny à n’y en envoyer qu’un seul, qui, par le fait même de son isole- ment, se trouva changé en un prètre séculier. Plutôt que de continuer à séculariser ainsi ses membres, le monastère préféra confier le ministère pastoral dans les paroisses qu'il avait fondées à des clercs séculiers formés d’abord par les religieux eux-mêmes. Le prieur du monastère de Gigny nommait et révoquait à son gré ces clercs séculiers appelés non pas curés, mais
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vicaires ou chapelains, et il les rétribuait comme il l’entendait.. Le prieur était le véritable curé et les rede- vances ecclésiastiques de la paroisse lui appartenaïent. La condition des desservants des paroisses fondées par le monastère s’améliora peu à peu : ils reçurent le titre de vicaires perpétuels, ils devinrent inamovibles, ils obtinrent une rétribution fixe et s'ils durent conti- nuer à rendre compte du temporel au monastère, ils ne dépendirent plus que de l’archevêque pour le spirituel. Bref, le monastère ne conserva dans les paroisses monastiques, hormis le titre de curé primitif et quelques prérogatives honorifiques, que le droit de présenter à l’archevêque le sujet à instituer (patronage), de per- cevoir les dimes et de prendre la moitié de toutes les oblations, qu'elles fussent volontaires ou rémunératrices des diverses fonctions du ministère sacerdotal. En _ général, les religieux ne rétribuèrent les desservants des paroisses qu’en leur abandonnant ce qu’ils avaient droit de prélever sur les récoltes des terres nouvellement mises en culture (novales) et sur les herbages, légumes et racines produits par les fonds quelconques du terri- toire. Mais la population vint au secours des desser- vants en leur accordant quelques mesures de blé après la moisson. En tant que décimateurs, les moines devaient entretenir le chœur de l’église, faire les grosses réparations du presbytère et salarier le marguillier ; ils s’acquittaient rarement de ces obligations comme il convenait. |
On sait que jusqu’en 1742 la paroisse de Nantey fit partie, ainsi que les paroisses voisines, du diocèse de - Lyon et de larchiprêtré de Coligny ; qu’à dater de 1742 ces paroisses furent comprises dans le diocèse de Saint- Claude, lequel succéda à l’abbaye de ce nom après sa sécularisation, et que ledit évêché fut supprimé en 1802, puis rétabli en 1822, mais avec d’autres limites,
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Nous avons dit que le patronage de l’église parois- siale de Nantey appartenait au prieur de Gigny. En 1760, ce prieuré fut sécularisé et ses membres per- dirent le droit de patronage qui passa à l’évêque de Saint-Claude. Ils perdirent aussi leur part des oblations qui, dès lors, appartinrent tout entières au curé de la paroisse, muis ils demeurèrent curés primitifs des paroisses où le monastère avait nommé jadis. Cette qualité de curé primitif ne leur valait que la préséance sur les desservants des cures. Entin, en 1788, le roi supprima le chapitre noble et séculier de Gigny, sur sa propre demande, et il en réunit les biens et revenus aux abbayes nobles de Lons-le-Saunier et de Migette.
_ Jusqu’en 1803, la paroïsse de Nantey ne se composa que de ce village, de Vessia et d'Ecuiria. En cette année-là, Florentia fut détaché de la grande paroisse d’'Epy pour être uni à celle de Nantey, mais cette union, qui déplut aux habitants de Florentia, ne s’accomplit qu’en 1806. |
En 1613, Me' de Marquemont, archevêque de Lyon, visita l'Eglise de Nantey qu'il trouva en médiocre état, puisque le crépi du sanctuaire tombait et que le mur méridional de la nef était fendu près de l'entrée. Le grand autel n’était garni que d’une petite croix et de deux chandeliers de laiton. À gauche de cet autel avait été élevé un tabernacle de pierre fermant à clef, dans lequel il y avait un grand ciboire de métat argenté, un petit ciboire de métal doré, deux calices d’argent dont l’un était brisé, deux patènes du même métal et des ampoules d’étain contenant les saintes huiles. Il ne semble pas qu'il y eut alors un transept, mais on voyait à gauche un autel dédié à saint Claude. La nef était dépourvue de crucifix et les vêtements sacerdotaux ne consistaient qu'en deux chasubles et deux aubes. |
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En 1637, les soldats français du duc de Longueville saccagèrent et incendièrent le village de Nantey: toute la cn s'enfuit ou succomba. Toutefois, ils ne mirent pas le feu à l’église, se contentant d’en emporter la cloche et les autres objets précieux. Dix ans plus tard, quelques-uns des survivants revinrent et com- mencèrent à relever leurs maisons et à nettoyer leur église que l'archevêque Camille de Neuville trouva assez propre, lors de sa visite de 1655. A cette date, l'autel supportait un tabernacle de bois peint où sé trouvaient un ciboire et un calice d’étain, un soleil et une boîte d’airain émaillée dans laquelle le viatique était porté aux malades. Les habitants n'avaient pas encore pu se pro- curer une nouvelle cloche. On sait que, en 1666, ils vendirent une partie de leurs bois communs pour réparer leur église et la pourvoir du nécessaire.
En 1700, c’est-à-dire vingt-deux ans après l’annexion de la Franche-Comté à la France, l’archevêque Claude de Saint-Georges vint à Nantey. L'église lui parut en assez bon état. Le calice, le ciboire et l’ostensoir étaient d'argent, mais l’autel manquait de pierre consacrée et son devant n'était formé que d'une toile peinte ; les fonts baptismaux étaient dépourvus de piscine et le: curé n'avait ni surplis, ni chasuble verte, ni chasuble violette. À cette date, on vost dans la nef un autel dédié à sainte Foy. .
En 1760, Ms' Méallet de Fargues, évêque de Saint- Claude, trouva l'église de Nantey garnie du nécessaire, excepté qu'elle manquait de chaire à prêcher et de ban- nière. Il y existait alors une chapelle de la Sainte-. Vierge du côté de l'Evangile et une chapelle de sainte Foy du côté de l’Epitre, mais si chacun de ces autels latéraux portait une pierre consacrée et une statue, ils étaient disjoints et vermoulus, sans crucifix ni chan- deliers.
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En 1767, le chœur avait besoin d'être reblanchi et le mur méridional de l’église d’être crépi de nouveau. Le confessionnal et la table de communion étaient délabrés ; les cadettes de la nef et celles qui se trouvaient sous l'avant-toit de la porte d’entrée étaient brisées ou iré- gales, | En 1769-70, les communautés de Nantey et d'Ecuiria dépensèrent 475 livres pour empêcher la chüûüte du clocher.
_ En 1778, les ogives du chœur menaçaient ruine et une crevasse se montrait à la voûte du frontispice. Tout. était en mauvais état : charpente, toit, autels, table de communion, stalles, bancs, statues, etc. Aussi, de 1780 à 1783, Nantey et Ecuiria consacrèrent-ils une somme de 4 300 livres à la restauration de l’église, du clocher, du presbytère et du mur du cimetière.
Depuis 1783, l’église de Nantey n’a subi aucun chan- gement important. Les pilastres qui supportent ses voûtes lui donnent une certaine élégance. Elle renferme un ancien retable sculpté figurant l’Assomption de la Vierge (peut-être d’après le Guide), deux anges de bois imités du Titien, une naïve statue de la Vierge tenant l'enfant Jésus couché sur son bras droit, enfin trois peintures dont l'une « le Rosaire » n'est pas sans valeur. Le maître-autel et le tabernacle, composés de marbres de plusieurs couleurs, ont été faits en 1827 à Saint-Amour et ont coûté 800 francs aux paroissiens. Les autels des chapelles de la Vierge et de sainte Foy sont de marbre blanc et ont été donnés l’un par Fran. coise Janin en 1857 et l’autre par Bruno Morel en 1874. La cloche qui pèse 996 livres a été bénite en 1810 par le curé J.-E. Blanc et appelée Marie-Joséphine. Elle a en pour parrain J.-J, Blanc, frère du curé, et pour mar- raine Marie, femme de Denis Cousança, de Florentia.
Dès avant 1760, il exista dans la paroisse de Nantey
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une confrérie du Saint-Sacrement et une du Rosaire, Une association en l'honneur de sainte Foy, que l’on invoque pour la conservation du bétail, y existe aussi depuis longtemps.
On entre dans le presbytère par un | petit cloître qui prouve que la maison a été bâtie pour des religieux. Dans la cuisine, qui n’a guère changé depuis sept siècles, on remarque au fond de la vaste cheminée une belle Fidie de fer où sont représentées, sous une cou- ronue de marquis et la date de 1708, les armoiries accolées des Mignot et des Jouffroy.
Voici la liste incomplète des curés de de du XIIIe au xx° sièele.
En 1274, Pierre , chapelain (les noms de famille n° exis- | taient pas encore). — En 1559, Jean Payn, curé. — En 1613, 1636, Claude Colombet, qui, demeurant à Saïint-Amour où il était convicaire et sociétaire, avait affermé sa cure de Nantey à Claude Féal, prêtre, à con- dition qu'il résiderait dans ce lieu, lui payerait 30 livres par an et s’acquitterait de toutes les charges incom- bant au curé d’une paroisse. — De 1651 à 1679,Nugoz.— De 1679 à 1683, par intérim, messire de Moyron d’Ar- buens (de Cuiseaux), curé d’Andelot. — De 1683 à 1732, Jean-Baptiste Bouquerod, de Gigny. — De 1733 à 1746, Jean-François Bouquerod, né en 1698, qui fut enterré dans le chœur de l’église. — De 1746 à 1774, Irénée Darlay né en 1717 à St-Julien dont il était bour. geois, et inhumé à côté de son prédécesseur. — De 1774 à 1819, Jean-Emmanuel Blanc, né en 1735 à St-Claude. Bien qu'il fût bon citoyen et fort aimé de la population dont il était non-seulement le sage consciller, mais encoré le médecin dévoué,il dut se retirer dans son pays vers la fin de février 1794,en compagnie de son frère Jean-Joseph (ancien secrétaire de Me' Méailet de Fur- gues) qui, vers 1785, s était é établi auprès de lui à cause
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de la faiblesse de sa santé, laquelle ne l’empêcha cepen- dant pas de rendre de grands services aux paroissiens,
notamment en instruisant leurs enfants. Au mois de juin
1798, Gaspard-Guy Perrin, apparemment originaire de
Gigny, fut nommé curé constitutionnel de Nantey, mais nous ne croyons pas qu'il entra en fonction. En juillet
1803, Jean-Emmanuel et son frère Jean-Joseph revin-
rent dans cette paroïsse. Le premier y mourut en 1819
et le second lui succéda comme curé. Cet homme doux
et irréprochable y décéda en 1823, à l’age de 84 ans.—
Après lui furent nommés curés de Nantey : Lançon en 1824 ; Grandchavin en 1828 ; Outhier en 1838 ; Roussel
en 1854 ; Thévenet en 1864 ; Châtillon en 1890 ; Mayet
en 4898 ; Roux en 1902 ; Cathenoz en 1903 ; Lauby
en 1924. on | |
Nous parlerons plus loin du domaine de la cure de Nantey que le titulaire faisait cultiver, au xvirr° siècle, par deux domestiques.
Tant que la Franche-Comté fut espagnole, le curé de Nantey n'eut guère pour vivre que le tiers de la grosse dime, le produit du domaine de la cure, un prélèvement sur les fruits des terres novales et les pres- tations appelées prémices de moisson et gerbe de Pas- sion. Dans cette paroisse, les prémices de moisson se composaicent d’une mesure de froment et d’une mesure d'avoine données, vers la Saint-Martin, par tout chef de ménage ayant charrue à Dieu représenté par le curé. Le droit de Passion consistait en une gerbe de froment offerte au curé par chaque famille pour le rémunérer du soin qu'il prenait de réciter, depuis la fête de l’Inven- tion de la sainte Croix jusqu’à la fête de l’Exaltation de celle-ci, la Passion de Notre-Seigneur chaque dimanche avant la messe, pour la prospérité de ses paroissiens. |
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Les Dimes. — Quand la Franche-Comté eut été annexée à la France, la situation des curés de campagne de cette province s'améliora, car la portion congrue de leurs collègues français avait été fixée par l’édit royal . de 1629 à "300 livres par an, et l’édit de 1686 décida que, dorénavant, les grosses dimes (dimes des céréales et du vin) seraient grevées de la portion congrue, quand même elles seraient en des mains laïques et possédées en fief. La déclaration de 1690 permit au gros décima- teur de s’exonérer de fournir la portion congrue au curé en lui abandonnant toute la dîime dont il jouissait. A Nantey-Vessia-Ecuiria, le curé n'avait que le tiers de la grosse dime ; les deux autres tiers étaient tenus en fief du seigneur d’Andelot par le seigneur de Laubespin, le ‘prieuré de Gigny et celui de Villemotier. Peu de temps: après 1686, ces trois derniers décimateurs relâchèrent leur part au premier pour sa portion congrue. Toute- fois, le seigneur de Laubespin conserva un neuvième de la dîime en question, en s’engageant à payer au curé une rente annuelle de 20 livres. |
Devenu seul gros décimateur, le curé de Nantey fut naturellément be d'entretenir le chœur de l’église, L’ordonnance de 1695 mit les grosses réparations du presbytère à la charge de la communauté et les petites à celle du curé qui devait, en outre, entretenir le sanc- tuaire.
La dîime se divisait en ancienne et en novale. L' an- cienne se percevait sur les héritages qui,’ de toute ancienneté, avaient été cultivés. La novale se levait sur les essarts ou feuillées, c’est-à-dire sur les parcelles de pâturages ou de bois communs récemment mises en culture. La terre qualifiée une fois de novale le restait à perpétuité ; elle ne devait jamais que la dime de ce nom.
La dîime se divisait aussi en grosse et en menuc. Au Comté de Bourgogne, on enterdait par grosse dime
celle du froment, du seigle, de l'orge d'hiver, de l’avoine et du vin. Elle était chargée de la réparation et de l’entretien du chœur de l’église. Quant à la menue dime, c'était celle des herbages, des légumes, des racines, du blé de Turquie et du chanvre. En Franche- Comté, la dime novale et la menue dime appartenaient exclusivement au curé de la paroisse.
Dans cette province, le paysan enlevait sa moisson en laissant la dîime sur le champ où le décimateur ou son fermier venait la prendre. Certains décimateurs amo- diaient la dime à un particulier moyennant une rede- vance annuelle déterminée. D’autres préféraient char- ger quelque habitant de la percevoir à leur place, en lui en abandonnant une partie pour prix de sa peine. En 1789, l'amodiation de la dime se faisait, dans notre région, à raison de 2 livres 8 sols par mesure de fro- ment ct de 16 sols par mesure d'avoine. Dans la seigneurie d’Andelot, la dime se percevait à la dou- zième gerbe des blés qui se lient et à la quatorzième mesure de ceux qui ne se lient pas. En d’autres ter- mes, 1l était prélevé une gerbe sur 12 et une mesure sur 14. | |
Les dimes anciennes de la paroisse de Nantey appar tinrent d'abord au prieuré de Gigny. À une époque que nous ne pouvons pas indiquer exactement, mais qui est certainement très reculée, il en abandonna Île tiers au curé de ladite paroisse et il aliéna les deux autres tiers au seigneur d’Andelot qui les bailla à foi et hommage. En 1573, une partie de la dime de Nantey était tenue en fief par le prieuré de Coligny. En 1584, une partie de la même dime, appelée Dananche, était tenue en fief par Claude, seigneur de Laubespin ; une autre partie, avec une partie de la dîime d’Ecuiria, était tenue en fief par le prieuré de Gigny. En 1613, les dîimes inféodées de Nantey-Vessia-Ecuiria appartenaient au
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Fe à . prieur de Villemotier, au monastère de Gigny et au baron de Laubespin.
‘Le Bénéfice de Nantey. — En 1655, le bénéfice de Nantey ne rapportait guère que 100 livres par an; car, par suite de la guerre de 1636-1644, il n’y avait alors que dix feux à Nantey-Vessia-Ecuiria et une grande partie des champs étaicntincultes. Aussi le curé Nugoz n’aurait-il pu vivre s’il n'avait reçu la permission de célébrer chaque dimanche la messe dans la chapelle du - château de Laubespin.
Suivant un état dressé en 1759, la din de Nantey- Vessia produisait par an environ 500 livres ct celle d'Ecuiria environ 200. L'une et l’autre jointes aux novales et aux prestations par feu rapportaient, d'après un état de 1789, de 1.200 à 1.400 livres. En 1790, le produit de la grosse dime, de la novale, des prémices de moisson, des gerbes de Passion et du domaine de la cure fut de 550 mesures de froment valant environ 1.600 livres, mais il faut déduire de ce prix les frais assez con- _Sidérables qu’occasionnaient l’exploitation dudit domaine et la perception des redevances. Bref, en 1790, le curé de Nantey estimait que son bénéfice lui rapportait,tous _frais payés, 1.800 livres par an, somme que les impo- sitions royales abaissaient à 1.675. Notez que les com- munautés de la paroisse n'étaient pas obligécs d'accor- der un affouage au curé. Quand au AL il allait à peu de chose. En 1759, les droits d'enterrement et de. drap mortuaire étaient de 7 livres dont une partie reve- nait à la Fabrique. A la même date, une messe basse se payait 15 sols (en 1668, 10 sols comtois).
I était dù 5 sols pour chaque publication de bans matrimoniaux, 10 sols pour les fiançailles, une, deux ou trois livres pour un mariage, selon la fortune des époux. Les familles donnaient quelque argent au curé
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à l'occasion des baptêmes et des relevailles, aussi pour la bénédiction d’une maison, d’un lit nuptial, des champs, des croix, des fontaines, pourla confection de l’eau bénite dans la maison d’une femme délivrée, etc. L'entretien de la nef de l’église, du clocher, des cloches et de la clôture du cimetière regarda toujours les paroissiens, L’ordonnance de 1695 mit aussi à leur charge les grosses réparations du presbytère qui, aupa” ravant, concernaient le gros décimateur. |
La Fabrique. — On lit dans les procès-verbaux des visites pastorales : « 1613. Les échevins de la paroisse _de Nantey sont luminiers, et il y a quelque revenu qui s’acense 11 ou 12 livres de cire et 5 ou 6 livres en argent. » — « 1655. À Nantey le luminaire n’a de revenu certain que quelques noyers qui peuvent rendre une vingtaine de pots d’huile (1) ; le reste est des présents de la paroisse. » — « 1760, Il n’y a point de fabrique à Nantey. ». En somme, l’église de Nantey avait si peu de revenus qu'il aurait été oiseux d’élire chaque année un fabricien ou marguillier pour les administrer. C’étaient donc les échevins de Nantey et d’Ecuiria qui les dépensaient pour les besoins du culte et, comme ces revenus étaient insuffisants, les paroïssiens les complé- taient de leur bourse, volontairement ou non.
La dépense la plus considérable était causée par le luminaire pour lequel les échevins faisaient prix, chaque année, avec un marchand et la somme était répartie sur les paroissiens. En 1786, un marchand de Saint- Amour fournit 36 pots d’huile de navette et 14 livres de cierges, moyennant 87 livres 4 sols. Nous n'avons aucun renseignement sur les noyers appartenant à l'église de Nantey au xvii° siècle. Quant à ses biens fonds, nous
(1) Le pot d'huile pesait 3 livres,
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le. savons seulement que, depuis un temps immémorial, elle possédait à Cessia, dans le lieu dit « au Molard », une vigne d'environ 27 ares, laquelle était acensée à perpétuité moyennant la prestation annuelle de 5 livres de cire et de 3 gros. A cette petite rente s’ajoutaient ._ quelques francs produits par la concession de tombeaux dans l’intérieur de l'église, par des quêtes faites pour l'entretien de celle-ci, par cértaines amendes infligées à son profit par la justice d’Andelot, etc. Remarquez que les habitants ne payaient aucune rétribution pour se servir des bancs et chaises de l’église ; ils ne furent loués qu'après 1821. — La vigne dont nous venons de parler était tenue en 1789 par un sieur Dumollard, de Saint-Amour (probablement Joseph-Marie Dumollard, docteur ès droits, avocat au Parlement). Ses héritiers refusèrent en 1811 de payer la rente accoutumée et la fabrique de Nantey demanda en 1813 l’autorisation de : les poursuivre. D’après le contrat d’acensement, l'im- meuble devait lui revenir dans le cas où le tenancier cesserait pendant trois ans de s'acquitter du cens con- venu, mais nous ignorons quelle fut l’issue de cette | affaire e.
Le Domaine de la Cure. — Au xvir° siècle, le domaine de la cure de Nantey se composait, outre le jardin, le verger et la cour du presbytère, de neuf champs ayant ensemble une superficie de 2 hectares et de quatre parcelles de pré dont l'étendue était de plus d’un journal. Tous ces champs (sauf le champ derrière l'église) et tous ces prés avaient été légués par des paroissiens à la charge annuelle d'un certain nombre de messes pour le repos de leur âme. En 1700, le nombre des messes fondées était de sept. Le champ situé derrière l’église avait près de 55 ares; il touchait à l’ouest le cimetière et un sentier, au sud le chemin de
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. Nantey à Florentia. Cette pièce de terre était d’ancienne _ dotation ; elle avait fait partie de la place fournie dans _ l’origine par le prieuré de Gigny pour l'établissement
de l’église, du « moûtier » et de leurs dépendances. En
‘ 1791, les terres et prés de la cure de Nantey furent _ vendus nationalement moyennant ‘la somme de 4.035 _ francs, Le jardin, le verger, la grange, l’étable et poulailler furent int vendus dans Le suite, mais les adjudications furent annulées pour défaut de paye- ment, de sorte que les bâtiments et terrains en question
_ dépendent encore du presbytère. Celui-ci servit de mat
son commune pendant la Révolution. -
La Maladière. — La maladière ou léproserie de Nantey fut fondée au xn° siècle ou au x soit par le prieuré de Gigny, soit par la maison de Coligny. Elle - ne se composait que de quelques huttes et baraques construites à une bonne distance du village et du ruie- seau, plus loin que la Renardière, du côté d’Epy. Un sentier partant du grand chemin permettait d’ar- river à cet établissement qui existait encore en 1318, avec d’autres maladreries de l’archiprêtré de Coligny. Il semble que.la lèpre disparut tout à fait de notre région avant le xvi° siècle.
CHAPITRE V.
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Les Moulins de Nantey.— Le domaine de Vessia. Le fort de Nantey et la grange des Augustins. La grange des Visitandines.
La grange Bouquerod.
Les fonds des Chartreux de Montmerle. Ecuiria et la grange Desglans.
Dès avant l’an 1500, il y avait à Nantey un moulin à une roue situé non loin de la source de la Doye, au bord d’un étang artificiel Dans la suité, un autre mou- lin et battoir à une roue fut construit en bas du Grand- Pré, joignant le chemin de Nantey à Epy et sur l’em- bouchoir où se perd le ruisseau.
Il semble que, primitivement, la Doye Per vers le midi et que ce fut le constructeur de ce nouveau moulin qui lé dirigea à l'ouest, vers l’entonnorr. Le premier de ces moulins était appelé Moulin-Vieux ou d'En-Haut ; le second, Moulin-Neuf ou d’En-Bas. Entre eux deux fut établie une chaussée circulaire afin de retenir les eaux utiles au vieux moulin, et cette chaussée se pro- longeait sur’la rive gauche de la Doye jusque vers le réservoir du moulin neuf, afin qu’elles ne se répandissent pas dans la prairie du côté du midi. L'un et l’autre . furent ruinés en 1637 par les Français. Vers 1650, le . Moulin-Vieux fut remis à peu près en état et, en 1700, il était possédé par un habitant qui l'avait reconnu chargé à perpétuité envers le seigneur d’Andelot du
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cens annuel d’une mesure !/, de froment. A partir de 1718, nous voyons le même habitant posséder égale- ment l'emplacement du Moulin-Neuf, ainsi que divers fonds en dépendant, et payer au seigneur le cens annuel de 6 mesures de froment et.de dd. chapons.
Tous ces biens se vendirent par décret en 1723 et le seigneur d'Andelot, usant de son droit de retenue, se rendit propriétaire du moulin rétabli, de l'emplacement du moulin ruiné et des héritages voisins. I céda aussitôt le tout à un habitant avec le cours du ruisseau et le biez, erreux ou réservoir, à condition qu'il lui rembour. serait le prix d'achat, qu'il reconstruirait ie moulin d’'En- Bas et son battoir, qu’il reconnaîtrait lesdits biens char- gés à perpétuité du cens annuel de 6 mesures de froment et de 2 chapons gras, enfin qu'il lui moudrait gratuitement chaque année 50 mesures de blé pour son propre usage. Le nouveau meunier paya à M. d’An- delot 200 livres pour lods et droit d’entragé, et celui-ci le dispensa, lui et ses successeurs, de 4 corvées de char ou de charrue moyennant la redevance perpétuelle d’une mesure de froment par an. En 1734, le scigneur consentit à échanger son droit de mouture franche contre un cens perpétuel de 2 mesures de froment par an. Ce Moulin-Neuf ne fut reconstruit qu'en 1759 par Jean-Claude-Jacquemin Ponard, maître gisseur rési- dant à Lons-le-Saunier. Deux roues furent placées l’une au-dessus de l’autre dans l'entonnoir, la supérieure fai- sant marcher le moulin et l’inférieure le battoir. En 1774, il fut spécifié que le seigneur aurait le droit de faire placer ou plutôt Le. dans l’un et l'autre des étangs desdits moulins des réservoirs en planches fermant à clef, pour y tenir du poisson. En 1779, on estimait que les deux moulins de Nantey rap- portaient au meunier 90 livres par an, somme dont il fallait déduire le tiers pour l'entretien des engins et
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le eurage de l’'embouchoir profond d'environ 40 picds. Le meunier logeait alors au Moulin-Neuf, Ses héritages ne se composaient que de deux petits prés, d'un coin de taillis, d’un bout de jardin et d’une petite chenevière près du Moulin-Vieux, de deux autres parcelles de pré à côté du Moulin-Neuf, et de sept champs situés ça et là, en somme d’une trentaine d’ares de prés et d'un hectare de terres labourables. Dans. la seconde moitié du xvurr° siècle, le premier de ces moulins contenait un pressoir à huile et le second un battoir à chanvre: Quant au blé, on le battait dans les granges avec le fléau. | |
Le domaine de Vessia. — Vessia ne forma jamais une communauté d'habitants et fit toujours partie de celle de Nantey. | |
En 1628, le sieur Anathoile Vuillemoz, docteur ès droits, lieutenant général au bailliage d'Orgelet ct époux de demoiselle Claudine Mareschal, acquit par échange les biens qu’un sieur Benoît Verdat, de Flo- rentia, possédait notamment dans ce village, à Vessia et à Nantey. Anathoile Vuillemoz fut, en 1654, parrain du fils de son granger de Vessia. Il mourut en 1657 et, l’année suivante, ses biens-fonds de Florentia, de Vessia et de Nantey furent achetés par Jean-Baptiste Pom- mier, de Bourcia, bourgeois et praticien, que nous voyons en 1654 et 1675 procureur d'office de la justice d'Andelot. Les héritages en question étaient en partie dans la directe du seigneur d’Andelot, en partie dans celle du seigneur de Saint-Julien, en. partie dans celle du seigneur de la chevance de Beyne au Val d'Epy. J.-B. Pommier mourut en 1688 et ses biens de Vessia- Nantey furent acquis par Claude-François Pellisson- nier, bourgeois de Lons-le Saunier, mais originaire de Bourcia où il avait épousé Jeanne, fille dudit Pommier.
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En 1688, la superficie de ce domaine de Vessia (plus étendu que l’ancien meix de Vessia dont nous avons parlé précédemment) était d'environ 70 hectares. Il Se Ccomposait de 8 corps de logis, de 58 hectares de terres labourables, d’un bois de 41 hectares dit au Fournet (plus tard la pie Ruffier, le bois du Marquis), d'une vigne de 53 ares et, près de la Doye et du vieux moulin de Nantey, de 6 charrées de foin. La vigne se trouvait, avec un verger d’un journal, à l’ouest des bâtiments, ct les principales pièces de terre avoisi- naient ceux ci. Elles étaient dénommées : En la grande Fin du champ de la Croix (18 hectares) ; en la Fin de la Fontaine (9h. et2h. !/,); à la grande Combe aux Roux {7 h.) ; à la combe Barille (3 h. !},); en la œrande Combe vers les Aveiniers (3 h. 1, ); vers la grange de Vessia (2h. }) ; à la petite Combe aux Roux (2 h. ‘,); aux Teppes (2h.); au champ du Four(2h}; sur la Rochette {1 h.) ; à la fontaine du Bois (L h); et en la côte de la combe du Derche (1 h.). Tous ces immeubles étaient dans la censive du seigneur de Saint-Julien, excepté le bois du Fournet, la grande Combe aux Roux et une charrée de foin qui étaient dans la censive du seigueur d'Andelot ; excepté aussi une demi charrée de foin qui était dans la censive du seigneur de la che- vance de Beyÿne ; excepté enfin la vigne et la grande Fin du champ de la Croix qui étaient partie dans la censive du seigneur d’Andelot, partie dans celle dudit seigneur de Beyne. C1.-F. Pellissonnier possédait, en outre, 34 chorrées de foin sur Bourcia. |
En 1689, il quitta ce lieu et vint s'établir à Vessia avec sa femme Jeanne et ses cinq enfants : Laurence, Jeanne-Claudine, Antoine-François (1). Reine-Pierrette
(1) Sa marraine fut Jeanne-Marie-Françoise, fille de Fran- çois de Branges, seigneur de Bourcia, la Boissière et Civria, laquelle épousa en 1703 Nicolas Muyard, de Moirans, lieutenant particulier au siège d'Orgelet. |
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et Michel, dans un petit manoir aujourd’hui délabré et inhabité, mais que des sculptures aux portes et aux fenêtres font reconnaître aisément. Cette maison; cons- truite sans doute par J.-B. Pommier, se composait principalement de quatre chambres hautes sur une
vaste cave voûtée. Là naquit, en 1690, Marie-Françoise Pellissonnier. Son parrain fut messire Vigier, curé d'Andelot, et sa marraine dame Marie - Françoise de Montcroissant. sœur ou belle-sœur de Jean-François de Montcroissant, curé de Gigny. et Véria de 1672 à 1717, qui, ainsi que son frère Ferdinand, était fils illégitime de Claude-Gabriel de Mouchet de Batte- fort de Laubespin.
En 1702, -Reine Pierrette Ples se maria avec Pierre Mercier, de Soussonne, marchand à Cuiseaux. que nous trouvons en 1716 sergent royal à Montpont. La bénédiction nuptial: leur fut donnée en l'église de Nantey par messire de Sayne, custode et chanoïne de l’église de Cuiseaux, en présence de leurs parents, de HOble Ferdinand Marie de Nance, religieux en l’abbaye de Gigny, de maitre Crestin, doceur en médecine, et de Claude Bonnard, notaire royal à Coli- gny, époux de Laurence Pommier. La dot de Reïne- Pierrette fut de 1500 livres.
_ Michel Pellissonnier. se fit recevoir bourgeois de Lons, mais il résida surtout à Bourcia où il épousa en 1704 Françoise Rosset, de Saint-Amour, et où naqui- rent ses fils : Adrien en 1705 et Joseph-Bonaventure en 1710. Adrien eut pour parrain Charles de Grammont, abbé de Saint-Vincent de Besançon, et pour marraine Adrienne-Thérèse de Binans, dame de Chambéria et de la chevance de Beyne au Val d’Epy, veuve de Jean- François de Joux de Grammont, baron de Chätillon- Guyotte. — Joseph-Bonaventure fut filleul de Bona- venture Courvoisier, de Poligny, habitant à Domblans,
_— 78 — La plus jeune sœur de Michel Pellissonnier, nommée Marie- Françoise, s'allia en 1711 avec Claude-Joseph Courvoisier, et il est probable que les nouveaux époux résidèrent à Vessia, puisque deux de leurs enfants y naquirent: Marie-Laurence en 1712 et Claudine en 1713.
Michel Pellissonnier est qualifié d'écuyer en 1705. Il était en 1717 avocat en Parlement demeurant à Allonal. Lui et son père appartenaient certainement à l’une des branches de la famille Pellissonnier, d’Arlay, anoblie en 1528 par Charles-Quint (Armes : d’or à la bande d'azur vivrée de trois plis, chargée de trois croissants d'argent en-orle). Claude-François Pellissonnier mou- rut, ce semble, en 1716 ; car son domaine de Vessia- Nantey fut mis en vente en 1717 et acheté moyennant 5000 livres par Joseph Ruffier, bourgeois et marchand à Saint-Amour. Mais le seigneur d’Andelot exerça son droit de retenue sur les fonds se’trouvant dans sa directe, et, en 1732, Joseph Rulfier échangea les héri- tages qui lui étaient restés contre une métairie que ledit seigneur possédait à Orgent près de Coligny.
Le registre d’arpentage de 1779 nous apprend que, en cette année-là, le domaine de M' d’Andelot sur Vessia-Nantey se composait de 41 hectares de terres labourables, de 3 hectares de prés et de 11 hecta- res !}, de bois. Il nous apprend aussi que la vigne de Vessia avait été convertié en verger, qu'il y avait un jardin d'une mesure au nord des huit corps de logis, que les 3 hectares de pré étaient formés de 9 parcelles sises à Nantey, enfin que les 6 principaux champs avaient une étendue de 11 hectares !/,, 10 h.,3h., 3h., 2h.1/, et 2 h. !/,. Aïnsi, les 6 charrées de foin possé- dées jadis par C1-F. Pellissonnier étaient devenues 3 hectares, mais la surface labourable avait diminué de 17 hectares, soit que M. d’Andelot eût vendu cer-
2069 = tains champs, soit qu’il les eût joints à sa grange de Florentia. En outre, comme on le remarque aisément, le nombre des grands champs s'était fort amoindri, ainsi que l'étendue des principaux d'entre eux. Mais les contenances indiquées en 1688 n'étaient peut-être qu'approximatives. _
Le domaine du marquis d’Andelot à Vessia-Nantey était cultivé à moitié fruits par un ou deux grangers. En 1775, un cheptel estimé à 1126 livres y était atta- ché. Vers 1745, Gaspard Guyénard fonda à la lisière du‘bois, près de la Grande Combe aux Roux, en un lieu appelé aujourd'hui la Caronnière de Vessia, une tuilerie qu'il fit exploiter par une famille de Fribourg en Suisse. Cette usine où l’on fabriquait de bonnes tuiles creuses de couleur jaune, dont le cent se vendait de 46 à 60 sols, fonctionnait encore en 1791. Elle fut sans doute abandonnée l’année suivante. En 1794, la Répu- blique mit en vente le domaine de Vessia qui fut adjugé à quatre habitants de Nantey au prix de 53.100 francs.
L'ancien fort de Nantey et la grange des Augustins. — On voit près de l’église de Nantey une grosse mai- son carrée d'environ 15 mètres de côté, dont le mur méridional et l'angle sud-ouest ont à peu près un mètre d'épaisseur. Ce mur et cet angle sont tout ce quil reste d'une forteresse féodale sur laquelle on ne sait pour ainsi dire rien. La charte n° 262 du Cartulaire de Bourgogne, publié par l'Académie de Besançon, porte que, en 1279, un notaire public du pape enregistra et signa Certains actes « apud Santelas, in fortalicio dicti loci ». Nous croyons qu’il faut lire « apud Nantelas ». Quoi qu'il en soit, la maison forte de Nantey fut vrai- semblablement ruinée en 1479, en même temps que les défenses du château d’Andelot, par les troupes de Charles d’Amboise, général de Louis XI, roi de France.
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Elle ne fut point relevée, mais son souvenir subsistait plus de vingt ans après, puisqu'on lit sur un des feuil- lets qui nous restent dû terrier d’Andelot de 1500 qu'une D de terre est assise « dessus le fort de Nantel.
Ce bort ou chatelet était, avec sor cle noble, la partie principale d’un fief dont les parties secondaires se composaient des redevances dues par les tenanciers de champs et de prés roturiers situés çà et là. L’enclos est. encore reconnaissable. Il consistait en un pré d'environ 55 ares s'étendant à l’est et au midi de la maison, pré bordé de tous côtés par des chemins, mais échancré par le presbytère, son verger et son jardin. Au couchant de la maison forte se trouvait un jardin assez vaste
séparé de celle-ci par la voie publique.
La maison forte dont il s’agit avait peut-être été construite (cela avant 1191) par un prévôt des moines
_ de Gigny, seigneurs de Nantey, pour se mettre à l'abri
d’un coup dè main, et 1l semble que cette maison, l’église et le Dresbytere furent bâtis à la même époque sur un seul et même terrain.
Aïnsi, il y eut au Moyen-Age un fort et un fief d Nantel, ct c’est parce qu'il avait existé un fief de ce nom que, au xvin° siècle, Gaspard Guyénard s'appela du vivant de son père Joachim, seigneur d’Andelot, c’est-à-dire jusqu’en ee Gaspard Guyénard de Nantel. |
Nous ignorons comment le fief en question disparut, en d’autres termes comment la maison et son enclos nobles devinrent des biens roturiers. Nous ignorons donc par suite de quelles circonstances cette maison noble se transforma en grange.
En 1438, Claude de Laubespin, seigneur de Saint- Amour, avait fondé dans cette ville un monastère de Grands-Augustins et nous voyons ce monastère pos-
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. Béder dès avant 1684 la grange de Nantey et tenir en
fief le sixième de la dime d’Andelot. Ce sixième de dime leur avait été donné par un sieur de la Charme et, en 1657, Joachim de Coligny, marquis de Coligny-le- Vieil et d’Andelot, leur avait permis de le posséder. En 1750, cette portion de dîime était amodiée pour 33 me- sures de froment, 12 mesures d'avoine, 10 mesures de vesces. et 10 poulets. Elle rapportait donc environ 120 francs. a? - . Quant à la grange de Nantey, il est probable qu’elle leur avait été donnée par la même personne que nous croyons être Claude de la Charme, mentionné comme religieux à Gigny en 1612 et en 1623. Il vivait sans. doute encore en 1651 puisque, à cette date, certains héritäges d’Avenans appartenaient « au sieur de la Charme » et il était vraisembläblement fils d'Alexandre de ia Charme, seigneur de Pirajoux, et de Péronne du Breul. Claude fut apparemment le dernier représentant mâle de la famille de la Charme qui tirait son nom d’un fief situé près de Montrevel et portait: d'azur à la bande d’or, au chef de gueules. D’après ce que nous venons de dire, il semble que les Augustins aient possédé depuis 1656 la grange qui avait remplacé l’ancien fort de Nantel. En 1779, leur
domaine se composait sur le territoire de ce village :
1° d’une maison en mauvais état, sans cave ni étage, comprenant deux grandes chambres du côté du levant, une vaste grange et une vaste écurie du côté du cou- chant. Les portes de celles-ci étaient cintrées ainsi que la fenêtre pratiquée entre l’une et l’autre. Dans la che-
minée d’une des chambres on voit encore une plaque
de fer datée de 1731 et présentant le monogramme du Christ entre deux colonnes surmontées chacune d’une tête d’ange. Du côté du midi cette maison n'avait au- cune ouverture et un large fossé accompagné d’un jar-
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din d’un are*/, longeait la muraille. — 2° d'un autre jardin de 2 ares “a situé au couchant du bâtiment et bordé au nord, à l’est et à l’ouest par des chemins ; d'une chenevière de 5 ares !/, assise aux Combes (1), au sud-ouest du précédent jardin et limitée par des chemins à l’est et à l’ouest; d’une autre chenevière de 5 ares située près de là, au Carouge, et touchant un chemin à l'est. — 30 de 47 champs qui, avec les jardins et les chenevières, avaient une superficie de plus de 8 hectares. — 4° de 15 prés ayant ensemble une étendue de plus d’un hectare.
En somme, le domaine des Augustins contenait près de 10 hectares. = Parmi les champs, 8 étaient situés aux Voirat, 8 aux Couramble, 5 au dessous des Prés, 5 aux Routes, 3 derrière l'Eglise, 2 vers le vieux Moulin, 2 sur les Contours, etc. Près des ?/, d’entre eux étaient de bonne qualité. Les 8 champs des Voirat avaient une étendue de 2 hectares !/,. Quant aux 15 prés, 8 étaient situés en Darou, 4 au Grand-Pré, 2 en Bas de la Rivière et un vers la maison. Environ la moitié d’entre eux étaient bons. Le plus grand était l'ancien pré de fief dont nous avons parlé précédemment, mais il avait été diminué d'une bande de terrain allant du midi de la maison au chemin de Florentia: vers le milieu de cette bande se dressait une maison de paysan flanquée de jardins au nord et au sud,
De la grange des Augustins à Nantey dépendaient une soixantaine d'ares de terre et un petit pré sur
(1) On disait autrefois « les Combes » parce que ce canton comprenait une combe au nord et une combe au sud du sentier montant du chemin de Thoissia vers le haut du village. Aujour-
d'hui on dit « la Combe » parce que ce canton ne comprend
plus que la combe du sud, celle du nord faisant partie du lieù
dit en Tarentin.
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Tarcia, ainsi qu'un mauvais pré et un bois de 3 hec- tares‘/, sur Andelot : mais, en 1749, les Révérends Pères cédèrent ledit bois au seigneur d'Andelot moyen- nant une rente perpétuelle de 6 1e par an.
Une petite partie seulement de leur grange était dans la censive de ce seigneur à qui ils devaicnt payer chaque année un cens consistant en 2 mesures de fro- ment, 3 mesures d’avoine et 4 sols 6 deniers. Ils lui devaient, en outre, comme tous les faisant-feu, les droits de blairie, de prothie-avénerie, de pain aux chiens et 4 corvées de char ou de charrue. L'autre partie du domaine était dans la censive du seigneur de la rente noble de Beyne au Val d'Epy.
Le domaine en question fut amodié en 1692, avec les parcelles situées sur Tarcia et sur Andelot, et avec un
__ cheptel valant 200 livres, moyennant 72 mesures de
froment par an et quelques autres prestations analo- gues à celles qui sont indiquées ci-après. En 1725, en 1730 et en 1749, il fut affermé chaque fois pour une durée de 6 ans, moyennant 80 mesures de froment, 20 mesures d’avoine, 5 mesures de vesces, 20 livres de beurre fondu et 4 poulets. En 1789, les Augustins esti- maient que ce domaine leur rapportait 332 livres par an. | |
Le 18 mars 1791, il fut vendu à l’enchère au profit de la Nation et adjugé à un cultivateur de Nantey pour le prix de 13.950 francs. |
En étudiant le registre d’arpentage de 1779, nous avons remarqué que la grange des Augustins compre- nait, comme celle des Visitandines, 8 champs du canton des Voirat, champs ayant ensemble une superficie de 2 hectares ‘la: que chacune des susdites granges com. prenait aussi 3 champs situés derrière l'Egiise : que, d’une part, les Augustins possédaient 8 champs aux Couramble et 5 au dessous des Prés et que, d'autre
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part, les Visitandines en avaient 5 aux Couramble et 3 au dessous des Prés. Nous avons remarqué cnfn qu'environ la moitié des fonds des Visitandines confi- naient à ceux des Augustins. Ces particularités nous portent à croire que, dans l’origine, il exista un grand meix composé principalement de vastes pièces de.terre assises aux Voirat, aux Couramble, au dessous des Prés et derrière l'Eglise ; que, dans la suite, ce meix fut divisé et que de chaque moitié furent formées les granges tenues par les Augustins et les Visitan- dines dans la seconde partie du xvii° siècle et jusqu'à la Révolution. Si, en 1779, le domaine des Visitandines était plus considérable que celui des Augustins, la raison en est certainement qu'elles avaient acheté de nombreux héritages, ce que les Augustins n'avaient pu faire à cause de leur pauvreté.
La grange des Visitandines. — En 1629, Philibert de la Beyvière, scigneur de ce lieu {situé près de Craz- sur-Reyssouze) et de Dananche, mourut sans posté- rité, le dernier de sa race, et légua tous ses biens à sa femme Jeanne, fille de Louis de Seyturier, seigneur de la Verjonnière et de Serrières. Elle employa une partie de sa fortune à fonder en 1633 à Saint-Amour un monasière de Visitandines. Dès avant 1685, ces reli- gieusces possédèrent à Nantey un domaine important dont les bâtiments existent encore au sud-ouest du village : ils constituent la première maison de cultiva- teur qu'on trouve à sa gauche quand on entre dans Nantey par la route de Senaud. Sans doute, ils ont été remaniés et agrandis au xix° siècle, mais les deux vastes pièces de plain-picd dont se composait le loge- ment du granger au siècle précédent n’ont pour ainsi dire pas changé.
La grange des dames Sainte-Marie {les habitants de
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Nantey appelaient ainsi les Visitandines) était entourée de plus d’un heclare de terres D’abord, au lieu dit « sous les Granges », situé à l’est des bâtiments, elles possédaient en face de ceux-ci une longue chenevière de 45 ares bordée de tous côtés par des chemins, excepté au nord; ct elles en avaient une autre de 7 ares non loin de la première. Ensuite, à l’ouest et au sud de ladite maison, elles poss idaient un champ et jardin de 35 ares qui, touchant à l’est celle-ci et un chemin, était bordé par d’autres chemins à l’ouest et au nord. A peu de distance de ce champ-jardin, elles avaient enfin un clos de 6 ares, une chenevière de 9 ar2s et un verger de même étendue. Elles possédaient encore dans la partie basse du village une chenevière de 2 ares au Carouge, une de 6 aux Combes, une de 2%/, et une de 3 ‘/à vers le vieux moulin. Le reste du domaine se composait dé 53 champs et de 19 prés. Parmi ces champs, 8 étaient situés aux Voirat, 5 aux Couramble, 3 derrière l'Eglise, 3 en Tarantin, 3 au dessous des Prés, 3 aux Nièvre, ete. Les 8 champs des Voirat avaient ensemble une étendue de 2 hectares ‘/,. Quant aux prés, 7 se trouvaient en Bas de la Rivière, 7 en Darou et 5 au Gra nd-Pré. La superficie des champs, chenevières, jardins, clos et vergers était de près de 12 hectares dont plus de 9 étaient de bonne qualité. Celle des prés était de 2 hectares !/,, dont un était bon. Le domaine des Visitandines avait donc une étendue d’environ 14 hectares. Il était, comme celui des Augus- tins, partie dans la censive du seigneur d’Andelot, partie dans celle du seigneur de la ee de Beyne au Val d'Epy. Un cheptel valant 300 livres était atta- ché à cette grange, avec 57 mesures de froment et 8 mesures de fèves pour semences. Ledit domaine était cultivé à moitié fruits par un granger. —”
La Visitation de Saint-Amour possédait en outre le
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sixième de la dime d'Andelot par suite de la donation que lui avait faite M. Vieux, de Saint-Amour (proba- blement Philibert Vieux de Courcelles, docteur ès droits, lieutenant du juge de cette ville, puis conseiller du Roi au siège présidial de Bourg, qui testa en 1685.) Les Visitandines possédaient de plus un domaine situé à Thoissia et se composant de 9 hectares ‘/, de terres et de 9 ares de pré; enfin un hectare de prés à Andelot
et quelques héritages à Epy.
Toutes ces propriétés furent vendues nationalement
en 1791. La grange de Nantey avec son cheptel fut
adjugée à un habitant de ce lieu pour 18.000 francs.
La grange Bouquerod. — Il exista à Nantey un petit domaine qui appartint depuis 1732 à une branche de la famille Bouquerod, de Gigny, et qu’elle fit exploiter par un fermier depuis environ 1740 jusqu'après 1789.
On se souvient que Jean-Baptiste Bouquerod fut curé de Nantey de 1683 à 1732. Il avait un frère nommé Phi- libert et une sœur, Marie, qui vers 1712 épousa Claude- François Janin, de Nantey, et y mourut en 1757. De ce mariage naquit une fille appelée Denise. Quant à Phi- libert, il eut quatre fils: Gabriel, Jean-François, Charles et Jean-Claude. En 1730, Charles devint curé d'Epy. En 1732, Gabriel épousa Denise Janin ; en cette même année, Jean Claude était chirurgien ‘à Epy et Jean-François succéda à son oncle comme curé de Nantey. Jin 1733, Gabriel eut un fils nommé Barthé- lemy, mais celui-là mourut quelques années après, vrai- semblablement à Gigny. Charles, curé d'Epy, décéda en 1741 et Jean-François, curé de Nantey, en 1746,
_ Quant à Barthélemy, il mourut avant 1764, probable-
ment à Gigny. La grange des Bouquerod se composait de 8 hec- tares de champs et de 35 ares de prés sur le territoire
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de Nantey, ainsi que de quelques fonds situés à Epy. Nous ignorons l'endroit du premier de ces villages où se trouvaient les bâtiments de la ferme en question.
Les fonds des Ghartreux de Montmerle. — Les Char- treux de Montmerle, dont le monastère se trouvait entre Foissiat et Saint-Julien- I ne possé- daient sur le territoire de Nantey qu'un champ de 9 ares en Pierre-Fiche et 80 ares de prés en Darou. Ces héritages dépendaient d’une de leurs deux granges de Senaud, Leur domaine comprenait 40 hectares de terres labourables dans ce village et à Epy, 5 hectares de prés à Epy. la Balme et Lanéria, enfin 14 ares de vignes à Senaud. Ils avaicnt échangé, ve.s 1702, leur droit d'usage dans la forêt de Charnay contre la propriété de 3 hectares !/, de celle-ci. De plus, ils tenaient en fief du seigneur d’Andelot une partie de la dîime et des cens de Senaud. Les deux granges des Chartreux de Montmerle furent vendues aliohalement en 1791 pour
50.200 francs.
Ecuiria et la grange Desglans. — Dès avant 1657, Ecuiria formait une communauté d'habitants distincte de celle de Nantey, sans être toutefois séparée d'elle pour les bois et pâtis communs> Suivant le rapport d'un échevin de ce dernier village, Ecuiria avait fait jadis partie de Nantey, comme Vessia, mais « M. Des- glans, officier de la Chambre des Comptes, qui avalt intérêt à ce qu'un lieu où ses terres n'étaient imposées que pour la portion colonique (c’est-à-dire ne payaient que le tiers des impositions royales) fût indépendant, avait demandé quil fût érigé en communauté distincte, et M. d’Andelot avait favorisé ses démarches, afin de grossir sa scigncurie. » Nous ne croyons pas que cette allégation puisse être justifiée, |
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Les limites du territoire d’Ecuiria ne furent jamais fixées par un arpentage. D’après un compte d’échevin, il se composait en 1780 de 15 hectares !/, de terres labourables, de 71 ares {/; de bons prés, d’un hectare de mauvais taillis et de 8 hectares ‘/, de communes défrichées. De ces 15 hectares !/, de terres, 4 ‘/à étaient bons, plus de 4 étaient mauvais et près de 7 étaient médiocres.
Nous avons parlé précédemment de la population d’'Ecuiria. | .
Il existait dans ce village une grange importante à laquelle était attaché un cheptel de 4 bœufs, 2 vaches, 4 veaux et 6 moutons. Divers comptes d'échevins nous la montrent composée au xvin* siècle d'environ 13 hec- tares de terres et 50 ares de prés, non compris, natu- rellement, 2 hectares de prés sur Nantey et quelques fonds situés à Tarcia et à la Balme. Presque les ?/, des champs de ce domaine étaient de bonne qualité. Son étendue avait pour conséquence que les 7 ou huit cultiva- teurs d’Ecuiria ne possédaient guère, en fait de champs, que des parcelles de communes défrichées. En 1791, . quatre d’entre eux n’avaient que desterres de ce genre.
Les héritages de la grange d’Ecuiria étaient en partie dans la censive du seigneur d’Andelot, en partie dans celle du seigneur de la chevance de Beyne au Val d'Epy, en partie dans celie d’un troisième seigneur dont nous ignorons le nom. “à
Le domaine en question fut possédé dès avant 1685 par la famille Desglans, de Saint-Amour, dont la tige est Nicolas Desglans, vivant dans cette ville en 1595. En 1680, l’avocat Philibert Desglans acheta le fief de Cessia, puis il fut anobli par une charge de secrétaire du Roi à la Chambre des Comptes de Dole (Armes : d'azur à 3 flèches en bande, au chef cousu de gueules
chargé de 3 glands d’or).
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Cette famille avait pour homme d’affaires le sieur Michel Cochet, notaire à Coligny, époux de Jeanne- Claudine Dumollard, de Saint-Jean-d’Etreux. Vers 1775, il acheta les dépendances de la grange d’Ecuiria situées à Nantey et, quelques années plus tard, cette grange elle-même. Ces biens restèrent dans la famille Cochet jusqu’après 1833.
En 1785, la communauté d’Ecuiria demanda à à l'inten- dant de Franche-Comté l'autorisation de délimiter ses biens communaux afin d’en jouir séparément, mais celle de Nantey s’opposa à cette requête qui fut rejetée en 1787. — En 1790, lors de la nomination des munici- palités, ilne se trouva pas à Ecuiria un nombre de citoyens suffisant pour en constituer une. Aussi fut-1l obligé de se réunir à Nantey et, dès lors, les deux com- munautés ne formèrent plus qu'une seule et même commune. Toutefois, l'année suivante, Ecuiria demanda à être séparé de Nantey pour le territoire et les impôts. _ Sa pétition ne fut pas agréée. Enfin, en 1844, Ecuiria renouvela sa demande en séparation d'avec Nantey, mais seulement pour les bois et pâturages. Cette requête n'eût pas un meilleur succès que la précédente.
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CHAPITRE VI.
Nantey au XVIII siècle : Description du village. Chemins, fontaines et croix. Maisons et Meubles, Vêtements et aliments. La culture, le sel, le hétail. Domestiques et artisans. Ventes à réméré. — Emancipation. Mariages et testaments. — Foi religieuse, instruction et superstitions.
Au xvue siècle, Nantey avait un aspect misérable qui, d’ailleurs, était commun à tous les villages de la région ; toutefois, de nombreux noyers plantés près des
chemins voilaient la malpropreté des cours embar-
rassées de fumier et de décombres, ainsi que la pau- vreté des maisons basses, aux murs ruineux, dont quelques-unes étaient couvertes de lauzes ou laves comme en l’an 1500. Les jardins exigus et clos de quelques pierres sèches et d'épines n'étaient égayés que par les ruches dont il ÿ avait alors une grande quantité dans le pays.
Le village se composait, comme aujourd’hui, du quartièr haut dont la partie méridionale s'appelait les. Granges (c'est-à-dire les fermes, les métairies) et du quartier bas dont la partie septentrionale portait le nom de Croix-Baïilly. Ils étaient, comme de nos jours, reliés l’un à l’autre par les chemins dits des Nonnes,
des Bachètes et de la Messe. Le chemin actuel des
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_ Combes n’était alors qu’un sentier bas, frayé à travers les chenevières de ce canton dont la moitié septentrio- nale est dénommée autrement à notre époque. Notez qu’on entendait par chenevières les petites pièces de terre fertiles situées surtout entre les deux quartiers du village : aux Combes, au Carouge et sous les Granges. Le chenin des Nonnes montait à la ferme des dames Sainte-Marie, c’est-à-dire des religieuses de la Visita- tion de Saint-Amour, ferme près de laquelle il y avait une serve ou mare pour abreuver le bétail. Par les chemins des Bachètes, de la Messe et des Combes on montait à la place publique où se trouvaient une autre serve, un murger, une haute croix de pierre et un énorme tilleul que l’on estimait âgé de plus de 400 ans. Il avait donc vu le règne de nos bons maîtres Charles- Quint, Philippe Il, Albert et Isabelle, Philippe IV et Charles II. Son tronc, haut de 1 m. 70, avait 6 m. 70 de circonférence et était entièrement creux. Le dimanche, les hommes aimaient à s'asseoir dans -sa cavité pour jouer à la « bête hombrée », sorte de ; jeu de cartes qui leur était venu d'Espagne. Cet arbre vénérable fut abattu en 1830 parce que fendu par un orage jusqu’à trois pieds des racines,il menaçaït d’une ruine prochaine. En 1841, lors de l’établissement des fontaines publiques la serve fut comblée et la croix reculée vers l’orient. La partie basse du village, celle qu’on appelait LU Croix-Bailly, est la plus ancienne, car l’église et le fort” de Nantel, dont nous avons parlé ci-dessus, furent évi- demment construits près des premières maisons exis- tantes. Ce quartier tirait son nom d’une croix de pierre qu'un laboureur avait, plusieurs siècles auparavant, érigée près de l'endroit où coule aujourd’hui la fontaine publique.'Au nord-est de cette croix se trouvait la fermée des Augustins (l’ancien fort de Nantel) ; au sud, Je Moulin Neuf détruit en 1637 et relevé en 1759. Si
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l’une des maisons qui avoisinent celui-ci est antérieure à 4715, toutes ou presque toutes les autres ont été bâties à partir de 1785. La maison qu'on voit au midi de l'ancienne ferme des Augustins ne date que du com- mencement du xvurr* siècle et ce fut dans le courant de ce siècle-là que des bâtiments s’élevèrent sur le bord occidental de la rue actuelle de Croix-Baïlly. Aupara- vant, les chenevières des Combes s’étendaient jusqu’à cette rue, ou bien des jardins se trouvaient à la place de ces bâtiments. Au xviri° siècle, il n’y avait pas de prés au nord ni à l’est de l’église ; on n’y voyait que des champs, et il en existait aussi plusieurs entre la route de Florentia et le cours du ruisseau Le cimetière était ombragé par un noyer et un tilleul que la gelée fit périr pendant l'hiver de 1789. Au midi de l'église et du cimetière était une mare dite des Grenouilles et, à l'angle sud-est de celui-ci, paraissait une espèce de petite source dont l’eau était assurément malsaine. Les assem- blées de la communauté se tenaient le plus souvent devant la porte de l'église ou, en cas de mauvais temps, sous le porche et dans la nef.
Tous les chemins étaient détestables, car n'ayant ni fossés latéraux ni canaux transversaux, ils étaient cavés far les orages et couverts par les eaux descen- dant des côtes voisines ou par les sources grossies et débordées. En outre, ils perdaient sans cesse de leur Rrgeur par suite des anticipations des propriétaires
riverains et de leur négligence à élagucr les haies et à
relever les murs de clôture. Le moins mauvais et le moins rétréci de ces chemins était celui d'Andelot, dénommé vie Blanche à cause de la couleur du sol qu'il traverse ; encore sa partie plate n’était-elle, après de fortes pluies, qu’une succession de fondrières. .
Le chemin de Florentia s'appelait avec justice vie Creuse, car il était profondément raviné à l'endroit où il s'engage dans la gorge de la Rochette,
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Il n’y avait pas, à vrai dire, de chemin de Thoissia. Pour aller à ce village, les habitants du haut prenaient le chemin des Essarts aboutissant à la croix des Voi- rat; ceux du bas suivaient le chemin des Voirat qui les menait à la même croix. De là, les uns et les autres
gagnaient Thoissia par le chemin de la côte des Pier-
rettes. La route actuelle, construite au xix° siècle sur le flanc occidental du mont Moin, n'existait donc pas. Ce cliemin des Voirat n'était qu’une profonde ornière par laquelle les eaux du vailon de ce nom et celles du chemin des Essarts, de la vie d'Andelot et du sentier des Combes arrivaient au Carouge ou carretour de la Croix-Bailly et y déposaient une partie de leurs boues avant d'aller en porter le reste du côté du Moulin- Neuf. A ce carrefour parvenaient aussi les eaux du che- min de la Messe et celles de la rue de la Croix-Bailly, rue qui, dans l'origine, fut, sans aucun doute, le com- mencement de la vie d’Andelot. Souvent même, de furieuses ravines se précipitant de la côte de Cuvy entrainaient jusqu’audit carrefour des amas de terre et de pierres. En outre, toute la portion du chemin de Florentia comprise entre la gorge dé la Rochette et la Croix-Bailly était, en temps de pluie, couverte par les eaux descendant de la vie Creuse, du chemin de Ve:sia, du sentier du Bourbouillon, par le Bourbouillon lui- même: dont le cours se dirigeait librement vers la Doye, enfin par les eaux des sources jaillissant vers le cime= tière et dans les terres situées derrière l’église. Toutes ces eaux n'étaient absorbées que lentement par le gouilla des Grenouilles, par les prés d'En-Haut de la Rivière et parles embouchoirs de la Croix-Bailly, du
. pré Guynard et du Moulin-Neuf. Après de fortes et
longues pluies, il était fort difficile d'aller à l'église par le chemin de Florentia. On s’y rendait alors par le « petit chemin de la Messe » qui, partant de la rue
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Croix-Bailly, à la limite méridionale de la propriété des Augustins, traversait leur pré et longeait le mur _septentrional du verger du presbytère. On pouvait prendre aussi, pour aller à l’église, le chemin desser- vant les terres situées derrière celle-ci, lequel s’ouvrait à l'angle nord-ouest de la maison desdits Augustins, en longeait le mur septentrional, puis la clôture de leur pré-verger.
Comme on va le voir, il n’y avait pas ellenent de chemin d’Epy. Du carrefour des Nonnes païtaient le chemin des Nonnes, la vie de la Balme et la vie de Darou. Celle-ci, appelée aussi chemin des Nièvres, s'arrétait devant l'ilot rocheux de la Renardière pour en contourner la base dans la direction de la Caronnière et de la prairie de Darou. La vie en question est évi- demment celle de l’ancien village de Longeval et, ‘comme les côtes orientales et les prés d'En-Bas de la Rivière y envoient leurs eaux, on l’appelait au xvi° siècle, et même encore au xvurl°, le rognon, le resgnon ou rignon de Darou, mot qui cst le même que roion, ruillon ou rillon qu'on rencontre dans les vieux écri- vains français avec le sens de canal. Depuis Nantey, la vie de Darou était changée en fondrière par l’eau qui 8’y écoulait des héritages voisins. Il n'y avait pas de chemin entre la Roñardièré et les Fosses. Quant à la vie de la Balme, nommée aussi chemin des Côtes, elle conduisait à ce village par Montrochat et la combe. Varenne. À peine y était-un entré qu’on trouvait à main droite un chemin vaguement frayé qui allait en ligne directe, à travers les prés d'En-Bas de la Rivière, vers -un autre chemin commençant aux Fosses, en face de la Caronnière, pour tirer à Epy. Quelques buissons mar- quent encore la direction de cette vie des prés qui fut supprimée en 1804, lorsqu’ une route eut élé construite entre la Renardiôre et les Fosses.
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Vers le milieu du xvin° siècle, Gaspard Guyénard qui se rendait fréquemment de Coligny à Andelot et d'Andelot à Coligny avait fait réparer le chemin de Nantey à ce bourg, jusqu'aux limites de sa seigneurie. I lui avait fait donner une largeur d'environ 15 pieds. mais après la mort de son fils Joachim (1780), les pro- priétaires riverains l'avaient rétréci et déformé Le des anticipations.
C'est entre 1800 et 1805 que les chemins de Nantey furent mis dans l'état où ils sont à présent.
Au moins 9 croix s’élevaient sur le territoire de Nan- tey, de Vessia et d'Ecuiria : croix Baïlly, croix Michon (1786), croix de la place publique, du cimetière, des Voirat, de Cuvy, d Ecuiria, de Vessia et de la Renar- dière.
L'absence de fontaines publiques était fort préjudi- ciable à la population. Les femmes devaient aller cher- cher de l’eau à la source de la Doye et elles avaient l'habitude de la rapporter sur leur tête. Pour abréger un peu le trajet, celles du quartier de la Croix-Baïilly prenaient l’un ou l’autre des chemins dits des Augus- tins et traversaient le cimetière, alars mal clos. Au lieu d'aller jusqu’à la source, beaucoup de gens puisaient de l’eau dans la petite fontaine dé l'angle sud-est du cimetière, mais ils ne s’en servaient apparemment pas pour leur boisson. Dans le haut du village, quelques familles avaient des citernes dont les parois étaient formées de madriers de chêne. Comme, en été, l’eau de la Doye est trop froide pour le bétail, on le faisait boire à l’une des trois serves du village ou à celles des communaux. Quand ces mares étaient à sec,
on menait les animaux au réservoir du Moulin-Neut. A
Vessia, 11 y avait une petite source et une grande citerne; à Ecuiria, il n’y avait qu’un puits. L'endroit du ruisseau disposé pour laver le linge se trouvait environ
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à égale distance des deux moulins et il était ombragé par des saules. Le principal des sentiers qui y condui- saient partait du carrefour de la Croix-Bailly et tra- versait le pré Guynard ou des Augustins et celui d'En Haut de la Rivière. |
Au xvirl* noces les maisons de Nantey n'avaient généralement qu'un bas étage, lequel se divisait en quatre parties: la cuisine ‘appelée mâzon), la chambre, la grange et l’étable. Du chemin ou de la cour on entrait directement dans la cuisine; parfois cependant, il fallait d’abord traverser la grange. La chambre à coucher était d'ordinaire placée derrière la cuisine. Il était rare qu'il y eût une cave. Les murs de ces mai- sons étaient faits de moellons quelconques ramassés au plus près et réunis soit par un mauvais sable rouge mêlé avec un peu de chaux, soit par une sorte de terre . argilo- -calcaire nommé: dans le pays roche pourrie. Ces maisons dataient sans doute de l’époque lointaine où la carrière de Dorey et celle du flanc oriental du mont Moin n'étaient pas encore ouvertes. D'ailleurs, celle de Dorey était abandonnée au xvinre siècle ; on la rouvrit en 4822, puis on l’abandonna de nouveau. Comme la saillie du toit ne suffisait pas toujours pour écarter l’eau pluviale des fondations, celui-ci était parfois muni de chéneaux de bois. La charpente des maisons était faite de cœur de chêne ou de châtaignier. Pour bâtir les cheminées, on employait le tuf, espèce de pierre légère et poreuse qui se trouve dans le vallon à une faible profondeur et qu'on peut aisément scier et tailler. D’ordinaire, la pluie pénétrait dans le grenier par les faces extérieures de la cheminée et les gens essayaient de parer à cet inconvénient en entourant le pied de celle-ci de terre sèche ou de cendres, voire de balle d'avoine ou de foin, encore que l'emploi de matières inflammables füt interdit par les règlements de police.
0 Le sol des cuisines et des chambres était garni de laves. Ces pièces étaient séparées du grenier par des poutres peu espacées, équarries en biais sur deux des flancs entre lesquels des pierres plates avaient été glis- sées de telle façon qu’elles se serrassent et se re- tinssent les unes les autres. Un mortier de roche pourrie en bouchait les interstices. On voyait aux portes d’entrée des serrures entièrement en bois, à l’exception du ressort et du pêne, confectionnées par les habitants eux-mêmes, Les chambres aux murs et aux poutres noircis par la fumée ne recevaient le jour que par une étroite ouverture où était fixé un.
chassis dont les quatre ou six cases renfermaient plus
souvent du papier huilé que du verre. Les vitres fabri- quées alors étaient petites, verdâtres, ondées et d’un prix élevé (1). :
Dans toute cuisine il y avait une cheminée à manteau avec une crémaillère, un pied (ou landier), une pelle et une fourchette de fer (ou fourgon) dont le manche perforé servait à souffler le feu. Sur la cheminée on apercevait une lampe de métal, à queue, appelée
« crûzu » (2) parce qu'elle était souvent ornée d’une
petite croix, et l’un de ces naïfs crucifix de bois noir et d’es jauni exécutés à Saint-Claude. Une niche pratiquée
(1) En 1789, une vitre d'environ 15 centimètres carrés se payait 6 sols ; un modeste gobelet de verre blanc, 7 ; une bou-
teille de ?/, de pinte, 12. Nous n'avons pas besoin de dire que
l'argent avait alors un pouvoir d'achat au moins quinze fois plus grand qu'aujourd'hui. Ilÿy avait en Franche-Comté diverses espèces de pintes : pinte d'Orgelet (1 litre 316), pinte de Lons- le-Saunier (1 1. 368), pinte de Bourgogne usitée à Arbois, à Poligny, à Salins, etc. (1 1. 326).
(2) De même que les toitures de Nantey ressemblent à celles de la Bresse, ainsi le patois de ce village ne diffère que très peu
du bressan, mais le caractère de la populalion est nettement
franc-comtois. hi
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près de la cheminée contenait le briquet, l’amadou et les chènevottes soufrées, appelées «silloux». Dans toute cuisine on voyait aussi une maie, deux bancs et un dressoir à deux portes surmonté d’un vaisselier garni d’écuelles et de plats plus souvent en terre qu'en faïence, de gobelets plus souvent en bois qu’en verre et de quelques bouteilles ordinairement de ?/, de pinte (environ 85 centilitres). L’eau était contenue dans des seaux de bois ; le lard et l'huile dans des vaisseaux de pierre ; le pain de sel de 3 livres avec sa râpe dans une boîte de bois épais. Des degrés (escalier) con- duisaient de la cuisine au grenier qui était meublé d’arches ou coffres où l’on enfermait le blé et la farine.
Dans la chambre à coucher se trouvaient deux, trois et même quatre lits avec ou sans colonnes, mais presque toujours pourvus de courtines. Ils étaient garnis de toiles remplies de paille ou de « vayôla » (balle d'avoine), de linceuls ou draps, de couvertures de bourre ou d’étoupe foulée, parfois d’un «lôdi» ou cou- verture piquée. À Nantey, il existait encore au xvitr° siècle quelques châlits et coffres faits de grandes laves maintenues par des traverses de bois. Les rideaux de: lit étaient de serge brune ou verte, de « bâge » grise (beige ou droguet), rarement de bergame (sorte de tapisserie de peu de valeur). On voyait encore dans la chambre , outre quelques chaises de bois ou de paille, un ou deux grands coffres et un cabinet ou garde-robe, meubles destinés à serrer le linge et les vêtements. Peu nombreuses étaient les chambres contenant un miroir de 20 centimètres carrés, car il coûtait alors une dizaine de livres, presque autant qu’une armoire commune. Mais dans toutes un grand bénitier de pierre sortait du mur près de la porte, comme à l’église. La chambre recevait la chaleur de la cheminée de Îa cuisine au moyen d’une sorte de placard pratiqué derrière celle-ci,
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Les jours ouvrables, hommes et femmes portaient des Vêtements de droguet ou de toile (1), selon la saison. Les jours fériés, celles-ci mettaient une coiffe blanche aux ailes tombantes et tuyautées, une robe de drap, un devantier ou tablier de soie et un mouchoir de cou (petit châle), tandis que ceux-là se revêtaient d’un chapeau, de bas, d’une culotte de drap et d’un habit à longs pans, également en drap. Les femmes coquettes ambi- tionnaient de remplacer leur vulgaire mouchoir de cou. de 45 sols par un de soie rouge fleuretée de fil blanc, mais il coûtait trois livres 15 sols. On ne se garantis- sait de la pluie qu’au moyen de manteaux. En hiver, les femmes et les filles filaient du chanvre et de la laine. Avec ce fil, des tisserands ambulants ou domiciliés dans certains villages faisaient de la toile et du dro- guet. Quant aux hommes, ils réparaient leurs outils ou fabriquaient des paniers, des serrures, des boutons de bois ou de plomb, etc.
La nourriture des paysans se composait presque uniquement de pain, de bouillie, de légumes, d'œufs, de lait et de fromage. Comme le froment (2) valait d'ordinaire de trois à quatre livres la mesure, on
(1) De 1780 à 1789 la toile commune valait de 22 à 24 sols l’aune ; la futaine, 26 ; le droguet, 45 : l’indienne, 54et le drap ordinaire, de 3 à 4 livres. Les diverses espèces d’aunes usitées avaient presque la même longueur: celle de Franche-Comté, 1 m., 2 ; celle de Poligny, 1 m., 19 ; celle de Paris, 1 m., 188. Les paysans achetaient des chapeaux de 30 sols et des souliers de 4 livres 15 sols. Les souliers des paysannes coutaient une livre de moins. Quant aux sabots, ils ne se payaient que 5 sols.
(2) Il était rare que la mesure de froment ne valût que 50 sols et, dans les années de disette, elle coûtait 4 livres 10 sols et davantage. Vers 1780, la mesure d'avoine se payaït de 20 à 30 sols ; celle d'orge, de 30 à 35; celle de mêlée, de 24 à 30; e celle de turquet, environ 50. La mesure de froment du bailliage d’Orgelet pesait 30 livres et n’était que de très peu inférieure au double décalitre actuel.
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l’épargnait le plus possible afin de le vendre. Il n'en- trait guère que pour un cinquième dans la farine avec laquelle on faisait le pain, et le seigle, l'orge, l’uvoine, les fèves,les pois et même les pesettes en constituaient les quatre autres cinquièmes, de sorte que les miches se crevassaient en cuisant et souvent se brisalent au sortir du four. Les céréales cultivées de préférence étaient le froment et l'avoine. Le seigle et l'orge se semalent rarement seuls. D’ordinaire, ils étaient répan- dus conjointement avec d’autres graines, et l’on enten- dait par « mêlée » un mélange composé de froment, de seigle, d'orge, d'avoine, de pois et de vesces. Parfois, le froment et le seigle étaient supprimés de ce mélange, En 1771, on ne cultivait plus le sarrazin à Nantey. Quant aux pois et aux fèves dont il existait de nom- breux champs, ils se semaient habituellement ensemble. Mondés et cuits dans du lait, le millet et le panis four- nissaient une excellente bouillie, mais dès le commen- cement du xvire siècle, ils furent peu à peu évincés par le blé de Turquie, et les gaudes devinrent, au siècle suivant, la base de l'alimentation quotidienne des habitants de notre région. Quant à la pomme de terre, elle ne fut vraiment admise en Franche Comté qu'après la Révolution. Elle était réputée malsaine. Cependant, dès 1770, on en rencontrait quelques pieds ans les champs de maïs de Nantey. La betterave ne fût pas, semble-t-il, introduite avant le xrx° siècle dans la con- trée de Saint-Amour. Observez que trois des cantons de Nantey prouvent par leur dénomination que le sarrazin, les lentilles et le safran y furent cultivés à une date antérieure au xviri® siècle.
Dès avant le xin°, les pentes occidentales du Rever- mont étaient parsemées de vignes. Il y en eut aussi dans la suite sur le territoire de Nantey, témoin le lieu dit « aux Vignettes » et la grande cave voûtée du manoir
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de Vessia, mais le terrible hiver de 1709 en détruisit la plus grande partie. Toutefois, il en existait encore à Vessia en 1716, peut-être même en 1758, mais elles avaient tout à fait disparu de ce lieu en 1779, et pour- tant à cette date, et postérieurement, on en trouvait à Andelot, à Thoissia et à Sénaud. Il est vrai que la culture de la vigne‘fut entravée par l’arrêt du Conseil du Roi de 1731 qui interdit de planter ou de replanter des vignes dans tout terrain pouvant produire des céréales. L'eau était donc la boisson ordinaire des habitants (1). Le café, connu en France depuis le milieu du xvri* siècle, coûtait encore trop cher (55 sols la livre en 1744, 24 sols en 1785) pour que l'usage s’en répan- dit dans le peuple, et le miel remplaçait le sucre -dont le prix.était également élevé (de 18 à 24 sols entre 1782 et 1789). À Nantey, on entretenait de nom- breuses ruches, principalement à cause de la cire qui se vendait bien, puisque, en 1770, un cierge d’une livre coûtait 38 sols. L’huile des noyers, fort nombreux à Nantey au xvirr® siècle, servait tout ensemble à la nourriture et à l’éclairage. Toutefois, dès avant 1768, on y faisait de l'huile de navette.
Après le traité de Nimègue (1678) par lequel la Franche Comté fut annexée à ‘a France, les salines de cette province passèrent naturellement du domaine de la couronne d’Espagne dans celui de la couronne de France. Jusqu’alors une ration de sel proportionnée au nombre et à la consommation des habitants avait été accordée tous les ans en franchise, c’est-à-dire cxempte de tout impôt, par le roi d’Espagne aux villes, bourgs
(1) Le vin s'achetait à la queué (477 litres), au muid (318 litres), au tonneau (238 litres), à la feuillette (119 litres), au quartaut ou quarril {80 litres) et au barral (64 Hitres). Dans les bonues années, le tonneau de vin de Coligny ou de Saint-Amour valait
9 ou 10 livres, mais dans les années très mauvaises, par exem- ple en 1789, son prix s'élevait à 50, 60 et même 70 livres,
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et communautés de Franche-Comté. Les Franc- Comtois ne payaient donc que les frais d'extraction, de manipulation et de transport de ce sel appelé sel d’ordi- naire. Mais, à partir de 1680, le roi de France frappa d'impôts toujours croissants non seulement le sel d’ex- traordinaire (ou de Rosières), c’est-à-dire celui que les habitants pouvaient se procurer à l’entrepôt en sus du sel d'ordinaire, mais encore ce dernicr qui, par suite, doubla presque de prix de 1680 à 1789, année où il se vendait 7 sôls 6 deniers les trois livres. Le sel d’extraordinaire coûtait environ deux fois plus que l’autre. En 1767 68,une ration de 264 pains de sel, du poids de 3 livres chacun, fut accordée a ux 50 feux de la communauté de Nantey. Quatre ménages de ce lieu (dont l’un se composait de 6 personnes) s’en privaient complètement ; 20 ménages n'en consommaient qu’un ou deux pains par an, et 8 que trois ou quatre. Il y avait un entrepôt de sel d'extraor- dinaire à Saint-Amour et un autre à Saint-Julien. Quant au tabac, il était débité aux particuliers par des marchands installés dans les villes et bourgs, et autorisés à faire trafic de cette denrée fournie par le Roy. À Nantey, personne ne fumait au xviri siècle et il est probable que très peu de gens prisaient, car la livre de tabac en poudre se vendait 72 sols en 1785. Pendant la belle saison, le bétail était assez nom- breux à Nantey, mais en général, il était maigre, car les prairies naturelles étaient peu étendues et, comme les prairies artificielles n’existaient pas encore, il n'avait pour nourriture que ce qu'il trouvait dans les landes, dans les bois et dans les champs après l'enlè- vement des récoltes. L’insuffisance du fourrage obli- geait les laboureurs à se défaire d’une grande partie de leurs bêtes au commencement de l’hiver (1). En
(1) De 1780 à 1789 une paire de bœufs valait de 150 à 270 livres, et une vache de 35 à 100 livres. Le prix d'un rRouon était communément de 2 livres 45 sols,
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1688, le bétail des 16 feux de Nantey se composait de 36 bœufs, 16 vaches, 2 veaux, 3 chevaux et 2 -poulains. En 1764, on comptait dans ce village 48 bœufs et 12 taureaux. Sept ménages, parmi lesquels étaient ceux ‘qui cultivaient les terres du marquis d’'Andelot, des Visitandines et des Augustins, avaient chacun 4 bœufs- ou taureaux ; 16 autres ménages en possédaient 2. Comme la communauté se composait alors de 58 feux de gens mariés et de 7 feux de filles ou de veuves, il y avait donc 42 ménages qui n’avaient ou point de bétail ou simplement une vache et quelques moutons et qui, par conséquent, devaient cultiver leurs héritages à la pioche, champs qui d’ailleurs n'étaient pour la plupart que des parcelles de communes. En 1790, on comptait, à l’époque des semailles, dans les 56 ménages de la communauté de Nantey, 44 bœufs, 18 taureaux, génis- ses ou veaux, 50 moutons et seulement 11 charrues. Il n’y avait ni chevaux, ni chèvres et, pour ainsi dire, | pas de porcs. On n'élevait aussi que peu de poules et de poulets. On sait que, en ce temps-là, le blé était la principale source de profits pour le laboureur ; l’étable et la basse-cour ne rapportaient guère puisque, dans les boucheries de Saint-Amour, la viande se vendait de 4 à 6 sols la livre et que, au marché, l’on pouvait sou- vent avoir pour la même somme soit un poulet, soit une douzaine d'œufs, soit même une livre de beurre. Les avantages que les paysans retirèrent de la Révo- lution leur permirent d'augmenter considérablement leur bétail. En janvier 1793, les étables de Nantey renfermaient 88 bœufs, 50 vaches, 24 taureaux ou génisses et 150 moutons. Notez que, avant la Révolu- tion, ilétait interdit aux habitants de‘ mener paître leur bétail séparément. Chaque communauté devait avoir un pâtre qu'elle choisissait et rétribuait. Dans la belle saison, il rassemblait en un endroit fixé le bétail des
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habitants et de là il le conduisait soit dans les pâtis communs, soit dans le canton de bois désigné par le juge RC Sur les 56 ménages qui existaient à Nantey en 1790,
quatre étaient des ménages de journaliers et plusieurs autres qui ne récoltaient pas de quoi vivre travaillaient pour leurs voisins. En 1776, on comptait à Nantey 6 valets et 8 s2rvantes ; le curé avait deux servantes ; le granger du marquis à Vessia, un valet et deux ser- vantes. Mais, en 1790, ces 14 domestiques étaient réduits à trois, dont deux mâles employés par le curé (1). Ajoutons qu’on trouvait ordinairement à Nantey trois ou quatre artisans, savoir un charron, un tisserand, un maréchal ferrant et un tailleur d’habits (2). Un cabaret s’y rencontrait presque toujours, bien qu'il fût défendu de donner à boire aux habitants du village, ainsi qu'aux étrangers n'étant pas éloignés d’au moins une lieue de leur résidence, et bien que les danses, jeux et assemblées publiques fussent interdits le jour de la fête patronale, ainsi que dans la huitaine précédant ou suivant celle-ci. D’autre part, beaucoup de cultiva- teurs se changeaient, pendant l'hiver, en carriers, en maçons, en bûcherons et en chanfourniers.
(1) De 1780 à 1789, le valet du curé de Nantey recevait de 36 à 40 livres de gages par an, et sa servante de 30 à 46 livres, La journée d'homme pour les travaux des champs, notamment pour la fenaison et la moisson, se payait 10 ou 12 sols ; celle d'un batteur en grange pendant l'hiver, 7 sols Le salaire des femmes était de 6 à 8 sols par jour. Il va sans dire que tous ces ouvriers recevaient, en outre, la nourriture.
(2) La journée de ce tailleur était de 15 sols quand on le nourrissait. Celle d’une tailleuse n’était que de 10 sols, En 1789, il faisait payer 3 livres 10 sols pour la façon d'un habit, 35 sols pour celle d’une culotte, 25 pour celle d’un pantalon, 30 pour transformer un habit'en veste, enfin 25 pour la façon d’un jupon et d’un corset de femme.— Les maçons, charpentiers et menui- siers recevaient, outre la nourriture, 12 ou 15 sols par jour ; les couvreurs et les tailleurs de pierre, 18. | |
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Les laboureurs de Nantey ne vendaient un de leurs champs qu’en cas d'extrême nécessité. Encore ne le vendaient:ils habituellement qu'avec faculté de rachat temporaire ou même perpétuel, Le plus souvent, il était rachetable dans 2, 4 ou 8 ans, et pour le recouvrer l'ancien propriétaire n'avait qu’à rembourser au nou- veau le prixde la vente avec les accessoires légitimes. Durant le temps où le rachat pouvait s'effectuer, le vendeur et l’acquéreur fournissaient d'ordinaire chacun la moitié des semences et des engrais et se partageaient le grain récolté. La paille appartenait au vendeur, mais 1l devait labourer, semer, moissonner, faire battre, et payer une partie des impositions. Le cens et le reste des impositions étaient à la charge de l’acqué- reur. Notez que, dans tous les contrats de vente ou : d'échange de fonds, il est fait mention d'une certaine dépense allant de 12 sols à 3 livres et supportée par l'acheteur « pour vin bu ensemble ». Vers 1725, la mesure (environ 9 ares) de bonne terre valait de 10 à 20 livres ; elle était estimée 60, 80 et même plus de 100 livres entre 1775 et 1789. |
Au xvrn* siècle, comme dans les siècles antérieurs, les enfants parvenus à l’adolescence aimaient à conti- nuer d'habiter avec leurs parents et, quand ceux-ci étaient morts, à continaer de vivre ensemble des fruits de l'héritage laissé indivis. Les expressions « père et fils communiers, frères communiers » reviennent fré- quemment dans les actes que nous avons eus sous les yeux La puissance paternelle était très forte et très étendue. Les fils, quel que füt leur âge, qu'ils fussent mariés ou non, qu'ils habitassent ou non sous le toit paternel, qu'ils mangeassent leur propre pain ou celui de leur père, ne pouvaient faire aucun contrat d'aucune sorte sans la permission de celui-ci, à moins qu’il ne les eût émancipés, ct l’on appelait « fils ou fille de
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famille » tout enfant majeur ou mineur vivant sous l'autorité de son père. L'émancipation était prononcée avec beaucoup de cérémonie, Au jour fixé, le père ef le fils se rendaient en la Chambre de l’Auditoire de la Justice du marquisat d’Andelot où étaient assemblés le juge, le procureur d'office et le greffier de ladite Justice. Le fils présentait d’abord sa reqüête au juge» puis s’agenouillant tête nne et mains jointes devant son père, 1l le priait de consentir qu’il fût émancipé. Le juge demandait alors à celui-ci si son fils avait une bonne conduite et s’il l’estimait capable de gouverner sa personne et ses biens. Sur la réponse affirmative du père, et ouïes les conclusions du procureur d'office, le juge autorisait enfin l’émancipation en signe de laquelle le père donnait un léger soufflet à son fils, lui séparait les mains et le relevait.
La célébration d'un mariage était toujours précédée d’un contrat passé par devant notaire. Tous les contrats de mariage du xviri° siècle que nous avons lus renfer- ment les clauses suivantes : « Lés futurs époux seront uns et communs en tous acquêts et conquêts qu'ils feront de meubles et immeubles pendant leur société conjugale. Toutes successions directes ou collatérales accroitront à celui à qui elles écherront et chacun d’eux payera ses dettes de son bien propre ; et si pendant
leur société il en est acquitté, elles seront réputées
faire acquêt pour une moitié en faveur de celui qui ne s’y trouvera pas obligé ». Comme habituellement les parents du jeune homme se réservaient jusqu’à leur mort la jouissance et l’usufruit de tout leur avoir et s’en faisaient donation mutuelle et réciproque au dernier survivant, le futur se mariait simplement « pour sa part de succession dans leurs biens, à leur décès, laquelle serait égale à celle du mieux partagé de ses frères et sœurs ». Dans les cas rares où le père cédait
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de son vivant ses terres à son fils, il s’en réservait la
moitié des fruits, sa vie durant. Mais, en revanche, les
parents du futur s’obligeaient d’ordinaire à recevoir les nouveaux époux sous leur toit et à les y nourrir et entretenir, ainsi que les enfants à naitre. La dot en nature apportée par la jeune fille se composait en général d'une vache, d’une armoire renfermant son linge.et ses vêtements, de courtines, d’un certain nom- bre de draps de lit, d’aunes de toile ou de livres de filasse, enfin d’une robe de noces en drap valant de 12 à 18 livres. A la dot en nature s’ajoutait le plus souvent une dot en argent montant parfois jusqu’à 500 livres. Le futur ne se bornaït pas toujours à offrir à la future son anneau de mariage. Il lui faisait quelquelois présent de « divers joyaux, d’une robe, d’un devantier et d’un manchon, le tout valant 30 livres » (Nantey, 17833). Enfin, on lit dans tous les contrats que les nouveaux époux se donnent l’un à l’autre, en cas de survie, telle et telle somme, et la donation faite par le mari (ordi- nairement 100 ou 200 livres) est toujours deux fois plus élevée que la donation faite par l'épouse.
Quant aux testaments, ils ne présentent guère qu’une particularité intéressante. Le testateur n'oublie jamais de spécifier qu’il devra être célébré, après sa mort, 30, 60, 120 et même 150 messes pour le repos de son âme. Le peu d'étendue du domaine de la cure de Nantey et la pauvreté de la Fabrique montrent que les fondations obituaires étaient très rares. |
La foi était profonde et naïve. Le bénitier de pierre de chaque chambre à coucher et les croix élevées ça et là par des particuliers le prouvent encore mieux que les testaments. On ne craignait pas de laisser seuls à la maison les enfants au berceau pour assister aux offices du dimanche ou aux diverses processions et quiconque pouvait marcher se rendait aux fêtes religieuses d’alen-
tour, notamment à celle de saint Taurin, à Gigny, le » septembre, et à celle de saint Garadoz, à Laubespin, le lundi de la Pentecôte. |
Il n’exista jamais d'école à Nantey avant 1790, car d’un côté la communauté trouvait trop onéreux de payer les gages d'un maître (de 125 à 150 livres par an), et d'un autre côté les parents hésitaient à débourser eux- mêmes quelques sous par mois pour faire instruire leurs enfants. La majeure partie de la population était donc illettrée. En 1718, sur 22 hommes assemblés, 4 seule- ment savaient écrire leur nom ; en 1787, il y en avait 8 sur 26. Les gens de Nantey qui avaient quelque instruc- tion l’avaient reçue soit de leur curé, soit d’un maître d'école des environs, car il y en avait un à Epy en 1721 et à Andelot en 1771. |
Si les habitants de Nantey étaient ignorants, ils étaient en revanche très superstitieux, mais il serait trop long de rapporter leurs étranges croyances ainsi que les moyens magiques dont ils se servaient, princi- palement pour délivrer leur personne; leur famille et leurs biens’ du malheur présent et les garantir du malheur à venir (1). Du reste, ces croyances et ces moyens étaient les mêmes dans toute la région, excepté cependant que les gens de Nantev invoquaient contre les maladies du bétail sainte Foy, à qui l’un des autels de leur église était et est encore dédié. Comme diver- ses éruptions et inflammations sont appelées vulgaire- ment feux et que le mot feu se dit fouâ en patois, ils
(1) Durs et serrés pour eux-mêmes et les leurs, les paysans ne se décidaient à appeler le médecin que quand. ils avaient consullé inutilement les bonnes femmes et les rebouteurs et ne savaient plus à quel saint se vouer. En 1766, le chirurgien Antoine Brossette, de Saint-Amour, demandait 3 livres pour se rendre à Nantey et s’il faisait une saignée ou donnait un remède, sa visite revenait à 4 livres 13 sols. La réduction d'une fracture de la jambe coûtait 30 livres.
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jugeaient que la sainte avait un pouvoir particulier sur les maladies portant le même nom qu’elle. — Thoissia passait pour un repaire de sorciers, mais Nantey n’en était pas exempt et la crainte qu'ils inspiraient se manifestait par d’inquiétants récits : « Un sorcier dont, par prudence, je ne dirai pas le nom avait dans sa chambre une peau de loup. qu’il endossait quand 1l vou- lait aller à quatre pattes au sabbat. Certain jour, un jeune valet entra chez lui, ne le trouva pas et s’amusa, en l’attendant, à jeter cette peau sur ses épaules. Quelles paroles magiques furent alors prononcées par le sorcier et en quel endroit ? On ne le saura jamais. Toujours est-il que ce domestique disparut. Trois ans plus tard, l’ancien maître de celui-ci revenait du bois avec une charrette de fagots quand il s’aperçut qu’un loup le suivait. Cela lui était déjà arrivé plusieurs fois ; aussi ne s’en sou- _cia-i-il point. Cependant, au moment où il arrétait ses bœufs devant sa grange, il vit que l’animal avait per- sisté à l'accompagner et, comme il était d’une maigreur extrême, l’homme eut pitié de lui et cria à sa femme : « Jette-lui done un morceau de pain ! » Elle obéit, mais parce que le pain contenait les gouttes d’eau bénite qu'on y verse habituellement, le loup se changea soudain en un garçon et c'était justement Le valet dont personne n'avait pu expliquer la disparition. 5 Nous terminerons sur cet écho du vieux temps, que nous a fait entendre un ancien de Nantey, l’histoire de ce lieu, de Vessia et d'Ecuiria. X. BRUN.
Au châtelet de Nantey, 1920-24.
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Original from
UNIVERSITY OF GEORGIA
ÉMILE LONGIN
| UNE STATISTIQUE INÉDITE
DE LA
FRANCHE-COMTÉ
(4 688)
(DEUXIÈME PARTIE)
Original from
‘ Digitized by Google UNIVERSITY OF GEORGIA
UNE STATISTIQUE INÉDITE
FRANCHE-COMTÉ (1636)
(Suite. et fin)
_ Ceci amène Tissot à parker des villes : il y en a, dit-il, plus de quarante ceintes de murs, agréables et médiocre- ment peuplées : enrichies par leurs foires et leur commerce, elles ne sont qu’à sept lieues l’une de l’autre. Il ne nomme d’ailleurs qu'un certain nombre d’entre elles, car ce n’est pas un voyage qu'il entreprend dans la province à l’exem- ple de Gilbert Cousin, peignant comme celui-ci d’un trait rapide les centres habités qu’il rencontre (1).
_ Au cœur de la province est la - ville impériale de Be- sençon, eutrefois dite Chrysopolis (2) ; antique métropole connue de toute l'Europe, elle n’est qu’à sept milles de sept autres villes. Tout le commerce de la Bourgogne y
{1) Gilbert Cousin ne s’étend guère que sur sa ville natale, Nozeroy, à laquelle il ne consacre pas moins de vingt-six pages. La forme de voyage à travers la province est aussi celle qu’a adoptée H. Boucxuor, La Franche-Comté (Paris, 1890, in-8°),
(2) V. A. CASTAN, Origine du nom de Chrysopolis donné à la ville de Besançon à partir du I X® siècle, dans les Mémoires de la Société d’ému- lation du Doubs, année 1889, p. 416.
— id — afflue; les collines environnantes sont couvertes de vignes : sa propreté tient à ce qu'on jette dans le Doubs, qui la traverse, les immondices de toute sorte (1).
Les autres sièges de justice sont Salins, Dole, Gray, Vesoul, Baume, Lons-le-Saunier, Orgelet, Arboiïis, Pon- tarlier, Ornans et Quingey. En dehors de celles-ci, il y en _a beaucoup d’autres entourées de mursilles à l’antique ; les rues en sont larges, les places pavées de cailloux. Salins tiendrait le premier rang, si